Le chef de l’État congolais, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, a regagné Kinshasa le 1er juillet 2021, au terme de plus de trois semaines de mission, pendant lesquelles il a séjourné dans l’est de son pays. L’objectif premier a été de réconforter les populations sinistrées de Goma, au Nord-Kivu, victimes de l’irruption du volcan Nyiragongo, survenue le 22 mai 2021, ainsi que de l’Ituri qui, elles, sont confrontées à l’insécurité persistante due aux activités des groupes armés.
Au cours de son marathon dans les deux provinces, où un état de siège est d’ailleurs décrété depuis le 3 mai, le président Tshisekedi a rencontré les diverses couches de la population, aussi bien à Goma, à Beni et Butembo dans le Nord-Kivu, qu’à Kasindi et Bunia en Ituri.
L’occasion était propice de débattre autant avec les autorités locales qu’avec le commun des citoyens congolais, jusqu’aux écoliers, des situations particulières qu’ils vivent sur fond d’insécurité permanente.
Des contacts tous azimuts avec les présidents des pays voisins
Au-delà de sa visite de réconfort aux populations congolaises de l’est, le président Tshisekedi a profité de l’occasion pour dialoguer avec ses pairs des pays frontaliers de la RDC dans sa partie est, question de faire taire les armes et passer au cap du développement. À cet effet, il a rencontré les présidents Yoweri Museveni de l’Ouganda, Paul Kagame du Rwanda et un émissaire du président du Burundi.
Rénovation des routes reliant le Congo et l’Ouganda
Avec Yoweri Museveni, les pourparlers ont tourné autour des préoccupations sécuritaires mais aussi économiques. À cet effet, les deux chefs de l’État ont lancé les travaux de modernisation des routes reliant leurs pays.
Il s’agit des axes allant de Mpondwe, en Ouganda, à Kasindi et Beni, long de 84 km ainsi que Beni-Butembo (54 km).
Le troisième, un peu plus au nord, part du poste frontière ougandais de Bunagana à la ville de Goma, en passant par la cité de Rutshuru, soit au total 94 km.
Le financement du projet, dont le montant global n’est pas encore communiqué, s’effectuera dans le cadre d’un partenariat public-privé impliquant une société indienne opérant en Ouganda, qui prendra en charge 60% des travaux, les 40% autres étant équitablement répartis entre la RDC et l’Ouganda.
Pour les observateurs, il s’agit là d’un pas important dans la normalisation des rapports avec ce voisin, souvent montré du doigt pour sa participation active dans l’insécurité dans l’est du Congo. Ces projets permettent également de saisir l’opportunité qu’offre la rénovation des ces voies d’accès pour l’exportation des produits congolais vers l’Ouganda et ceux de ce pays vers les villes congolaises, notamment les matériaux de construction et les produits manufacturiers.
Trois accords commerciaux signés avec le Rwanda
Au cours de son séjour, le chef de l’État congolais a également reçu, le 25 juin à Goma, le président rwandais Paul Kagame, après avoir accordé une audience au ministre burundais des Affaires étrangères, Albert Shingiro, porteur d’un message de son président Evariste Ndayishimiye, en prélude d’un mini-sommet RDC-Burundi.
Avec Paul Kagame, l’entretien a porté sur les dégâts causés par l’éruption du Nyiragongo et les secousses provoquées par le volcan jusqu’à la ville rwandaise de Rubavu, que les deux dirigeants ont visitée pour se rendre compte des stigmates, dont des fissures et des bâtiments détruits. Mais le clou de la rencontre des deux chefs d’État a sans nul doute été la signature, à l’Hôtel Serena de Goma, de trois accords de coopération.
Aux termes du communiqué sanctionnant les travaux des experts, tenus les 24 et 25 juin, le premier accord porte sur la promotion et la protection des investissements, tandis que le deuxième sur une Convention devant éviter la double imposition et de prévenir l’évasion fiscale en matière d’impôt sur le revenu.
Le troisième accord signé par les deux pays concerne un protocole de coopération entre la Société aurifère du Kivu et du Maniema (SAKIMA) ainsi que la Société DIHER du Rwanda, spécialisée dans le raffinage, et qui sera ainsi chargée de purifier l’or extrait en RDC.
« Nous avons perdu trop d’années »
Dans son adresse à cette occasion, le président Félix Tshisekedi a expliqué que « nous avons perdu beaucoup d’années à nous regarder comme des chiens de faïence. Le moment est venu de partager la paix, l’amour et des échanges fraternels et économiques entre les deux pays ».
Il convient de relever que depuis l’arrivée de Tshisekedi à la tête du Congo, il s’emploie à améliorer les rapports de son pays avec ses voisins. La RDC renforce sa présence dans les organisations sous-régionales telles que la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC) et la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC).
Dans la même optique, Kinshasa a présenté sa candidature au poste de secrétaire exécutif de la SADC et sollicité son adhésion à la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC). Ce qui permettrait au Congo, selon le président Tshisekedi, de booster son économie en bénéficiant des mêmes avantages douaniers que ses voisins.
Jean Cornelis Nlandu