De l’Est à l’Ouest en passant par le Nord, le Centre et le Sud, l’Afrique a besoin d’infrastructures routières capables d’enclencher son développement. Des projets ont été initiés depuis les années 1960. Mais, jusqu’à ce jour, le continent n’a pas décollé. Pourquoi ? Explications.
Le problème de l’Afrique n’est pas le manque d’idées mais vient souvent plus du manque de confiance en nos capacités de vaincre nos adversités, pour construire notre développement, que du manque de ressources.
Du complexe d’infériorité face au « Blanc », les Africains cultivent le mythe de l’aide. Ils ont l’impression que sans elle, le développement n’est pas possible. Partant de ce principe, tous les signaux sont au rouge, lorsqu’il s’agit de prendre son destin en main.
L’Afrique regorge d’immenses potentialités en termes de capacité de s’auto-développer. Les ressources pour construire les routes en font partie. En Afrique centrale, tout comme en Afrique de l’Ouest, de nombreux grands projets sont soit en cours, soit en léthargie.
RDC-Zambie : projet Kasomeno-Mwenda
Situé à la frontière de l’Afrique centrale, ce projet transfrontalier long de 184 km a pour objectif de créer une route alternative, plus moderne et plus directe, à la route de Kasumbelesa. Essentielle pour la Zambie et la RDC, elle leur permettra d’accéder à Dar-es-Salam sans devoir effectuer un détour de 300 km.
Ce port constitue la principale porte d’entrée sur le commerce international pour ces deux pays d’Afrique centrale. La route devrait ainsi permettre de faciliter l’exportation des minerais congolais. Fruit d’un Partenariat public-privé entre la société d’investissement GED Africa Limited et les gouvernements zambien et congolais, le projet devrait avoir un coût évalué à 252 millions de dollars.
Les travaux du projet Kasomeno-Mwenda ont débuté en octobre 2023 et devraient se poursuivre cette année avec comme horizon fin 2026. Clou du spectacle : la construction d’un impressionnant ouvrage d’art, un pont à haubans d’une portée de 345 mètres sur la rivière Luapula, frontière naturelle entre la Zambie et la RDC.
Les infrastructures routières sont les racines des branches qui construiront le développement de l’Afrique.
Le projet du pont Kasomeno-Mwenda vise à améliorer la connectivité routière entre les deux pays, en permettant notamment de relier plus facilement la ville de Lubumbashi, en RDC, à Dar-es-Salam, en Tanzanie, en évitant un long détour de 300 kilomètres. Il deviendra un important point de passage officiel et moderne entre les deux pays.
Doté d’une infrastructure informatisée, il offrira un guichet unique permettant un enregistrement simplifié pour les voyageurs. Cette initiative vise à faciliter les échanges et à réduire les tracasseries administratives auxquelles les voyageurs étaient confrontés à Kasumbalesa, le principal poste-frontière actuel.
Gabon : réhabilitation de la première section de la RN1
La fameuse Transgabonaise prend forme à la sortie de Libreville. Les travaux de réhabilitation du premier tronçon (PK12-105) de la route nationale 1 au Gabon se poursuivent en cette année 2024. L’objectif est de finaliser cet axe routier vital pour le pays et son économie, puisque le tracé passe en particulier par la zone économique de Nkok. Le projet est piloté par la Société autoroutière du Gabon (SAG), née à la suite de la signature en 2019 d’un partenariat public-privé liant l’État gabonais à la société à mission française Meridiam.
Dans les détails, la SAG est chargée du financement, de la construction, de l’exploitation et de la maintenance de ce tronçon pour une durée de 30 ans. Résultat de ce choix : une route fiable et durable parée pour les saisons des pluies. Le chantier serait achevé à 75%. À l’œuvre, près de 1 200 travailleurs dont près de 80% de Gabonais. La route livrée — sur la base d’un cahier des charges exigeant — répondra aux normes internationales les plus élevées en termes de qualité et de durabilité.
Congo : le projet routier Ouesso-Pokola
Le 20 mai 2023, le président de la République du Congo, Denis Sassou-Nguesso, a procédé au lancement officiel du chantier de la première section du corridor Brazzaville-Bangui- N’Djamena. Ce tronçon s’inscrit dans le cadre des onze projets intégrateurs du Programme économique régional (PER) ayant fait l’objet d’une table ronde de financement à Paris du 16 au 17 novembre 2020. Il s’agit d’un projet d’envergure qui doit faciliter les interactions entre les trois pays de la Communauté économique d’Afrique centrale (Cemac). Le chantier de ce tronçon démarre avec la section Ouesso-Bangui, première étape qui consistera en un bitumage de 50 km de route reliant les deux villes congolaises Ouesso et Pokola.
Du côté de la mise en œuvre, le projet bénéficie d’un financement à hauteur de 99,7 milliards de FCFA par la Banque de développement d’Afrique centrale (BDEAC). Ce montant devrait couvrir l’intégralité des frais de chantier.
Chargé des travaux, le groupe chinois China Road and Bridge Corporation s’est engagé à livrer le tronçon sous 36 mois.
Cameroun : réhabilitation de la route N’Gaoundéré-Garoua
Cet axe routier, réputé pour sa vétusté et sa dangerosité, fait souvent l’objet de critiques, rendant urgente la question de sa réhabilitation. La mise en travaux de ce tronçon avait fait l’objet d’un appel d’offres très convoité depuis le 4 mars 2020. Le tronçon a finalement été attribué au groupe portugais Mota Engil pour un montant de 282,7 milliards de FCFA. Les travaux doivent débuter cette année. Aucune précision sur le calendrier de livraison n’a été faite à ce stade.
Les impacts de ces travaux seront nombreux. D’un point de vue commercial, la connexion avec le Tchad sera facilitée. En effet, cette réhabilitation d’une portion importante du corridor Douala-N’Djaména revêt un enjeu important pour améliorer les relations commerciales et de transit entre le Cameroun et le Tchad.
Rappelons que plus de 350 milliards de FCFA de marchandises tchadiennes y transitent chaque année. Tandis que du point de vue des usagers, l’axe deviendra plus sûr et la circulation régionale et nationale plus fluide.