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L’association flamande des relations internationales se penche sur l’avenir de la démocratie au Congo

L’ancien ministre belge Mark Eyskens. À sa gauche Roger Mazanza, directeur de l’ACP, et à droite, David Mputu, attaché de presse de l’AmbaRDC à Bruxelles

L’association flamande des relations internationales (VIRA) est une structure de réflexion dirigée par M. Johan Swinnen, qui a été ambassadeur de la Belgique à Kinshasa. C’est donc en droite ligne des affinités entre la Belgique et la République démocratique du Congo qu’une conférence a été organisée, le mardi 27 mars dans la capitale belge, sur la  » Démocratie en RDC : quel avenir « .

C’était par ailleurs dans la logique des choses que ce soit à l’ambassadeur de la RDC au Benelux et auprès de l’Union européenne qu’échoit l’honneur de disserter sur le thème. Pour le Pr Christian Ndongala Nkuku, il y a bien un avenir pour la démocratie en République démocratique du Congo, a-t-il tenu à affirmer d’emblée lors de son exposé. « Mais cet avenir est à penser comme un « à venir «, une marche dont on connaît le point de départ, on s’efforce de construire le parcours et, avec foi et détermination, on désire l’aboutissement », a-t-il expliqué.
Le chef de la diplomatie congolaise à Bruxelles a souligné que la démocratie, perçue comme forme de gouvernement dont la souveraineté émane du peuple, implique le respect des libertés publiques et rime avec élection, mais alors libre, transparente et équitable. À ce sujet, le conférencier a précisé ses propos en revisitant l’évolution historique de la démocratie en RDC, marquée par un double processus : discontinu de 1957 à 2002, et continu depuis cette période.
De l’avis de l’ambassadeur Christian Ndongala, au courant de la séquence discontinue, la démocratie en RDC a été « largement et fortement menacée par des ruptures qu’ont causées les rébellions et les conflits divers. La démocratie est alors apparue comme un parcours en dents de scie : chaque avancée de la démocratie étant suivie d’une période d’instabilité ».

L’émergence d’un «homme fort» et l’instauration de «la loi du plus fort»

Aussi dans ce contexte, les efforts démocratiques entrepris en RDC ont toujours été ralentis par des sécessions, des guerres, des rébellions et des manifestations violentes, qui ont conduit à l’émergence d’un homme fort qui va suspendre la loi fondamentale, à savoir la Constitution, et réduire les libertés individuelles. Cet homme fort est allé jusqu’à changer même le nom du pays comme sa monnaie, et proposer sa vision personnelle comme mode de fonctionnement de l’État. « On a ainsi l’émergence de la loi du plus fort plutôt que de la force de la loi », a fait remarquer le conférencier.
En ce qui concerne le processus continu, le parcours débute avec la signature de l’Accord global et inclusif de Sun City, en décembre 2002.
En prélude de ce cycle se situent les négociations vers une paix durable en vue de la restauration de la démocratie. C’est ainsi qu’à partir des élections de 2006, on n’assiste plus à des cycles de démocratie et conflits mais à des élections avec des limites (protestations, contestations des résultats, manifestations, irrégularités).
Pour le diplomate congolais, la continuité du processus démocratique dépend aujourd’hui de la fin définitive de la guerre que mène le Rwanda contre la RDC.
« Nous voulons réellement continuer notre marche démocratique et consolider nos acquis. La guerre actuelle dans l’Est de mon pays est un signe avant-coureur qui doit nous mobiliser tous, Congolais et nos partenaires internationaux », a-t-il insisté.

Willy Claes : « Monsieur Kagame est un bandit »

Au cours des échanges qui ont suivi, les questions ont surtout tourné autour de la corruption et de la guerre dans l’Est de la RDC. À cette occasion, M. Mark Eyskens, ancien ministre belge des Affaires étrangères, a estimé que l’on peut considérer la démocratie comme un échec lorsqu’elle ne peut pas, à moyen terme, résoudre les problèmes socio-économiques des populations.
Pour sa part, parlant de l’instabilité dans l’Est de la RDC, M. Willy Claes, également ancien ministre belge des Affaires étrangères et ancien secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), a déclaré que « Monsieur Kagame est un bandit », avant de lui a imputer la responsabilité du génocide de 1994 au Rwanda et de la guerre au Congo.
Il a saisi l’occasion pour appeler la communauté internationale et particulièrement les pays anglo-saxons à cesser de soutenir cet homme.
L’ambassadeur Christian Ndongala a profité de l’opportunité pour dénoncer une fois de plus l’accord signé entre l’Union européenne et Kigali sur les minerais stratégiques. Quant à la guerre d’agression du Rwanda contre la RDC, il a demandé à l’UE de passer de la simple dénonciation à la prise des sanctions contre Kigali, notamment la suspension d’octroi de visas et le blocage de comptes des personnalités responsables des atrocités.
Pour sa part, M. Johan Swinnen, président de VIRA, tout en relevant les « difficultés de cheminement » de la démocratie en République démocratique du Congo, a rassuré que « la confiance en l’avenir de la RDC reste intacte en Belgique ».

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