Depuis l’explosion du port de Beyrouth en 2020, le Liban n’a pas pu résoudre la crise politique qui secoue le pays. Et, c’est Jean Yves le Drian qui s’improvise en pompier.

L’ampleur et la portée de la dépression délibérée dans laquelle est plongé le Liban conduisent à la désintégration des principaux piliers de l’économie politique libanaise de l’après‑guerre civile. En attestent l’effondrement des services publics les plus élémentaires, la discorde politique chronique et débilitante et la fuite massive des cerveaux. Parallèlement, les classes moyennes et pauvres, à qui ce modèle n’a jamais bénéficié, supportent l’essentiel du fardeau de la crise.

Selon la dernière note de conjoncture économique publiée par la Banque mondiale en 2021 et intitulée The Great Denial, l’élite libanaise, qui contrôle l’État de longue date et vit de ses rentes économiques, a plongé le pays dans une dépression « délibérée ». Cette situation persiste malgré la gravité de la crise, qui représente l’un des dix, voire des trois effondrements économiques les plus graves que le monde ait connus depuis les années 1850, au point de menacer la stabilité et la paix sociale du Liban à long terme.

Le modèle de développement économique de l’après-guerre, qui a prospéré grâce à d’importants apports de capitaux et au soutien international, en échange de promesses de réformes, est aujourd’hui en faillite. Qui plus est, cet effondrement se produit dans un contexte géopolitique fort instable.

La France s’érige en pompier

Avec Emmanuel Macron, la France continue d’avoir une politique active au Liban
(Image source : lanmedia.fr)

Selon les estimations présentées dans le rapport, le PIB réel devait diminuer de 10,5 % en 2021, après une contraction de 21,4 % en 2020. De fait, le PIB du Liban a chuté de 52 milliards de dollars en 2019 à 21,8 milliards de dollars en 2021, soit une baisse de 58,1 % — la plus forte contraction enregistrée parmi 193 pays. C’est dans ce contexte que la France se jette dans la gueule afin de trouver une solution.

L’envoyé spécial d’Emmanuel Macron au Liban, Jean-Yves Le Drian, a passé trois jours à Beyrouth où il a rencontré des responsables officiels, des personnalités politiques, militaires et religieuses et des diplomates. L’objectif est d’inciter les Libanais au dialogue pour faciliter l’élection d’un président de la République. 

Les Libanais sont divisés en deux camps : le premier, mené par le Hezbollah, soutient la candidature du leader maronite du Nord-Liban, l’ex-ministre Sleimane Frangié. Le second, dirigé par les partis chrétiens, appuie la candidature de l’ancien ministre des Finances, Jihad Azour.

La nomination de l’ancien ministre comme envoyé spécial d’Emmanuel Macron pour le Liban démontre que le président français a toujours la volonté d’agir au pays du Cèdre malgré l’absence de résultat de ses précédentes initiatives.

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