Le risque d’escalade régionale, et peut-être même mondiale, dans la guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée le 7 octobre par une attaque fulgurante menée par ce dernier sur le territoire israélien, se confirmait mi-octobre.

La situation s’est surtout envenimée depuis que l’Iran s’est invité dans le conflit, en mettant en garde contre la perspective d’une offensive terrestre israélienne à Gaza, alors que des menaces, à peine voilées, étaient proférées dans les capitales occidentales enjoignant Teheran à la retenue.

Au Qatar où il était en visite, le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, en a remis une couche, évoquant la menace d’un possible élargissement du conflit. « Si les attaques du régime sioniste contre la population sans défense de Gaza se poursuivent, personne ne peut garantir le contrôle de la situation », a déclaré le diplomate iranien.

Mais il n’était pas le seul à partager la crainte. Du côté des Américains, on n’était pas non plus serein, comme l’a reconnu le conseiller à la Sécurité nationale, Jake Sullivan, pour qui, il existe « un risque d’escalade à ce conflit, d’ouverture d’un second front au nord, et bien sûr d’implication de l’Iran ».

C’est dans cette passe d’armes que le président français Emmanuel Macron a mis en garde son homologue iranien Ebrahim Raïssi « contre toute escalade ou extension du conflit, notamment au Liban ». En effet, Teheran entretient des liens étroits avec le Hezbollah libanais et le Hamas, qui bénéficient de son aide en matériel et en espèces sonnantes pour plusieurs millions de dollars. Son attitude dans le conflit israélo-palestinien est donc jugée déterminante pour l’évolution de la situation sur le terrain, notamment pour prévenir l’embrasement tant redouté.

La réalité du terrain

C’est sans compter sur les intentions belliqueuses des deux protagonistes. Car sur le terrain, et ce malgré les recommandations de l’ONU, le Hezbollah pro-iranien n’avait pas attendu pour commencer à en découdre avec Tsahal à la frontière avec le Liban.

« Un degré de plus sur l’échelle de l’escalade. Un petit degré, mais dans ce genre de situation les petits détails ont une énorme importance », a prévenu Heiko Wimmen, spécialiste d’International Crisis group.

Dans un communiqué, le Hezbollah a revendiqué une nouvelle attaque dans le nord d’Israël, affirmant avoir « tué et blessé plusieurs soldats ennemis » et détruit deux chars Merkava et un véhicule militaire.

Par ailleurs, le Hamas palestinien, qui a aussi des combattants au Liban, a annoncé avoir tiré plusieurs roquettes sur le nord d’Israël. De leur côté, les avions de chasse israéliens frappaient également des positions du Hezbollah.

Selon Jake Sullivan, les Etats-Unis ne peuvent pas « écarter l’hypothèse que l’Iran décide de s’impliquer directement d’une manière ou d’une autre ». Les Etats-Unis ont ainsi annoncé l’envoi d’un second porte-avions en Méditerranée afin de « dissuader les actions hostiles contre Israël ou tout effort visant à élargir cette guerre ».

Le décompte

Alors que plus de 1 400 tués ont été dénombrés en Israël lors de l’attaque du Hamas et plus de 155 Israéliens pris en otage, à Gaza, la riposte israélienne a fait plus de 2.670 morts et plus de 9.600 blessés, selon les autorités locales.

Israël a affirmé en outre avoir découvert 1 500 corps des combattants du Hamas à sa frontière avec la bande de Gaza.
« L’Iran ne peut pas rester les bras croisés » face à la situation à Gaza, a estimé le ministre des Affaires étrangères iranien, Hossein Amir-Abdollahian, sur Al-Jazeera. La République islamique soutient financièrement et militairement le Hamas. De son côté, l’influent sénateur républicain Lindsey Graham a averti Téhéran : « Si vous cherchez à envenimer cette guerre, vous nous trouverez ».

Comment le Hamas a percé à la défense israélienne

On la croyait infranchissable. L’exploit réalisé par l’opération fulgurante du Hamas, le 7 octobre, dénommée « Déluge d’al-Aqsa », a surpris le monde entier. En effet, l’opération a réussi à surprendre le redoutable dispositif de défense aérienne d’Israël, et surtout percer le célèbre « Dôme de Fer ».

Ce qui met également de l’eau dans le moulin de ceux qui soutiennent l’existence d’une puissance derrière les préparatifs, surtout sur son financement et la provenance du stock des missiles en possession du Hamas.

En effet, lors de l’offensive, le Hamas a lancé une multitude de missiles et de roquettes dans le Sud d’Israël, submergeant complètement les capacités du Dôme de Fer. Et, à en croire l’analyste militaire Alexeï Leonkov, le système de défense aérienne ne pouvait être en mesure d’intercepter toutes les frappes. Pour cet expert, le Hamas avait une connaissance précise des capacités du Dôme de Fer pour réussir à le surcharger et à épuiser ses réserves de missiles intercepteurs.

Par ailleurs, les canaux de guidage du Dôme de Fer ont montré leurs limites face à cette attaque massive. Ainsi, alors que Tel-Aviv l’avait annoncé capable de suivre jusqu’à 200 cibles et d’en abattre plus d’une centaine, cette opération a démontré que toutes les cibles ne peuvent être interceptées.

Chronologie du conflit

Le 7 octobre au matin, le Hamas lance une soudaine opération, terrestre, aérienne et maritime, provoquant 1 400 victimes, soit la pire attaque sur le sol israélien depuis 1948. En représailles, une pluie de bombes s’abat sur Gaza et cause des milliers de morts, sans compter des destructions d’immeubles.

La veille, l’État hébreu fêtait les 50 ans de la guerre du Kippour et la fin de Souccot célébrant l’exode hors d’Égypte du peuple juif.
Tôt le matin, près de 5 000 roquettes sont tirées depuis Gaza. Dans le même temps, des commandos palestiniens parviennent à franchir à divers endroits la « barrière de sécurité » avec Israël, pourtant réputée hermétique.

Ils investissent un festival où ils massacrent et kidnappent des populations civiles et militaires. Le bilan officiel à la fin de la première journée était de 200 morts et 100 blessés côté israélien, 232 morts à Gaza. Israël annoncera plus tard avoir identifié 1 500 corps de terroristes palestiniens. L’Occidental condamne l’attaque du Hamas et soutien le « droit d’Israël à se défendre » tandis que la Russie demande la création d’un État palestinien. Israël coupe l’eau et l’électricité à Gaza.

8 octobre : le monde découvrent l’ampleur de l’attaque. La presse évoque un « 11 septembre d’Israël ».
Le nombre d’otages emmenés à Gaza est évalué à plus de 100 personnes de plusieurs nationalités et de nombreux disparus.
À Gaza, l’armée de l’air israélienne a déclenché son « Opération Sabre de fer ».9 octobre : la livraison de gaz et de nourriture est stoppée. Tsahal affirme avoir repris le contrôle de son territoire. On dénombre 900 morts et 2 600 blessés côté israélien, 570 morts palestiniens.

10 octobre : les représailles sur Gaza s’intensifient.

11 octobre : le Premier ministre israélien Netanyahu et le leader de l’opposition Benny Gantz s’accordent sur un gouvernement d’urgence et d’union nationale.

12 octobre : préparation d’une opération militaire de grande envergure.

13 octobre : en Cisjordanie voisine, onze Palestiniens sont tués par Tsahal et des colons. Au Liban, un journaliste de Reuters est tué et six autres blessés dans un bombardement.

14 octobre : Israël annonce la mort de deux hauts cadres du Hamas.

15 octobre : les manifestations s’intensifient au Proche et Moyen-Orient.

16 octobre : L’Iran met en garde Israël et évoque l’extension du champ de bataille. Le Hamas diffuse la vidéo de Mia Shem, otage franco-israélienne de 21 ans.

17 octobre : un hôpital est bombardé à Gaza : 100 à 300 morts selon le renseignement américain et 471 pour le ministère palestinien de la Santé. Hamas et Israël se rejettent la responsabilité.

18 octobre : Joe Biden atterrit en Israël. Il apporte un soutien inconditionnel à Israël et l’exonère de la responsabilité de la frappe sur l’hôpital. Il annonce un accord pour l’ouverture du point de passage de Rafah.

20 octobre : Deux otages américaines, une mère et sa fille, sont libérées après une médiation du Qatar. Antonio Guterres se rend à Rafah pour le démarrage d’une opération humanitaire urgente.

21 octobre : Un premier convoi d’aide alimentaire et médicale entre à Gaza.

22 octobre : le ministère de la Santé du Hamas annonce qu’au moins 4 651 Palestiniens et 29 employés de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens ont été tués dans les bombardements israéliens, après deux semaines de guerre.

Face au carnage, le pape a appelé à la fin de la guerre : « La guerre est toujours une défaite, c’est une destruction de la fraternité humaine. Frères, arrêtez, arrêtez ! », a déclaré le Saint Pontife dans un « Message pour la paix dans le monde entier ».

Publicité