Les difficultés de recherche de capitaux trouvent leurs causes tant du côté de l’offre que de la demande. Les PME africaines sont en effet perçues par les institutions de crédit comme des structures à risque : peu résilientes, fragiles en termes d’activité, de solvabilité et de gestion.
Les institutions de microfinance et les banques commerciales ne prennent pas non plus en compte les besoins spécifiques de ces entreprises, tels que la flexibilité de structuration des produits financiers, la simplicité et la clarté des conditions de prêt et l’étude personnalisée de leur capacité de remboursement, selon l’agence Ecofin. En effet, l’accès au financement représente la principale contrainte rencontrée par les PME d’Afrique subsaharienne.
Trois raisons poussent les acteurs du financement à éviter ces contreparties : un coût du risque surévalué, des coûts de transaction élevés et une insuffisante sécurisation des crédits. Le développement du financement des PME semble en grande partie dépendre de la capacité des acteurs privés à développer des systèmes financiers plus adaptés. L’application des principes de la micro finance au financement des PME est certainement une voie porteuse de potentiel. De même, le développement de produits de crédit permettant aux prêteurs d’être mieux sécurisés, ainsi que la multiplication des fonds de garantie auraient également un impact très positif sur le financement des PME.
Besoin d’un accès accru au crédit bancaire
Un consensus général s’est dégagé sur le rôle clé que les petites et moyennes entreprises (PME) peuvent avoir sur la réduction de la pauvreté et la réalisation des Objectifs de développement du millénaire dans les pays africains. Afin de faire usage de leur potentiel, les PME ont besoin d’un accès accru au crédit bancaire. Les PME africaines n’ont historiquement pas accès au financement, et cela est susceptible d’être aggravée par les effets de la crise financière et économique sur le continent.
Des arguments économiques considérables plaident pour un soutien plus intensif aux PME africaines. L’aide au développement des PME en Afrique reste très fragmentée, avec plusieurs bailleurs de fonds et institutions financières de développement (IFD) qui mettent en œuvre de nombreux programmes pour les PME de manière non coordonnée. Une régionalisation du soutien et la mise en commun des ressources sont nécessaires pour éviter les doubles emplois et le manque d’efficacité, dans l’esprit de la Déclaration de Paris et du Programme d’action d’Accra. Le 1er juin 2012, lors des Assemblées générales annuelles de la BAD, qui se tenaient à Arusha en Tanzanie, Le Président du Groupe de la Banque africaine de développement (AfDB), Dr. Donald Kaberuka, a annoncé aujourd’hui le lancement officiel du Fonds Africain de Garantie (FAG), un système de garantie, en adéquation avec le marché, qui vise à faciliter l’accès au financement pour les petites et moyennes entreprises africaines.
Jean-Luc Konan, l’Ivoirien qui finance les PME Africaines
A mi-chemin entre microfinance et banque, la Compagnie financière africaine, créée par JeanLuc Konan, a accompagné depuis 2014 quelque 130 000 patrons de PME d’Afrique subsaharienne.
Sur le terrain, les réussites des PME se succèdent. Comme ce promoteur d’un célèbre marché de Dakar, âgé de 65 ans, à qui les banques refusaient de prêter à cause de son « grand âge » et qui remboursera son prêt Cofina par anticipation. Ou ce couple de jeunes restaurateurs ivoiriens, qui, à son retour des Etats‐Unis, a besoin d’un petit coup de pouce. Le voilà aujourd’hui, après plusieurs prêts du spécialiste de la « mésofinance », à la tête de trois des restaurants les plus courus d’Abidjan et d’un service traiteur, dont l’un des plus illustres clients n’est autre que l’Etat ivoirien. Des profils d’entrepreneurs et de PME très variés qui n’étonnent pas l’un des vieux amis français du PDG : « Jean‐ Luc, c’est un éclectique. Il s’intéresse à tout : la philosophie, la politique, le développement, et, surtout, l’art. »
Depuis le départ, Cofina a accordé plus de 300 milliards de FCFA de crédits à près de 130 000 clients (autoentrepreneurs et PME). En mars, le fonds privé Mediterrania Capital Partners a acquis 30 % du capital du groupe, pour un montant de 20 millions d’euros. De quoi financer l’expansion prévue et préparer une future introduction à la Bourse régionale des valeurs mobilières, la place financière commune aux huit pays de l’Union économique et monétaire ouest‐africaine. Rien qui soit de nature à impressionner Jean‐Luc Konan. « Il n’y a plus de raison pour que les Africains ne puissent pas bâtir leurs propres grands groupes, leurs propres multinationales, qui créeront de l’emploi et iront à la conquête du monde, estime le patron ivoirien. Le chemin sera long, il faudra peut‐ être deux ou trois générations encore pour le parcourir, mais la meilleure façon de ne pas y arriver, c’est de ne rien tenter. »
Source : Groupe Cofina
Séraphine Milla