Accueil Actualité Le député Édouard Mwangachuchu, un personnage controversé

Le député Édouard Mwangachuchu, un personnage controversé

Le procès Édouard Mwangachuchu, du nom de ce député jugé en flagrance pour « trahison et détention d’armes de guerre », continue de faire l’actualité devant la Haute Cour militaire de Kinshasa.

Le député national congolais, élu du territoire de Masisi dans la province du Nord-Kivu pour le compte du CNDP, ancien mouvement rebelle mué en parti politique, cumule bien plus de griefs encore, allant de « participation à un mouvement institutionnel, liens avec l’ennemi, incitation des militaires à commettre des actes contraires au devoir et à la discipline » à « détention illégale de munitions de guerre ».

Son procès continue de défrayer la chronique politico-judiciaire entre ceux qui l’accusent d’être de mèche avec la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda, et ses partisans dont ses avocats, qui ne cessent de clamer au complot.

À l’audience du 11 avril à la prison militaire de N’dolo, où il se trouve détenu, Édouard Mwangachuchu a une nouvelle fois réfuté toutes les charges qui pèsent sur sa personne.

« Je suis un homme intègre. Je suis congolais d’origine », a-t-il déclaré face au ministère public qui l’accuse entre autres d’accointance avec le régime de Kigali et de faire partie de la diaspora rwandaise en RDC.

Un brasseur d’affaires

En dehors de sa casquette d’élu national, l’accusé est aussi connu comme un véritable brasseur d’affaires. À la tête d’un empire immobilier à Kinshasa, à Goma, aux États-Unis et, selon l’acte d’accusation, à Kigali au Rwanda, il est aussi propriétaire d’une ferme et d’une laiterie dans le Masisi, au Nord-Kivu.

Mais il est surtout connu comme le propriétaire de la Société minière de Bisunzu dans la localité de Rubaya, toujours dans le territoire de Masisi, où il exploite de manière industrielle le coltan.

Dans certains milieux à Kinshasa, on lui colle la réputation d’un homme au bras long, en raison notamment de son carnet d’adresses qui serait aussi épais qu’un dictionnaire.

Le ministère public s’appuie notamment sur des caches d’armes qui auraient été découvertes en février dernier dans sa résidence de Goma, par une milice locale. Une version que conteste ses avocats qui parlent plutôt d’un « montage grossier ».

Selon ces derniers, leur client serait victime du conflit qui oppose, depuis 2019, la société SMB à la Coopérative minière Cooperama, qui exploiterait de manière illicite des minerais dans la concession de SMB.

Le coffre-fort qui enfonce l’accusé

Contrairement à Édouard Mwangachuchu qui est de l’ethnie tutsi, les principaux responsables de la Cooperama se trouveraient être d’extraction hutu, et se serviraient d’une milice locale, connue sous l’appellation de Nyatura, pour la protection de leurs activités au sein de la concession SMB.

Dans une région trouble où sévissent des milices armées à connotation tribale, et où les intérêts économiques s’entremêlent souvent avec des revendications politiques aux contours flous, il paraît déjà difficile pour la justice congolaise de démêler le vrai du faux.

En tout cas à l’allure où le dossier évolue, surtout avec la masse de pièces à conviction tirées du coffre-fort de l’accusé, qui était trouvé à son domicile lors d’une perquisition puis gardée à la Banque centrale, – onze passeports trouvés et des milliers de documents compromettants – on est convaincu que l’affaire n’a pas encore livré tous ses secrets, et que ce procès dit « en flagrance », risque de conduire à des ramifications encore plus tentaculaires. Bien mal celui qui, à ce stade, peut présager du dénouement. Wait and see.

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