Dans cette crise née de la guerre entre l’Ukraine et la Russie, le monde occidental a soif. Une soif inextinguible de pétrole et de gaz, une soif d’huiles végétales, des céréales et des matières minérales.
La Russie, sous embargo massivement infligé par l’Union européenne et les États-Unis, est paradoxalement l’un des principaux pourvoyeurs des pays occidentaux. Dans cette guerre dévastatrice qui met face-à-face, depuis bientôt plus de quatre mois, le monde dit occidental, regroupé au sein de l’Otan, et l’ex-Empire russe par Ukraine interposée, pour peu, on parlerait d’une quadrature du cercle. La Russie, présentée comme pays agresseur mais qui, elle-même, justifie comme menant « une opération spéciale » en situation de légitime défense, à été placée sous un embargo total, déconnecté du circuit financier et commercial mondial et jetée à la vindicte internationale.
Sur papier et sur les plateaux des médias occidentaux, plus personne, de l’Union européenne aux États-Unis en passant par la Grande-Bretagne, ne veut plus ni du pétrole de la Russie, ni de son gaz, encore moins de son or ou des autres abondantes matières premières.
Problème : il semble au fil des semaines, depuis le début de ce qui paraît aujourd’hui comme un véritable jeu de poker-menteur, que c’est le pays supposé pâtir le plus des sanctions qui s’en sortirait plutôt bien.
Et que c’est la Russie, plusieurs fois présentée comme au bord de l’implosion par des brassées de spécialistes occidentaux, toutes disciplines confondues, qui continue de gagner chaque jour des territoires de l’Ukraine, alors que les autorités de ce pays croulent sous les milliards de dollars d’aide et de fournitures militaires les plus sophistiquées. En Occident, il se constate comme une sorte d’inflexion de la logique guerrière contre « le monstre russe » depuis quelques semaines, face à la réalité du terrain en Ukraine.
De sommet en sommet, le discours dans les capitales occidentales semble évoluer vers plus de pragmatisme. Si les choses n’en sont peut-être pas encore à envisager une disparition de l’Ukraine dans ses limites actuelles, des esprits lucides envisagent déjà un avenir où l’omnipotent Occident serait amené à partager la conduite du monde avec des partenaires venus de l’est et de l’extrême-orient comme la Russie et la Chine. Quoi qu’il en soit, de plus en plus de spécialistes sont d’avis que la gouvernance mondiale ne sera plus la même à l’issue de l’actuelle crise.
L’Afrique à la rescousse
Chaque camp en présence aura tiré les leçons et les conséquences d’une forte dépendance de l’autre vis-à-vis de certaines fournitures nécessaires à sa survie et à sa sécurité. Et c’est ici que L’Afrique entre en danse.
Le continent noir est quasiment resté neutre et observateur dans le conflit. La plupart des clins d’oeil lui adressés par l’un ou l’autre camp en présence ne semblent pas avoir emballé grand monde sur le continent.
Mais l’Occident, et ce, quelle que soit l’issue du conflit actuel, continuera à avoir soif des matières premières. Mais il ne pourra plus compter sur la fiabilité d’un partenaire comme la Russie, qui vient de montrer à la face du monde sa capacité de nuisance en coupant les pays occidentaux de leur accès au gaz et aux céréales.
Or l’Afrique, jusque-là considérée avec une certaine condescendance par ses partenaires occidentaux, dispose, parfois à profusion, de la plupart des produits qui posent problème aujourd’hui, mais qu’elle ne produit peut-être pas encore suffisamment, faute d’investissements et d’infrastructures adéquates.
Pétrole, gaz et minerais à la pelle
Le gaz et le pétrole, on en trouve à foison au Mozambique, au Sénégal, en Algérie, en Angola ou au Nigeria et même en République démocratique du Congo.
Les minerais en tout cas, le sous-sol de la RDC, de l’Afrique du Sud ou de la Zambie en renferme à revendre.
Le monde est à la recherche des céréales ? L’Afrique n’en produit pas assez, mais regorge des terres arables à perte de vue, souvent sous-exploitées et qui ne demandent que des investissements en vue de leur mise en valeur, dans un contexte de sécurité et sous un climat des affaires apaisé.
Les appels du pied se succèdent déjà de toutes parts. Si l’Allemagne vient de signer un juteux contrat d’investissement pour l’extraction du gaz avec le Sénégal, la Russie n’est pas non plus restée à la traîne. Son ministre des Affaires étrangères a entamé fin juillet une croisade en Afrique, qui a débuté en Égypte pour se poursuivre en Ouganda et en République démocratique du Congo.