Les dirigeants de l’Union européenne ont été incapables de s’accorder sur les questions d’immigration, sujet essentiel du sommet tenu les 16 et 17 octobre. Des positions contradictoires des uns et des autres n’ont pas permis d’avancer, à part de rappeler que « les migrations constituent un défi européen qui appelle une réponse européenne ».
Le Conseil a rappelé qu’il encourage les États membres à respecter le droit européen et la mise en place de la législation qui a été dernièrement adoptée et à appliquer également celle qui existe déjà.
Mais dans leur déclaration finale, les dirigeants de l’UE n’ont pas insisté sur l’urgence de mise en application de ce droit européen sur la migration. Alors que les États membres comme l’Allemagne, la France et d’autres confrontés à des nombreuses arrivées irrégulières souhaitaient l’application immédiate du droit européen sur la migration.
Les causes du blocage
D’où vient ce qu’on peut qualifier de blocage ? La sous-traitance des dossiers d’asile, comme le pensent certains États, en est l’une des causes. Par exemple, l’accord signé entre l’Italie et l’Albanie déjà en vigueur depuis peu. Celui-ci permet d’examiner les demandes d’asile hors de l’UE. Désormais, les demandes d’asile introduites en Italie peuvent être examinées en Albanie. Contesté, de manière générale, puis critiqué par Ursula von Leyen, cet accord ne manquera pas de susciter de l’intérêt chez certains États membres.
Autre source de blocage, c’est la question des retours en provenance de l’Union européenne. Comment accroître et faciliter les retours des migrants déboutés du droit d’asile ?
La droitisation des institutions européennes
Les débats lors de ce sommet ont révélé la divergence des vues entre les Européens sous la gestion de l’espace Schengen. Preuve, les hubs de retour ne figurent pas sur la déclaration finale du sommet. Ces hubs ont pour rôle d’externaliser l’expulsion des migrants déboutés. Mais leur efficacité est mise en doute. Pour Olaf Scholz, le chancelier allemand, « ces hubs représentent une goutte d’eau dans la lutte contre l’immigration irrégulière ». Quelques mois plus tôt, son pays a pris des mesures pour restaurer les contrôles à ses frontières. Et d’autres États membres de l’UE, dans un avenir proche, pourraient emboîter le pas à l’Allemagne.
La droitisation des institutions européennes lors des élections de juin dernier, par l’arrivée massive des élus des partis de l’extrême droite, commence à peser sur les décisions de l’UE, notamment dans le domaine de la migration.
Le non-respect strict du droit européen sur la migration fait craindre le mauvais fonctionnement de l’espace Schengen.
Portugal : fini les régularisations
Dans l’espace Schengen, le ton se durcit face à l’immigration clandestine. Invoquant des menaces liées à des problèmes de sécurité, le Portugal a opté pour des mesures radicales en décidant de mettre un terme à la régularisation des étrangers en situation irrégulière. En d’autres termes, aucun ressortissant étranger n’aura un titre de séjour s’il accède illégalement dans le pays.
Le Portugal, autrefois connu pour ses lois migratoires souples, a récemment pris des mesures drastiques pour renforcer le contrôle de ses frontières et expulser les migrants illégaux. Cette décision intervient suite à une volonté de durcir les règles en matière d’immigration, une tendance qui se généralise dans plusieurs pays de l’Union européenne.
Le gouvernement portugais a récemment annoncé la mise en place d’une Unité nationale pour les étrangers, intégrée à la police de sécurité publique (PSP). Cette nouvelle structure vise à combler les lacunes laissées par l’abolition du service des étrangers et des frontières (SEF). En clair, elle vise à expulser les citoyens irréguliers du pays.
Selon António Leitão Amaro, ministre de la Présidence, cette décision est une réponse à l’une des erreurs les plus tragiques du précédent gouvernement concernant la gestion des flux migratoires. Le ministre a notamment pointé du doigt le manque de surveillance et l’insuffisance des mesures d’expulsion des citoyens en situation irrégulière, ce qui a entraîné des failles dans le contrôle des frontières et la gestion des migrations.
L’espace Schengen de plus en plus restrictif
L’Unité nationale pour les étrangers aura pour mission de contrôler les frontières aériennes, d’assurer la surveillance des flux migratoires et de garantir l’expulsion des migrants en situation illégale. Ce nouveau dispositif s’inscrit dans un projet de loi plus large sur les contrôles aux frontières.
Ce changement de politique marque une rupture avec l’approche de l’ancien gouvernement socialiste, qui avait adopté une posture beaucoup plus accueillante.
Désormais, les migrants illégaux ne pourront plus espérer obtenir un statut légal, une décision qui montre clairement une volonté de contrôle plus strict de l’immigration.
La fermeture de cette voie de régularisation intervient à un moment où le nombre d’immigrants non européens a doublé au Portugal au cours des cinq dernières années, selon un rapport de l’Alternative investment Management Association (AIMA).