La Finlande a fermé son dernier poste-frontalier encore ouvert avec la Russie dans la nuit de mercredi 29 à jeudi 30 novembre, accusant Moscou d’orchestrer une « attaque hybride » en envoyant des migrants sans-papiers à la frontière.

Près de 1 000 demandeurs d’asile sans-papiers se sont présentés depuis début août à la frontière Est, longue de 1 340 kilomètres séparant la Finlande et la Russie, selon les autorités finlandaises.
« Le phénomène observé ces dernières semaines à la frontière doit cesser », a dit le Premier ministre Petteri Orpo la veille de la fermeture, notant que « la migration instrumentalisée en provenance de Russie s’est poursuivie ».
Helsinki avait fermé mi-novembre quatre de ses huit points de passage avec la Russie, avant de restreindre le passage à un poste-frontalier unique, le plus au nord du pays en zone Arctique.
« La Finlande est la cible d’une opération hybride russe. C’est une question de sécurité nationale », a souligné la ministre de l’Intérieur, Mari Rantanen. Les demandeurs d’asile devront demander une protection « aux points de passage frontaliers ouverts pour le trafic aérien et maritime », c’est-à-dire les ports et aéroports, selon un communiqué du gouvernement.
Cet afflux de migrants « est une activité organisée, pas une véritable urgence », selon le Premier ministre. « La facilité avec laquelle les migrants ont atteint le passage frontalier éloigné de Raja-Jooseppi est la preuve de cela », a-t-il ajouté.
« Ce n’est pas seulement le nombre d’arrivées qui est en cause, mais le phénomène lui-même », a déclaré M. Orpo.

Des relations gravement compromises

Les relations entre les deux voisins se sont considérablement détériorées depuis février 2022 et l’offensive russe en Ukraine, une attaque qui a conduit la Finlande, inquiète pour sa propre sécurité, à rejoindre l’Otan en avril 2023. Moscou avait alors promis de prendre des « contre-mesures » après cette adhésion.
Dès mi-novembre, le gouvernement finlandais avait envisagé de fermer sa frontière mais la mesure avait alors été jugée disproportionnée par l’autorité chargée du contrôle de la légalité des mesures gouvernementales.
La frontière peut être fermée complètement dans des circonstances exceptionnelles mais cette fermeture doit être proportionnée et les demandeurs d’asile doivent pouvoir déposer leur demande. Cette fermeture est « nécessaire et proportionnée », a assuré le gouvernement dans son communiqué.
Interrogé sur la prise en charge de migrants qui seraient laissés dans le froid devant les postes-frontières fermés, Orpo a répondu que « sans le changement de politique des autorités russes, ce phénomène n’existerait pas ».

Une clôture de 200 km en construction

La Finlande commence à construire une clôture à la frontière russe (Source : la page nordique/nord.news)

« Nous avons confiance dans le jugement des gardes-frontières et leur capacité à répondre aux différentes situations », a assuré le Premier ministre finlandais. Pour sa part, la ministre de l’Intérieur a souligné que les migrants avaient « la responsabilité de décider ou non de venir à la frontière ».
Anticipant le recours de Moscou à la pression migratoire, la Finlande a commencé à construire une vaste clôture sur 200 km, mais qui n’est achevée que sur trois kilomètres.
Orpo a dit souhaiter que la situation avec la Russie se normalise « le plus vite possible ». « C’est dans l’intérêt de tous, dont la Russie », a-t-il ajouté.

Suisse : Mauvaise nouvelle pour les demandeurs d’asile

La Suisse pilote un projet qui prévoit de réduire le nombre de demandes d’asile en provenance du Maroc, de la Tunisie, de l’Algérie et de la Libye dans le cadre d’une procédure rapide.
Elisabeth Baume-Schneider, ministre suisse de la Justice et Police entend œuvrer pour le désengorgement du système d’asile à travers l’accélération du traitement des demandes vouées à l’échec. Elle a dans ce sens initié un projet pilote qui prévoit des procédures express pour les migrants en provenance du Maroc, de Tunisie, d’Algérie et de Libye.
Le projet est mis en œuvre à Zurich depuis quelques jours. L’essai pilote durera jusqu’à la fin du mois de février 2024 et sera ensuite évalué. Il est question d’examiner les demandes d’asile des requérants d’Afrique du Nord en 24 heures.

À peine 2% des demandes sont acceptés

Alors qu’ils sont seulement 2 % à obtenir un statut de protection, ils représentent 22 % du total des procédures, excepté les Libyens qui sont, eux, admis au titre de réfugiés dans 10 % des cas.
Le faible taux d’acceptation s’explique notamment par le fait que des ressortissants d’autres pays d’Afrique du Nord citent faussement la Libye comme pays d’origine afin d’augmenter leurs chances d’être acceptés, justifie le Secrétariat d’État aux Migrations (SEM).
« L’objectif de cette procédure accélérée est d’envoyer un signal négatif aux personnes qui n’ont généralement aucune chance d’obtenir l’asile en Suisse », a déclaré le SEM à la radio publique suisse SRF. Selon l’Office suisse pour les réfugiés, il semble toutefois irréaliste de clarifier correctement les faits relatifs aux demandes d’asile dans un délai aussi court.
« On peut également se demander si les demandeurs d’asile peuvent parler de toutes les questions pertinentes dans les 24 heures, comme les expériences de violence ou d’exploitation, qui pourraient les rendre vulnérables.
Le risque de décisions incorrectes entraînerait à son tour davantage de plaintes et, en fin de compte, la procédure pourrait prendre plus de temps », a déclaré par courrier électronique le porte-parole Lionel Walter à SWI swissinfo.ch.
L’autre raison qui justifie l’accélération de la procédure pour certaines nationalités est le succès des tentatives précédentes visant à freiner les demandes d’asile.

Les bons résultats des procédures accélérées

Certaines ONG dénoncent des rapatriements forcés depuis la Suisse (Source : KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI)

Introduite en 2012 pour les demandeurs d’asile originaires de Serbie, de Macédoine et de Bosnie-Herzégovine, et en 2013 pour ceux originaires du Kosovo et de Géorgie, la procédure accélérée de 48 heures affiche de bons résultats.
« Depuis les mesures mises en œuvre par la Suisse suite au nombre élevé de demandes de protection internationale déposées par des demandeurs des Balkans occidentaux au troisième trimestre 2012, le nombre de ces demandes enregistrées est particulièrement faible.
Cela peut indiquer que l’ensemble des mesures mises en œuvre reste particulièrement efficace et a envoyé un message fort aux demandeurs potentiels des pays des Balkans occidentaux », indique un rapport de 2015 du Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO).
En Suisse, le nombre de demandes d’asile ne cesse d’augmenter ces dernières années. En 2022, le pays a enregistré environ 24 500 demandes, soit 64 % de plus qu’en 2021. Ce chiffre n’inclut pas les quelque 75 000 réfugiés ukrainiens.
Cette année, plus de 12 000 demandes d’asile ont été enregistrées rien qu’au premier semestre, soit une augmentation de 43 % et la plus élevée depuis une décennie, à l’exception de 2016. Ce nombre pourrait augmenter pour atteindre environ 27 000 demandes d’ici la fin de l’année, selon le SEM.

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