Le sommet de Paris, tenu les 22 et 23 juin 2023 sur le Nouveau pacte financier mondial, a clos ses portes sans apporter un vrai changement dans le système de gouvernance internationale de la finance, du climat et des enjeux mondiaux.

Le sommet de Paris semble avoir accouché d’une souris. Les avancées espérées sont maigres : les 100 milliards destinés aux pays pauvres pour le climat ne sont toujours pas là, pas plus qu’un embryon de taxe sur le secteur maritime. La question de la dette progresse davantage, notamment en faveur de sa suspension en cas de catastrophe naturelle.

La République démocratique du Congo, pays solution en matière de lutte contre le gaz à effet de serre, a été représentée à ces assises par son Premier ministre Sama Lukonde et son ministre de la Communication et médias, Patrick Muyaya.

On le sait, les pays du Sud remboursent aujourd’hui cinq fois plus leur dette qu’ils n’investissent pour lutter contre la crise climatique. Il y’a une vraie asphyxie budgétaire des pays du Sud. Les chefs d’Etats et de gouvernements des pays du Sud ont voulu mettre cette question sur la table, mais elle a été totalement ignorée. Or, les dettes tuent les économiques des pays du Sud.

À titre d’exemple, l’année dernière, en 2022, les pays du Sud ont remboursé 300 milliards de dollar de dette. Les statistiques de la Banque mondiale montrent que 54 pays du Sud souffrent de la crise de la dette à travers le monde.

Parmi les principaux, on retrouve les 100 milliards de réallocation de Droits de tirage spéciaux (DTS) vers les pays les plus vulnérables – « en particulier en Afrique » –, « consacrés par un engagement formel » des États.
« Nous, Français, nous allons réallouer 40% de nos droits de tirages spéciaux, c’est du concret », avait assuré le président français sur RFI. Un « travail va se poursuivre dans les prochains mois » pour que les 39 milliards qui manquaient à l’appel « arrivent dans les caisses du FMI », a-t-il ajouté.

À ce sujet, une question technique reste en suspens : par où vont-ils transiter ? Vont-ils pouvoir être réallouer aux banques de développement, dont la réforme envisagée était un enjeu-clé de ce sommet ?

En attendant, « dix projets ont été négociés, plusieurs dizaines d’autres le seront dans les prochaines semaines », a annoncé Emmanuel Macron, sans autre précision.

En bref, quelques engagements pris lors du Sommet

À Hiroshima, Emmanuel Macron fait la promotion de son nouveau pacte financier mondial (Image : bfmtv.com)

Malgré un résultat largement mitigé, le Sommet de Paris a connu des avancées en termes d’engagements entre partenaires bilatéraux et multinationales, dont voici en bref les lignes principales :

  • Un large appel s’est fait entendre pour obtenir des résultats rapides et plus de clarté concernant le processus mis en œuvre dans le Cadre commun pour le traitement des dettes.
  • Les effets positifs du rachat de titres de dette privés comme moyen de débloquer des financements pour des projets bénéficiant au développement, au climat ou à la nature ont été soulignés et pourraient être soutenus par des principes de haut niveau pour guider et soutenir le déploiement de cet instrument. La Colombie, le Kenya et la France ont proposé la mise en place d’ici la COP28 d’un examen des questions liées à la dette, à la nature et au climat par des experts internationaux afin d’évaluer la capacité des pays à revenu faible et intermédiaire à préserver l’environnement, à s’adapter aux changements climatiques et à décarboner leurs économies. La Banque interaméricaine de développement a également appelé toutes les BMD à intensifier ces transactions. La Côte d’Ivoire et la France se sont convenues d’un contrat de réduction de la dette et de développement dans lequel 1,14 milliard d’euros de dette bilatérale ivoirienne sera converti en dons pour financer divers projets de développement, dont 72,1 millions d’euros consacrés à l’éducation. Dans un monde où les catastrophes liées aux changements climatiques sont plus fréquentes, nous avons besoin de filets de sécurité à l’échelle mondiale pour protéger les plus vulnérables et leur fournir des ressources financières adéquates lorsqu’ils en ont le plus besoin. De nouveaux progrès importants ont été accomplis dans cette voie.
  • Le Royaume-Uni, la France, les États-Unis, l’Espagne, la Barbade, le Groupe de la Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement ont lancé un appel à l’action aux créanciers bilatéraux, multilatéraux et du secteur privé pour proposer des clauses de suspension de la dette en cas de catastrophes naturelles, d’ici la fin 2025, et même d’ici la COP28 pour un groupe de précurseurs, de manière à ce que les pays emprunteurs disposent d’une marge de manœuvre budgétaire suffisante pour faire face totalement aux chocs.
  • Le Groupe de la Banque mondiale a annoncé le renforcement de sa capacité à aider les pays à se préparer aux crises et à y faire face, en apportant une aide supplémentaire pour développer la préparation aux crises, en concevant de nouveaux types d’assurance pour fournir des filets de sécurité pour les projets de développement et en renforçant la flexibilité pour permettre aux pays de réallouer des financements à la riposte d’urgence en cas de crise.
  • 270 millions d’euros ont été mobilisé pour soutenir le bouclier mondial contre les risques climatiques dans les pays vulnérables aux changements climatiques ; 2,9 milliards d’euros de financements concessionnels de plus, mobilisés par les banques multilatérales de développement (BMD) et d’autres acteurs, ainsi qu’environ 5,1 milliards d’euros de capacités privées de gestion des risques, sont attendus.
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