« Un peuple qui a la mémoire courte est un peuple qui n’a pas d’avenir »
MAKEDA – Salomon
En cette année 980 avant J.C., Jérusalem est en fête. Makeda, reine de Saba, célèbre par son faste, est venue sur le renom de la sagesse de Salomon, visiter ce prince. Elle aura avec lui un enfant.
Joie et liesse à Jérusalem. Peau brulée, cheveux brulés. Ondulations, appels à la tentation, Makeda reine de Saba est venue rendre visite au roi Salomon.
Appartement en cristal, trône en or serti d’émeraudes et de rubis, le roi Salomon a construit pour accueillir la reine de Saba. Dans le jardin du palais la reine et le roi ont conçu un enfant. Il s’appellera Menelik. Il sera l’ancêtre des empereurs d’Ethiopie.
LE MARATHON DU NEGUS
Rome, Jeux Olympiques 1960: Abebe Bikila remporte le marathon. Il sera le seul athlète de l’histoire des Jeux Olympiques à avoir remporté deux fois cette épreuve.
Lorsqu’il y’a quelques heures le marquis Dexter a donné le dépert du marathon, personne n’aurait parié la moindre lire sur le dossard numéro 11. Un illustre inconnu courant pieds nus. Tous les regards étaient fixés sur le Marocain Rhadi, le Fraçais Alain Mimoun, le Britannique Kelly et le Belge Van Der Drerseche. Dès les premiers kilomètres, deux hommes se sont détachés du peloton de tête: le Marocain Rhadi et le dossard numéro 11. Il ne va pas tenir longtemps à l’allure de Rhadi, se disait-on. Mais vers le 41e kilomètre, le dossard numéro 11 étaient toujours là. Et puis d’allonger la foulée. Et de prendre une dizaine et puis une centaine de mètres d’avance sur Rhadi. Et de marteler fièrement pieds nus les pavés de Rome, cette ville d’où partirent ceux qui voulaient réduire son pays en esclavage. Et de franchir le premier la ligne d’arrivée. L’illustre inconnu a 27 ans. Il est caporal de la Garde impériale du Négus. Tout le monde est surpris par sa victoire, sauf lui: « Je n’étais pas le seul de la Garde à pouvoir gagner. » Pourquoi a-t-il couru pieds nus? : « J’ai toujours couru comme cela dans la brousse. Et d’ailleurs on ne porte pas de chaussures à la Garde », répond-il. Svelte, visage étroit et fier souligné par un nez saillant et une fine moustache le dossard numéro 11 s’appelle Abebe Bikila.
L’HOMME C’EST AUSSI LA FRATERNITÉ
Né en 1750 et mort en 1831, l’abbé Grégoire fut un grand défenseur de la cause des opprimés en général et des Noirs en particulier. En 1789, il monte au créneau à l’Assemblée pour le respect des droits des mulâtres libres de Saint-Domingue. Plus tard, il jouera un grand rôle dans la « Société des amis des Noirs » qui réclamait l’abolition de l’esclavage.
Il est des noms qui sont des symboles: au temps, aux modes, à la mort ils survivent. Il est des noms qui comme celui de l’abbé Grégoire, rappellent que l’homme c’est aussi la fraternité.
Longtemps, bien longtemps avant que les voix ne s’élèvent contre l’abaissement d’une partie de l’humanité à l’esclavage, l’ecclésiastique lorrain rappela que « la liberté des hommes est un droit comme un besoin dans tous les climats ».
A Hume qui ne cessait de clamer que « jamais on ne vit de Noir distingué » l’abbé apprit que « pour les anciens Grecs l’identité noire des Egyptiens était une évidence ». Ensuite il adresse une interrogation: « Reconnait-on dans la peinture que César fait des Gaulois les habitants de la France? ». Aux souteneurs du négoce de la chair humaine qui répétaient inlassablement que si, que « s’il cesse la France fera banqueroute », l’abbé Grégoire avoua « ne jamais avoir pu saisir la connexité de ces idées ».
La fraternité fut un mot, l’abbé Grégoire en fit un os de plus à joindre à son squelette.