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Depuis la ville martyre de Kisangani : Félix Tshisekedi lance le processus de salubrité constitutionnelle

C’est comme un symbole. C’est dans la ville plusieurs fois martyre de Kisangani, dans la province de la Tshopo, que le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi a publiquement annoncé sa volonté de modifier la Constitution qui régit la République démocratique du Congo depuis 2006. Un nouveau challenge, à l’aube de son second mandat à la tête du pays.

Dans sa détermination, le chef de l’État congolais se lance un nouveau défi, celui de changer la physionomie politique du pays et de le placer au diapason d’une démocratie du 21ème siècle. « Nous devons savoir que notre Constitution a des faiblesses, et n’est pas adaptées aux réalités du pays. L’année prochaine, une Commission réunissant les experts congolais sera mise en place pour aborder la question » a déclaré le chef de l’État congolais, le mercredi 23 octobre lors d’un meeting populaire dans la ville de Kisangani, où il se trouvait en mission d’itinérance.
Après avoir relevé quelques aspects négatifs de l’actuelle loi fondamentale, lesquels perturbent le bon fonctionnement des institutions, le Président congolais a dit sa détermination à doter le pays d’une constitution « adaptée à la réalité du pays, et qui ne puisse plus handicaper le bon fonctionnement de la nation ».
Pour rappel, divers spécialistes des questions constitutionnelles mais aussi des membres de la Société civile ont, à diverses occasions, relevé les lacunes de l’actuelle loi fondamentale congolaise et ont appelé à sa révision, ou carrément à son changement. Tout récemment, le professeur Jacques N’djoli avait déclaré dans un média de Kinshasa que la constitution congolaise actuelle, « avait atteint sa maturité et devrait être évaluée ».
Au cours de son adresse à la population de Kisangani, le chef de l’État congolais est revenu sur la question d’actualité qu’est la situation sécuritaire que traverse le pays. Avant de présider une réunion de sécurité sur place, il avait appelé au cours de ce meeting à la culture de l’unité des populations, « comme arme efficace pour barrer la route à l’ennemi ».

Appel à l’unité dans la diversité

« Le Congo que je dirige ne peut pas vivre dans la division, dans la propagation des discours de haine entre les peuples, au risque d’ouvrir une brèche à l’ennemi », a encore ajouté le Président de la République, faisant notamment allusion au récent conflit ethnique entre les tribus locales Mbole et Lengola, ayant entraîné la mort de plusieurs compatriotes.
Le meeting de Kisangani aura aussi été une occasion pour le Président Tshisekedi de renouveler son engagement à poursuivre l’investissement de l’État dans la jeunesse, à travers l’éducation. « Nous devons investir dans l’éducation de nos enfants pour préparer leur avenir, les préparer à gouverner un jour le pays et assurer la sécurité du pays », a-t-il insisté.
Cerise sur le gâteau, Félix Tshisekedi, qui mise sur l’amélioration des conditions de vie de la population, a mis à profit sa présence à Kisangani, pour visiter quelques projets d’infrastructures, notamment le Stade Lumumba à l’étape de finition, et le nouvel aéroport de Bangboka, complètement réhabilité aux normes internationales, et qu’il a eu l’honneur d’inaugurer au cours d’une cérémonie réunissant des membres du gouvernement sui ont effectué le déplacement ainsi que les autorités provinciales de la Tshopo.

La RDC élue au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU

La République démocratique du Congo a été officiellement élue le mercredi 9 octobre au Conseil des droits de l’Homme à Genève, aux côtés du Bénin, de la Gambie, du Kenya et de l’Éthiopie pour le groupe Afrique, et ce, malgré la polémique sur les entorses aux droits humains dans le pays. Les cinq pays siégeront pour trois ans, à partir du 1er janvier prochain.
Avec 172 voix sur les 190 votants, la République démocratique du Congo (RDC) a été largement élue – presqu’à l’unanimité – au Conseil des droits de l’Homme, qui siège à Genève — sans suspens, puisqu’il n’y avait que cinq candidats pour cinq sièges du côté du groupe Afrique sur les 18 sièges distribués cet après-midi à New-York.
La polémique qui avait enflé à Kinshasa, où les opposants réclamaient que le gouvernement respecte davantage les droits humains avant de candidater au Conseil, a réussi à atteindre en partie New York. Certaines ONG pointent du doigt les arrestations arbitraires. Elles citent notamment celles de l’ancien candidat à la présidentielle Seth Kikuni, des activistes Jacques Sinzahera, Gloire Saasita, Gloria Sengha, Robert Bunda et Chadrack Tshadio.
« Nous avons des préoccupations à Human Rights Watch aux côtés des Congolais, de mouvements citoyens, de membres de la société civile et des journalistes sur une répression croissante sur les droits civils et politiques », déclare Carine Kaneza Nantulya, la directrice adjointe de la division Afrique à Human Rights Watch qui déplore que nonobstant quelques condamnations, les responsables du meurtre d’au moins 57 personnes à Goma en août 2023 n’ont pas été véritablement tenus responsables.

L’Éthiopie et le Kenya n’échappent pas aux récriminations

L’ONG n’a pas non plus épargné l’Éthiopie et le Kenya dans ses critiques quant à l’insuffisance de respect des droits de l’homme dans ces pays. De leur côté, certains diplomates genevois rappellent que siéger au Conseil des droits de l’Homme oblige ses membres à modifier leur pratique dans ce domaine sur le long terme. Carine Kaneza Nantulya préférerait voir des progrès en amont de l’élection :
« Il est impératif que les gouvernements prennent au sérieux qu’une élection pareille ne devienne pas justement un encouragement, mais plutôt un prix gagné après un dur labeur et un travail qu’on devrait évaluer positivement. »

« Le monde entier va se tourner vers nous pour observer et vérifier si nous méritons cette place »

La directrice exécutive de l’ONG Afya Mama, Annie Modi, invite pour sa part les autorités congolaises à mesurer la portée de cette position au sein du système des Nations Unies. Au micro du correspondant de RFI à Kinshasa, Patient Ligodi, elle déclare : « Lorsqu’on siège dans ces institutions, ce n’est pas seulement pour soi, c’est aussi pour d’autres pays. C’est en étant un modèle que l’on peut prétendre évaluer d’autres nations sur la protection et la garantie des droits de l’homme vis-à-vis de la population. »
De son côté, Jonas Tshiombela, président de la Nouvelle Société Civile, énumère les cas récents de violations des droits de l’homme, notamment « la brutalité qui a accompagné la revendication des élèves dans la province du Kongo Central, à Matadi » et « la violence autour de l’arrestation du journaliste Patrick Lokala et les conditions de sa détention ». Pour leur part, les autorités congolaises se réjouissent de cette élection, assurant de se montrer à la hauteur de cette responsabilité.

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