Accueil Politique Forum Chine-Afrique : 50 milliards de dollars à l’Afrique sur trois ans

Forum Chine-Afrique : 50 milliards de dollars à l’Afrique sur trois ans

: Le Sommet 2024 du Forum sur la coopération sino-africaine, le 5 sept à Pékin.

Le Forum économique Chine-Afrique s’est tenu à Pékin du 4 au 7 septembre, précédé de rencontres depuis le 2 septembre entre le géant asiatique et chacun des 53 pays du continent africain, soit une semaine au cours de laquelle ont été conclus une multitude d’accords pour des montants pouvant parfois donner le tournis.

Le président chinois Xi Jinping a ainsi promis plus de 50 milliards de dollars sur trois ans à l’ensemble des pays africains, dont une cinquantaine de dirigeants étaient réunis à Pékin pour un Forum économique au sommet.
Cet investissement contribuera à renforcer la coopération, en particulier dans les infrastructures et le commerce, entre la Chine, deuxième économie mondiale, et l’Afrique, principale source de matières premières mais aussi terre d’opportunités dans divers secteurs. « Je pense que ce sera une grande aubaine pour le continent africain », a estimé le président sud-africain Cyril Ramaphosa lors d’une conférence de presse.
Dès l’ouverture du forum, le président chinois Xi Jinping, qui a reconnu que les relations entre son pays et l’Afrique connaissent la « meilleure période de leur histoire », a assuré que ce soutien financier de 50,7 milliards de dollars, dont la moitié sous forme de crédits, va aider à « créer au moins un million d’emplois en Afrique ».
Pékin fournira également 141 millions de dollars en subventions dans le domaine militaire et assurera « des formations à 6 000 militaires et 1 000 policiers et autres agents des forces de l’ordre en Afrique ».
Également présent au forum, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a jugé remarquable « le bilan de la Chine en matière de développement, notamment en ce qui concerne l’éradication de la pauvreté », mais aussi « une grande source d’expérience et d’expertise ».

La Chine, premier partenaire commercial de l’Afrique

La Chine est le premier partenaire commercial du continent africain, avec 167,8 milliards de dollars d’échanges bilatéraux au premier semestre 2024, selon les médias officiels chinois. Le géant asiatique a envoyé des centaines de milliers d’ouvriers et d’ingénieurs en Afrique et gagné un accès privilégié à ses vastes ressources naturelles, comme le cuivre, l’or et le lithium.
Les prêts des banques publiques chinoises ont permis de financer la construction de nombreuses infrastructures indispensables à la croissance africaine, allant du bitumage des routes, de la modernisation d’aéroports et de ports à la construction de logements sociaux.
Xi Jinping a également eu des entretiens en tête-à-tête avec une dizaine de dirigeants africains, dont le président Félix Tshisekedi de la RDC, le premier à être reçu, promettant plus de coopération dans toute une série de projets.
Le président zambien Hakainde Hichilema a annoncé un accord entre la compagnie d’électricité zambienne (ZESCO) et le groupe chinois PowerChina pour étendre l’usage de panneaux solaires dans son pays.
Le Nigeria et la Chine ont quant à eux annoncé prévoir de « renforcer la coopération » dans les infrastructures, en particulier dans « le transport, les ports et les zones de libre-échange ».
Le président kényan William Ruto a, lui, annoncé un accord sur l’extension de la ligne ferroviaire reliant la capitale Nairobi au port de Mombasa.


Félix Tshisekedi : « Le Chine, un partenaire fiable et engagé » pour le continent africain

FOCAC 2024 : Félix Tshisekedi renforce les liens historiques entre la RDC et la Chine

Le chef d’État congolais a confié à l’agence chinoise Xinhua que Pékin « a prouvé être un partenaire fiable et engagé dans le développement du continent africain ». Dans une interview exclusive avant son départ pour Beijing, le président Félix Tshisekedi a relevé les nombreux « moments forts » de la coopération RDC-Chine, qui « symbolisent le profond engagement de la Chine dans la voie de développement de la RDC ».
À ce sujet, il a cité les travaux des rocades de Kinshasa, la centrale hydroélectrique de Busanga, la sous-station de Kinsuka, ainsi que le port sec de Sakania, projets d’infrastructures prioritaires dont il a posé la première pierre ou qu’il a inaugurés en personne.
« Ces projets montrent comment la coopération bien pensée peut transformer des ressources naturelles en infrastructures et en opportunités culturelles et de développement pour notre peuple », a salué M. Tshisekedi.
Concernant les critiques visant la coopération sino-africaine qui parlent de « piège de la dette » ou de « pillage de ressources », le président congolais a estimé que « ces descriptions ne correspondent pas à la réalité telle que nous l’expérimentons en RDC », notant que la coopération sino-congolaise « repose sur des avantages mutuels et le respect des besoins de chaque pays ».
« Au lieu d’être des pièges, ces investissements ont permis à la RDC de développer ses infrastructures critiques et de renforcer sa capacité à s’intégrer dans l’économie mondiale », a-t-il plutôt expliqué.
De l’avis du président Tshisekedi, les principes de « sincérité, de résultats réels, d’affinité et de bonne foi » pour la politique de la Chine envers l’Afrique, proposée par le président chinois Xi Jinping, s’enracinent dans les projets de coopération sino-congolais, ce qui « montre la sincérité de la Chine à répondre aux besoins congolais et la volonté d’obtenir des résultats tangibles ».

L’expertise chinoise, un « exemple inspirant »

Image d’illustration à Beijing (Chine): les 2 couples présidentiels, Jinping et Tshisekedi, pour un nouveau partenariat stratégique entre la rdc et la chine

Le voyage dans plusieurs villes chinoises « a renforcé ma conviction que la RDC peut tirer profit de l’expertise chinoise pour accélérer notre industrialisation et développer nos infrastructures technologiques », a relevé le président congolais qui a qualifié cette expertise d’« exemple inspirant ».
En mai 2023, la Chine et la RDC ont convenu à Beijing d’élever leurs relations au rang de partenariat de coopération stratégique global, lors de la visite d’État de M. Tshisekedi. Celui-ci s’est également rendu à Shanghai, Shenzhen et Hong Kong, où il a visité plusieurs entreprises chinoises.
Ces villes « sont des exemples parfaits de ce que la synergie entre technologie, finance et gouvernance peut accomplir », a-t-il noté, se disant « impressionné » par « leur dynamisme, leur innovation et leur capacité à évoluer rapidement ».
Selon le chef d’État congolais, la voie de développement de Shenzhen, autrefois un petit village de pêcheurs, est « un modèle de transformation rapide et de modernisation », après sa mutation en « l’un des principaux centres technologiques du monde ».
« Cette transformation est un exemple inspirant pour l’Afrique, notamment pour notre processus d’industrialisation », a-t-il précisé, notant que les expériences chinoises permettraient à la RDC de moderniser son secteur agricole, en introduisant des technologies avancées qui augmentent la productivité et en créant des zones économiques spéciales qui attirent les investissements étrangers.
En 2021, la RDC a rejoint l’Initiative la Ceinture et la Route (ICR), devenant le 45ème pays partenaire africain à cet égard. L’ICR, qui est « un levier important pour le développement de la RDC », a permis de renforcer la connectivité du pays, a souligné le président Tshisekedi, citant les travaux de réhabilitation et de modernisation sur la route nationale N°1, qui ont récemment été entamés par des entreprises chinoises.
Ce projet d’artère reliant la capitale Kinshasa et le centre économique de Lubumbashi devrait stimuler les échanges économiques entre les régions, a-t-il expliqué avant de noter que l’ICR a permis d’améliorer l’accès aux marchés pour les agriculteurs et les commerçants congolais.

Une meilleure compréhension mutuelle

« Le rapprochement entre le président Xi Jinping et moi-même a été l’un des aspects les plus satisfaisants de nos relations bilatérales ces dernières années », a indiqué le président congolais. Ces échanges, tant en présentiel qu’au téléphone, ont renforcé « notre compréhension mutuelle et notre coopération », a-t-il révélé.
« Le président Xi Jinping joue un rôle clé dans le renforcement des relations sino-africaines, en promouvant un partenariat fondé sur le respect mutuel, le respect de la souveraineté et le développement commun. Son approche pragmatique permet de construire une relation durable et bénéfique pour nos deux peuples », a-t-il salué.
« Si je devais décrire le président Xi en une phrase, je dirais qu’il est un leader résolu, profondément engagé dans la construction d’un avenir partagé pour la Chine et l’Afrique », a résumé Félix Tshisekedi.
Par ailleurs, « la montée en puissance des voix des pays du «Sud global» est essentielle pour promouvoir une gouvernance mondiale plus équitable », a-t-il dit en appelant la Chine et l’Afrique à collaborer étroitement pour défendre les intérêts communs des pays en développement, garantir une représentation plus juste du « Sud global » sur la scène internationale et promouvoir une prise de décisions qui reflète les besoins et les aspirations de ces nations.
Au niveau bilatéral, la RDC souhaite une diversification de sa coopération avec la Chine, en incluant davantage de projets dans les secteurs de la technologie, de l’agriculture, et de la formation professionnelle, afin de créer une croissance inclusive et durable, a déclaré le chef d’État congolais.


500 millions USD d’investissements chinois pour le développement de l’industrie congolaise

Le Forum Chine-Afrique a constitué une opportunité pour la partie congolaise de mobiliser des partenariats win-win, faciliter l’accès au financement public chinois, accompagner des initiatives en joint-venture entre les entreprises de la RDC et de Chine, mais aussi présenter les atouts d’un meilleur climat des affaires en RDC.
Dans ce cadre, un protocole d’accord à hauteur de 500 millions USD d’investissements chinois pour le développement industriel en République démocratique du Congo a été signé le 7 septembre à Beijing entre le gouvernement congolais et le consortium China National Huachen Energy Holdings Group Co. Ltd (CHC).
Le consortium s’engage à « apporter un financement de 500 millions USD visant la réalisation des infrastructures de base pour le développement du tissu industriel de la RDC », selon un communiqué du ministre congolais de l’Industrie, Louis Watum Kabamba, qui a paraphé l’accord pour la partie congolaise, alors que la partie chinoise était représentée par Wang Jianwei, chairman de la société CHC.
L’investissement va couvrir trois axes prioritaires, à savoir les mines, l’agriculture et l’aviation congolaise. S’agissant du secteur minier, la Sokimo sera bénéficiaire d’une enveloppe destinée à la réhabilitation de ses machines, alors que pour le secteur de l’agriculture, l’investissement permettra de doter les provinces en engins de génie civil en vue de la maintenance des routes de desserte agricole.
Le secteur de l’aviation bénéficiera également de cet accord. Dans cette optique, il permettra d’octroyer à la compagnie nationale Congo Airways d’une flotte devant couvrir le réseau interne et au-delà des frontières nationales.

Un protocole d’accord pour la construction de centrales solaires

Le ministre des Ressources hydrauliques, Taddy Lwamba en Chine (Image : heshima.net)

Pour sa part, le ministre des Ressources hydrauliques a signé le 4 septembre un accord avec l’entreprise minière chinoise CMOC en vue de la construction de centrales solaires. « Notre partenariat historique prend aujourd’hui une nouvelle dimension avec la signature de ce protocole d’accord, qui marque l’entrée dans une ère de coopération renforcée pour le développement durable et la transition énergétique dans le bassin de la rivière Lualaba », a déclaré le ministre Teddy Lwamba, dans un communiqué.
CMOC est une entreprise déjà présente en RDC au travers de sa filiale CFC. Quant à l’accord, il porte sur la construction d’une série de centrales photovoltaïques d’une capacité totale de 600 mégawatts dans le bassin de la rivière Lualaba, entre les centrales hydroélectriques de Nzilo et Busanga.
La construction des centrales solaires nécessite un délai relativement court, de 20 à 24 mois, pour être mise en œuvre. Ce qui va améliorer la desserte en énergie électrique, a soutenu le ministre Teddy Lwamba qui précise que cet accord représente un engagement commun en faveur du développement durable et de l’innovation énergétique devant permettre de répondre aux besoins urgents de la population congolaise par une meilleure desserte en électricité.

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