Les opposants à l’idée de transposer les réfugiés déboutés par les services britanniques d’immigration ont finalement eu raison de l’entêtement du Rwanda à accueillir sur son sol les personnes indésirables en Europe.

L’expulsion vers le Rwanda des migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni est « illégale », a jugé la Cour d’appel britannique qui estime que le pays de Paul Kagame ne peut pas être considéré comme un « pays tiers sûr » pour les demandeurs d’asile et les réfugiés.

Cette décision de la Justice britannique vient ainsi donner raison aux nombreuses voix discordantes qui s’étaient levées contre l’accord signé entre l’administration de Boris Johnson et le régime de Paul Kagame d’implanter à Kigali des demandeurs d’asile déboutés par Londres, contre paiement.

De l’avis de la justice britannique, il existe bel et bien « un risque réel que les personnes envoyées au Rwanda soient renvoyées dans leur pays d’origine où ils étaient en proie à des persécutions et autres traitements inhumains ».

Kigali vante sa sécurité sans réussir à convaincre

Dans sa réaction, le gouvernement rwandais s’est permis de contester le prononcé de la justice britannique, affirmant que le Rwanda « est l’un des pays les plus sûrs au monde ». Il se vante d’avoir construit un environnement sûr, sécurisé et digne, dans lequel les migrants et les réfugiés ont les mêmes droits et opportunités que les Rwandais.

« Toutes les personnes relocalisées ici dans le cadre de ce partenariat en bénéficieront », promet-il, rappelant que les Rwandais savent ce que signifie « d’être forcés de fuir leur pays et de refaire leur vie dans un nouveau pays ».

« Bien qu’il s’agisse en fin de compte d’une décision du système judiciaire britannique, nous contestons la décision selon laquelle le Rwanda n’est pas un pays sûr pour les demandeurs d’asile et les réfugiés. Le Rwanda est l’un des pays les plus sûrs au monde et nous avons été reconnus par le HCR et d’autres institutions internationales pour notre traitement exemplaire des réfugiés », a déclaré l’administration Kagame.

Kigali pleure les dividendes qui s’envolent

Malgré la décision de la justice britannique en appel, le Rwanda a réaffirmé sa détermination à faire fonctionner ce partenariat, surtout que celui-ci devrait lui rapporter quelques 144 millions d’euros. Kigali assure que lorsque les migrants arriveront, ce qui ne relève plus aujourd’hui que d’une illusion, « nous les accueillerons et leur fournirons le soutien dont ils auront besoin pour construire une nouvelle vie au Rwanda ».

Mais Kigali peut d’ores et déjà dire adieu aux monts et merveilles attendus de cet accord totalement incongru, pour un pays qui, pourtant, se plaint du manque de terres jusqu’à vouloir en piller auprès de ses voisins. La justice britannique a d’ailleurs fait savoir que toute expulsion vers le Rwanda constituerait « une violation » de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’Homme, qui dispose que « personne ne peut infliger à quiconque des blessures ou des tortures ».

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