«Une très vieille idée qui est peut-être en train de devenir une réalité». Voilà comment Emmanuel Macron a salué le lancement de la Communauté politique européenne (CPE) qui a réuni, le 6 octobre à Prague, 44 dirigeants du continent européen dans ce format inédit.
Soucieux d’inscrire l’initiative de cette nouvelle plateforme dans la durée, les chefs d’État concernés se sont donnés rendez-vous au printemps 2023 en Moldavie. Mais au même moment, en République tchèque, c’est un sommet européen des Vingt-Sept sur l’énergie qui s’est tenu le 7 octobre.
La Communauté politique européenne (CPE) suscite encore de nombreuses interrogations sur ses contours, son rôle exact et sa portée concrète. Des réserves que le président français, instigateur de cette plateforme, s’est employé à écarter.
Élaborer une stratégie européenne pour protéger les infrastructures essentielles comme les gazoducs, les câbles, les satellites, se coordonner pour faire baisser les prix de l’énergie, lutter ensemble contre la propagande et la cybercriminalité, telles sont quelques-unes des pistes concrètes que les participants à cette première réunion se sont engagés à creuser d’ici le prochain sommet.
Mais l’intérêt d’une telle plateforme à l’échelle du continent européen a aussi d’autres vertus, selon Emmanuel Macron : « Nous avons commencé cet après-midi sur les crises que connaît notre continent. Le conflit Arménie-Azerbaïdjan, évidemment, les crises multiples qui existent dans les Balkans occidentaux, la tension qui existe en Méditerranée orientale entre la Turquie d’une part et la Grèce et Chypre d’autre part ».
Un exercice qui a ses limites
Le président français explique: « Nous en avons parlé très ouvertement. C’est utile d’avoir un format de discussion, que l’ensemble des parties prenantes soient autour de la table où des sessions séparées peuvent se tenir. Cette première réunion de la Communauté politique européenne a permis des rencontres qui, jusque-là, n’avaient pas été possibles.
Cela peut vous paraître très naïf, mais le Premier ministre arménien Pachinian qui est élu depuis 2018 n’avait jamais rencontré jusque-là le président turc Erdogan. Jamais. Ils se sont rencontrés aujourd’hui à Prague et ça, ça a beaucoup de valeur ».
Mais l’exercice a ses limites. Le président turc a fait savoir que le Premier ministre grec avait quitté le dîner officiel pendant son discours. Comme on peut le constater, l’heure n’est pas encore à l’apaisement entre Athènes et Ankara, malgré l’euphorie du président français.
Union européenne: surmonter les divisions sur l’énergie
De son côté, le sommet informel du Conseil européen à Prague, réunissant cette fois-ci les Vingt-Sept, a eu à débattre de plusieurs sujets qui divisent, au premier rang desquels le dossier énergétique.
L’Union européenne souffre de coupures de livraisons d’hydrocarbures et de prix qui s’envolent, conséquences de la guerre en Ukraine. Mais l’Union européenne a bien du mal à trouver une réponse commune. Les intérêts sont divergents entre eux, comme la France qui mise sur le nucléaire et, plus à l’Est, des pays qui restent très dépendants de l’énergie russe, ou d’autres, comme l’Allemagne, qui continuent de compter encore sur le charbon. Berlin a d’ailleurs suscité un tollé en annonçant, une semaine avant la rencontre, un plan de 200 milliards d’euros pour protéger son économie.
Les prix du gaz ont monopolisé les débats. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, a accepté de considérer un plafonnement de ces prix payés aux pays exportateurs. Quinze États membres, dont la France, le réclament. L’Allemagne est plus réservée sur ce mécanisme qui reste encore à définir. Elle redoute une aggravation des difficultés d’approvisionnement.
Les Vingt-Sept ont donc planché sur les propositions qui leur ont été envoyées par lettre par Ursula von der Leyen. Elle propose aussi de développer les achats communs de gaz et d’aller au-delà des 20 milliards d’euros de subventions européennes déjà adoptées pour les infrastructures visant à s’affranchir de Moscou.
On ne s’attendait à aucune décision du sommet de Prague. L’objectif est plutôt de surmonter les divergences jusqu’au Conseil européen des 20 et 21 octobre à Bruxelles.
Mais il y a une urgence depuis l’invasion de l’Ukraine. Les prix de gros du gaz et de l’électricité ont été multipliés par quinze dans l’Union européenne et une crainte légitime croit auprès de la population, qui redoute la pénurie et le rationnement.