La Belgique vient de décider de restituer à la République démocratique du Congo « la propriété » des œuvres d’art volées aux populations congolaises par des colons pendant la période coloniale.

Une vaste réflexion avait été entamée dans ce sens au niveau du Secrétariat d’État belge chargé de la Politique scientifique.

Le Conseil des ministres restreint a validé, début juillet, les conclusions des débats initiés à ce sujet et qui, à en croire des milieux proches du dossier, achoppaient surtout sur les enjeux liés à la propriété des objets spoliés et à leur retour matériel.

En effet, pour Bruxelles, le fait de « restituer la propriété », telle que décidé par le gouvernement belge, ne signifie pas automatiquement renvoyer l’œuvre dans son pays d’origine. Il doit plutôt être compris dans le sens que le Congo en « redevient juridiquement propriétaire ».

Ce qui signifie encore que Kinshasa a désormais la latitude de solliciter le rapatriement de ses objets d’art, pour la plupart détenus au Musée d’art de l’Afrique centrale à Tervueren, en banlieue de Bruxelles. Plusieurs pistes sont en train d’être explorées au niveau des experts, notamment celles consistant à impliquer les scientifiques congolais sur le terrain, à entamer un dialogue avec les autorités de la RDC et à constituer une commission pour un transfert des objets dans des conditions optimales.

Les chercheurs prenant part aux travaux ont subdivisé les œuvres en trois catégories. Il s’agit à cet effet des pièces dont on a la certitude qu’elles ont été acquises de manière illégale, notamment par la force après parfois une confrontation violente ou alors après pillage d’un côté, les œuvres acquises de façon légitime, de l’autre, et enfin celles pour lesquelles aucune certitude n’existe Depuis les années 70, plusieurs activistes débattent et parfois organisent des manifestations pour fustiger la provenance et les conditions d’acquisition et exiger la nécessité de restituer les œuvres d’art acquises illégalement pendant la colonisation, soit entre 1885 et 1960.

Il faut également reconnaître que le mouvement Black Lives Matter, consécutif au décès du Noir américain George Floyd, étouffé par des policiers blancs, a donné un coup d’accélérateur aux revendications.

L’Allemagne également concerné par la problématique

Mais c’est l’Allemagne qui pourrait être le premier pays européen à restituer des œuvres volées, après plusieurs pressions exercées sur les autorités. En tout cas, après avoir longtemps tergiverser, Berlin a finalement décidé, en mars, de restituer au Nigeria, déjà au début de l’année prochaine, des bronzes du Bénin. « Nous sommes prêts à assumer nos responsabilités historiques et morales et à effectuer un travail de mémoire sur le passé colonial de l’Allemagne », a souligné la ministre de la Culture allemande, Monika Grütters, qui a parlé d’un tournant, au terme d’une réunion avec des experts.

Plus d’un millier de ces bronzes, qui décoraient le palais royal du Bénin et qui figurent parmi les œuvres les plus réputées de l’art africain, se trouvent en Allemagne après leur pillage par les Britanniques à la fin du 19ème siècle.

La ministre allemande de la Culture espère toutefois qu’un accord pourra être trouvé pour que des bronzes puissent rester en Allemagne sous la forme, par exemple, d’un prêt, surtout que le musée devant accueillir les œuvres au Nigeria n’est pas prêt. Plusieurs scénarios restent encore passibles.

Onésha Afrika avec l’ACP

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