L’Éthiopie et l’Egypte se rejettent la responsabilité de l’échec des négociations tripartites, avec le Soudan, au sujet du méga-barrage construit sur le Nil par Addis Abeba, dont un quatrième round s’est achevé mi-décembre sur une nouvelle impasse.

Le Grand barrage de la renaissance (Gerd), qui a coûté environ 3,5 milliards d’euros, est au cœur de vives tensions régionales depuis que l’Éthiopie a commencé sa construction en 2011. L’Égypte et le Soudan, situés en aval, considèrent ce projet comme une menace pour leur approvisionnement en eau. Ils ont demandé à plusieurs reprises à Addis Abeba de cesser de le remplir jusqu’à ce qu’un accord soit conclu sur ses modalités de fonctionnement.
Mais l’Éthiopie poursuit les opérations de remplissage, la dernière le 10 septembre. Une quatrième série de négociations, qui s’est tenue entre le 17 et le 19 décembre dans la capitale éthiopienne, « a échoué en raison du refus persistant de l’Éthiopie d’accepter toute solution de compromis technique ou juridique qui sauvegarderait les intérêts des trois pays », a dénoncé le ministère égyptien des Ressources en eau et de l’Irrigation.
« Il est devenu évident que l’Éthiopie choisit de continuer d’exploiter le processus de négociations comme prétexte pour consolider un fait accompli sur le terrain », accuse le ministère.
L’Égypte « surveillera de près le remplissage et l’exploitation du Gerd et se réserve le droit, conformément aux chartes et accords internationaux, de défendre son eau et sa sécurité nationale en cas de dommage », a-t-il menacé.

L’Égypte « conserve une mentalité coloniale », accuse Addis Abeba

L’Ethiopie « s’est efforcée et s’est activement engagée avec les deux pays riverains en aval pour résoudre les principaux points de divergence et parvenir à un accord à l’amiable », a répondu pour sa part le ministère éthiopien des Affaires étrangères dans un communiqué, accusant l’Egypte d’avoir « conservé une mentalité de l’époque coloniale et érigé des obstacles aux efforts de convergence ».
Addis-Abeba s’est également dite prête « à parvenir à un règlement amiable et négocié qui réponde aux intérêts des trois pays et attend avec impatience la reprise des négociations ».
Les négociations précédentes sur le remplissage et l’exploitation du barrage n’ont jusqu’à présent pas permis d’aboutir à un accord. Le méga-barrage hydroélectrique (1,8 km de long, 145 m de haut) est jugé vital par Addis Abeba, car il doit générer à terme plus de 5 000 mégawatts. Cela doublerait la production d’électricité de l’Éthiopie, à laquelle seule la moitié des 120 millions d’habitants du pays a actuellement accès.
L’Égypte le considère comme une menace existentielle, car elle dépend du Nil pour 97% de ses besoins en eau.
La position du Soudan, actuellement en proie à une guerre civile, a fluctué ces dernières années.

L’Éthiopie obtient un accord avec le Somaliland pour son accès à la Mer rouge

Le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed (Image : cnbcfm.com)

L’accord conclu avec le Somaliland « ouvrira la voie à la réalisation de l’aspiration de l’Ethiopie à sécuriser son accès à la mer et à diversifier son accès aux ports maritimes », explique un communiqué des services du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed sur X (anciennement Twitter). « Il renforce également leur partenariat sécuritaire, économique et politique », selon les deux entités signataires.
L’Ethiopie pourra ainsi acquérir une part non précisée du port de Berbera, au bord de la mer Rouge, un port africain sur la côte méridionale du golfe d’Aden, à l’entrée de la mer Rouge qui mène au canal de Suez.

À la recherche d’accès à une voie commerciale majeure

L’Éthiopie cherche, depuis un conflit avec l’Érythrée en 2000, un accès à la mer Rouge, une voie commerciale majeure reliant l’Afrique de l’Est au Moyen-Orient, à l’Europe et à l’Asie.
Jusqu’à présent, le seul accès de l’Éthiopie à la mer Rouge est le port de Djibouti. Les négociations avec les voisins d’Érythrée et de Somalie ont par ailleurs échoué par le passé et se sont souvent soldées par des tensions politiques exacerbées.
Ancien territoire britannique, le Somaliland a unilatéralement déclaré en 1991 son indépendance de la Somalie, alors que ce pays plongeait dans un chaos dont il n’est toujours pas sorti. S’il dispose de ses propres institutions, le Somaliland n’a jamais vu son indépendance reconnue par la communauté internationale.

Publicité