Le président français Emmanuel Macron s’est rendu en Algérie fin août. Une visite qui a apporté des changements importants dans les relations franco-algériennes.
Les questions énergétiques ont dominé les discussions entre Paris et Alger, qui étaient sur le point de signer un accord qui pourrait augmenter les exportations de gaz algérien vers la France de 50 %. Mais la visite était remarquable principalement parce qu’elle était annonciatrice de plusieurs changements importants dans l’approche politique française, et plus particulièrement celle de Macron.
Durant cette visite, le président français était accompagné par une délégation d’experts de la diaspora algérienne en France. Karim Amellal, l’un des membres de la délégation, a affirmé que « le déplacement du président Macron est une réussite, en ce qu’il a permis de resserrer les liens et de lancer une nouvelle dynamique, centrée sur la jeunesse et tournée vers l’avenir ».
Il ajoute que « plusieurs initiatives fortes ont été lancées et, à la clé, la signature par les deux présidents, algérien et français, d’une « Déclaration d’Alger pour un partenariat renouvelé entre la France et l’Algérie », dont la relation est si essentielle pour nos deux grands pays ».
Quant à Lokmane, membre d’Africalink et « Women In Africa leaders », elle considère que ce voyage est « une nouvelle page d’avenir qui s’ouvre entre nos deux pays ».
Elle signale par ailleurs qu’Emmanuel Macron a reconnu la valeur de la diaspora et son rôle primordial dans le dialogue Nord-Sud et que, pour lui, la diaspora africaine en France, et particulièrement algérienne, est l’un des acteurs de ce changement.
« Ce sont ces femmes et les hommes qui vont définir l’avenir de la France et de l’Afrique. Créateurs de valeurs, polyglottes et facilitateurs, ils sont les ambassadeurs de la France partout où ils iront « , s’est félicité le président français.
Rencontre avec Mohamed Boukhalef,
Franco-algérien Ambassadeur de Paix des Nations Unies
En marge de la mission du président Emmanuel Macron en Algérie, Onésha Afrika s’est entretenu avec l’ambassadeur international de Paix des Nations unies, le Franco-algérien Mohamed Boukhalef, qui nous a livré ses impressions.
À son avis, la visite du président français en Algérie a pour but la réconciliation entre l’histoire de la France et de l’Algérie, qui n’a pas toujours été évidente depuis l’indépendance. Pour l’instant, reconnaît-il, c’est le seul président qui a fait preuve de lucidité et conjugué des efforts jusqu’à reconnaître les réalités qui ont marqué le passé douloureux de l’histoire de la guerre d’Algérie. Tous les autres chefs d’État français, qui l’ont précédé, n’ont pas voulu ouvrir ce chapitre, car le déchirement est grand des deux côtés, affirme-t-il.
Il croit par ailleurs savoir que l’Algérie attend une seule chose de la France, en l’occurrence qu’elle reconnaisse les tortures et le pillage de l’Algérie durant sa colonisation. Mais en ce qui concerne la visite proprement dite d’Emmanuel Macron, Mohamed Boukhalef pense que la France est un pays stratégique et central en Europe, à travers son histoire et son patrimoine.
La France face à la crise énergétique
L’ambassadeur international des Nations unies estime que la France, comme tous les pays européens, cherche des solutions pour la crise énergétique et que l’Algérie peut devenir un partenaire stratégique pour l’Europe en la matière.
La France et l’Algérie ont une histoire qui ne date pas d’aujourd’hui, rappelle-t-il avant d’ajouter que les échanges commerciaux sur les matières telles que le gaz ou le pétrole sont essentiels pour la France et l’Europe, surtout avec les difficultés consécutives à la guerre Russie-Ukraine.
Au sujet de l’Europe et l’Union africaine, il les décrit comme deux civilisations qui se côtoient depuis des siècles. « L’ouverture du marché et du développement est une belle évolution des deux rives, mais il faut lutter contre la corruption et l’immigration clandestine. Par conséquent, la future génération pourrait se former en matière de technologie de pointe, grâce à cette proximité, en perspective d’une meilleure coopération entre l’Afrique et l’Europe, souligne Mohamed Boukhalef.