Le 30 août 2023, le général Brice-Clotaire Oligui Nguema, patron de la garde présidentielle, s’emparait du pouvoir à Libreville, renvoyant à la retraite anticipée le président Ali Bongo, dont le régime nous dévoile aujourd’hui des réalités surannées.

Le nouvel homme fort du Gabon a prêté serment, cinq jours après son coup de force, soit le 4 septembre, en tant que président de la et président de transition et le 4ème président du pays.

D’emblée, il a promis de lutter contre la pauvreté dans le pays, qui a pourtant l’un des PIB par habitant les plus élevés du continent. Paiement des retraites ou encore gratuité des frais scolaires : un mois après la prise du pouvoir par les militaires, les autorités gabonaises de transition essayent tant bien que mal d’honorer certaines de leurs promesses.  

La Deutsche Welle, une télévision allemande, nous ramène dans la capitale gabonaise un mois après la chute d’Ali Bongo.
Chérila, 24 ans, est une vendeuse ambulante de vêtements tout en faisant des études en Biologie médicale. Dans une ruelle du centre-ville de Libreville, elle fait part de son optimisme. 

« Je trouve les initiatives de la nouvelle transition très bonnes, très bénéfiques pour le peuple. C’est vraiment comme une sorte de guérison et de restauration dont le peuple avait vraiment besoin », se félicite-t-elle. 

Sylvia Bongo devant la justice, après 200 milliards de francs en cash découverts chez elle

Depuis le coup d’État militaire, plusieurs haut-représentants de l’ancien pouvoir du président Ali Bongo ont été interpellés. L’ex-première dame Sylvia Bongo Ondimba a comparu le jeudi 28 septembre devant le juge d’instruction, qui l’a inculpée de blanchiment de capitaux, recel, faux et usage de faux. « Je trouve très égoïste l’attitude de ces anciens dirigeants, car leurs œuvres sont sans pitié. Avoir le cœur de prendre tant d’argent en laissant le peuple en souffrance, franchement c’est être très égoïste. Tout ce que j’espère c’est que la justice fera son travail », lance Chérila. 

Le nouveau pouvoir à Libreville a lancé une vaste campagne de récupération des centaines de valises bourrées d’argent gardées aux domiciles des proches du président déchu et de dignitaires de l’ancien régime, en dehors d’une quantité scandaleuse de véhicules de luxe, au moment où la population croupissait dans la misère.

Ainsi, selon la presse locale, notamment plus de 7 milliards de francs ont été saisis chez Ian Ghislain Ngoulou, 75 milliards de francs découverts chez les fils Océni et 200 milliards de francs en cash dans une villa de Syvia Bongo. Un sacré pactole qui est, selon les dires du Premier ministre Raymond Ndong Sima, en réponse à une question lors de la conférence de presse qu’il a animée le 27 septembre 2023 à l’immeuble Arambo, est « placé dans un compte séquestre ».

Dialogue national 

Les Gabonais ont salué un coup d’État dans les rues de la capitale. L’ONU appuiera la transition vers la démocratie (Image : rtvcdn.si)

Le général président de la transition Brice Oligui Nguema a multiplié les promesses en faveur « des plus pauvres », des retraités et des malades qui ne touchent pas leur dû, des jeunes dont un sur trois est au chômage, selon l’ONU. Mais elles ont créé un appel d’air dans lequel se sont engouffrés fonctionnaires et salariés de nombreux secteurs, qui multiplient grèves et blocages pour réclamer leur dû au plus vite.

Le Premier ministre civil, Raymond Ndong Sima, n’a pu que les exhorter « à la patience ». Il a annoncé que dans le cadre du dialogue national, chaque Gabonais devra se contenter d’envoyer une contribution écrite.

Cette initiative n’a pas toujours été bien reçue par la population. Mais pour Chérila, « l’initiative du Premier ministre va permettre pour une fois, après de nombreuses années, au peuple de décider de ce qu’il veut ». Malgré tout, les Gabonais dressent pour l’instant un bilan mitigé et prudent des premières décisions des autorités militaires. 

Les premiers 600 emplois du général Oligui Nguéma

Palais présidentiel de Libreville / Gabonactu.com

Dans la litanie des promesses égrenée dès sa prise de pouvoir, il y avait celle de faire de l’emploi des jeunes l’une de ses priorités.
Joignant la parole à l’acte, le général Oligui Nguema a délivré, début septembre, un message on ne peut plus clair à l’endroit des entreprises regroupées au sein de la Fédération des entreprises du Gabon (FEG).

Le président de la Transition vient de donner corps à son ambition. Plus de 600 postes sont aujourd’hui à pourvoir dans certaines administrations publiques, entreprises paraétatiques et sociétés privées. Ainsi, les Douanes gabonaises viennent de mettre à la disposition du marché du travail 200 postes, où le recrutement se fera sur concours alors qu’autrefois, ils étaient réservés à une caste de privilégiés.

Le secteur bancaire a, quant à lui, annoncé la mise à disposition de 300 postes. Les candidats y devront aussi subir les épreuves d’un concours. Le secteur pétrolier n’est pas en reste. La Société gabonaise de raffinage (Sogara) compte offrir également une cinquantaine de postes aux jeunes ingénieurs, également après un passage par la voie de concours.

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