Le président de la République démocratique du Congo, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, a accordé une interview exclusive, le mercredi 9 novembre, à Onésha Afrika, la première jamais concédée à un magazine africain.

Le chef de l’État congolais a renouvelé son intention de briguer un second mandat à la tête de la République démocratique du Congo, dans une interview qu’il nous a accordée et qui a été reprise par certains médias dont l’agence Belga et The Washington Times.

A cette occasion, le Président Félix Tshisekedi a réaffirmé sa volonté de solliciter un second mandat, estimant qu’un seul mandat ne suffit pas pour parachever son action visant à redresser son pays, à lui redonner sa fierté et à assurer son développement.

Dans cette interview, le chef de l’État congolais a également fait la genèse de la crise dans l’est du Congo, qui date d’une vingtaine d’années, très exactement depuis 1994, avec le génocide rwandais, et la création de rébellions qui ont occupé l’est dans son grand ensemble, mais aussi de résistances locales et une insécurité à n’en point finir.

Il a par ailleurs expliqué que le Programme de développement des 145 territoires, qu’il vient d’initier, est une voie pour éradiquer le mouvement d’exode vers les centres urbains qui, sans aucun plan d’urbanisation, sont aujourd’hui totalement débordés, occasionnant des inondations, des glissements de terrain et des érosions ».

Concernant le dossier des échéances électorales à venir, il a soutenu qu’à part la menace de l’insécurité, il ne voit aucun autre problème susceptible d’empêcher la tenue des élections dans les délais.

Ci-après l’intégralité de ces propos recueillis au Palais de la Nation par notre éditeur.

ONESHA AFRIKA : Monsieur le Président, merci pour l’interview que vous accordez au magazine Onésha Afrika, pour la première fois. C’est le 24 janvier 2019 que vous devenez officiellement le chef de l’État de la RDC. Aujourd’hui, trois ans plus tard, comment appréhendez-vous votre fonction ?

Le Président Félix Tshisekedi : D’abord, je tiens à vous remercier et à encourager ce magazine congolais, en lui souhaitant bon vent et plein succès dans son évolution. Effectivement depuis que je suis devenu chef de l’État, j’ai acquis beaucoup d’expérience grâce à mes contacts ici, mais également en international.

J’ai consacré beaucoup de temps à comprendre les raisons pour lesquelles mon pays était tombé si bas, alors que c’est un pays qui possède beaucoup d’atouts dans beaucoup de domaines, des atouts qui peuvent faire de lui le fer de lance des nations du monde. Et, depuis tout ce temps, je m’attèle à faire reculer les fléaux qui ont frappé ce pays.

Je pense ici à la pauvreté, à l’insécurité mais également à la corruption qui est vraiment à la base de tout le mal que nous vivons, y compris les fléaux que j’ai cité de pauvreté et d’insécurité. Voilà ce à quoi je me suis attelé et que je continue à faire, en développant évidemment les politiques qu’il faut.

Aujourd’hui avec le gouvernement, qui conduit la politique du pays, nous avons atteint beaucoup d’objectifs, nous avons réalisé beaucoup de projets, de paramètres et je crois que nous pouvons dire avec confiance que nous sommes en train de remettre le Congo sur les rails, les bons rails en tout cas et qui vont faire que demain nous atteignions les objectifs de développement durable à l’horizon 2030.

O.A : La RDC est un vaste pays et donc une multitude de défis à relever. Est-ce facile ? Est-ce possible ?

F.T : Non, ce n’est pas facile. C’est possible d’abord, avec la volonté et la détermination, mais également avec l’engagement, parce qu’en arrivant en tête du pays, j’ai constaté qu’à cause de toutes les crises qu’il y a eues dans ce pays et toutes les difficultés, les Congolais ne croyaient plus en leur pays.

Ici je pense surtout à une frange de la population que j’estime être la plus porteuse, c’est-à-dire la jeunesse.
Notre jeunesse était vraiment désespérée quand je suis arrivé à la tête de ce pays. Regardez les conditions dans lesquelles l’éducation se fait. Il n’y avait aucun débouché sûr à la sortie des études. Il n’y avait aucun encadrement social, que ce soit au niveau de la famille, au niveau de la société, … Donc il y a beaucoup de choses à faire de ce côté-là.

Mais aujourd’hui, avec la politique que nous impulsons, nous voyons que le patriotisme revient. Il n’y a qu’à voir aujourd’hui l’engouement à défendre la patrie. C’étaient des choses qu’on ne voyait plus, tellement que le désespoir avait atteint des proportions énormes. Aujourd’hui nous sommes en train, comme je l’ai dit, de redorer l’image ternie de notre pays.

Tout ce que je demande est que chaque Congolais là où il est, dans ce qu’il fait, se mette à croire dans ce pays. Ce pays est un véritable don de Dieu. Nous avons le devoir et la responsabilité de le relever, de le diriger de telle sorte qu’il regagne la place qui est la sienne, celle de leader continental et même mondial.

O.A : Puisque nous parlons des défis à relever, le plus épineux est certainement l’insécurité à l’Est. Comment expliquez-vous ce problème ? Quels en sont les protagonistes et comment entrevoyez-vous la sortie de crise ?

F. T : C’est déjà un problème qui date d’une vingtaine d’années, très exactement depuis 1994, année où il y a eu ce drame que nous déplorons tous, le génocide rwandais. Et c’est à l’appel de la communauté internationale que le Zaïre d’alors avait ouvert ses frontières aux sinistrés, aux réfugiés et à tous ceux qui fuyaient le génocide.

Et malheureusement, dans le flot des refugiés, il y a eu les génocidaires eux-mêmes, qui étaient en perdition au niveau des combats à Kigali et autour.

Et donc, parce qu’ils se sont dans l’entretemps organisés ici, ils ont commencé à porter aussi des attaques sur le Rwanda. Et avec le temps, le Rwanda a obtenu, même de manière implicite, le droit de poursuite. Et l’un dans l’autre, le régime du Maréchal Mobutu tombait. Un autre régime s’installait à la faveur du Rwanda et de l’Ouganda.

Lorsque plus tard les relations se sont détériorées, ils avaient déjà contrôlé certains rouages de la république, certaines personnalités politiques aussi. Cela a fait qu’ils ont créé des rébellions qui ont occupé l’Est du pays dans son grand ensemble, donc l’Est et le Nord du pays. Ce sont ces rébellions qui ont provoqué évidemment des résistances locales, par la formation des groupes armés, occasionnant une insécurité à n’en point finir.

Ce sont ces groupes armés qui ont évolué au gré des alliances et des désalliances et qui ont fait qu’aujourd’hui, il y a une insécurité criante. Ajoutez à cela l’exploitation illicite des minerais, parce que ce sont des zones riches en minerais. Vous ajoutez aussi à cela les trafics de tous genres, des trafic d’armes, de minerais, d’êtres humains, des trafics de produits agricoles également.

Donc c’est devenu des zones de non droit. Parce qu’évidemment dans l’entretemps, les voisins ont vu qu’il y avait matière à profiter, ils ont souhaité entretenir cette insécurité parce que, d’une part, ça faisait une zone tampon entre leur pays et la RDC et, d’autre part, c’était un terreau fertile pour leurs activités illicites d’exploitation de nos ressources naturelles.

Voilà donc dans quoi nous nous trouvons. Nous sommes arrivés à la tête de ce pays en faisant cet amer constat. Et donc moi, d’entrée de jeu, je suis allé voir tous nos voisins en général, il y en a neuf, pour leur dire que moi je veux la paix dans mon pays, je veux le développement.

Puisque nous serons de toutes les façons voisins vie, je vous propose de nouer des partenariats, d’améliorer nos relations diplomatiques, d’aller sur des projets de développement, des projets de construction d’infrastructures entre nos pays, d’échanges culturels et autres, qui feraient que nous allons accroitre la richesse pour nos pays.

Beaucoup m’ont entendu. Mais malheureusement, il y en a qui ont fait semblant. Et c’est le cas du Rwanda. Parce que trois ans après, il soutenait de nouveau un groupe armé qui avait pourtant disparu depuis une dizaine d’années. Ce, dans le but de déstabiliser la RDC et maintenir cet ordre ou ce désordre.

O.A : À vous entendre parler, Monsieur le Président, vous avez donc repéré les protagonistes ?

F.T : Bien sûr, les protagonistes sont repérés, les causes également. Maintenant il faut combattre cela. Nous parlons ici d’un phénomène qui a pris racine, qui est devenu un mode de fonctionnement de la société depuis une vingtaine d’années. C’est tout une génération. Imaginez-vous qu’il y a des jeunes Congolais qui sont nés et quand ils ont commencé à comprendre des choses, ils étaient déjà dans cette situation.
Pour eux, il n’y a pas d’autre modèle de fonctionnement d’une nation, d’une société que celui-là.

Donc c’est très difficile parce qu’il faut s’attaquer aux méthodes, aux pratiques qui se font, aux viols, aux violences, aux trafics, … Mais aussi aux mentalités, parce qu’il y a des gens qui n’ont plus de sentiments, qui sont nés dans la violence. Pour eux, cette violence est normale.

C’est vraiment un travail de longue haleine et pour moi, ca doit commencer par la montée en puissance et l’organisation de nos forces de défense et de sécurité. Ce à quoi nous nous attelons pour le moment. Ensuite nous allons instaurer ou réinstaurer l’autorité de l’État dans tous ces coins là, parce qu’il faut une justice, il faut des autorités, il faut une police pour protéger les communautés.

À partir de ce moment-là, il y aura un ordre républicain qui reviendra et qui fera que les gens seront obligés soit de se ranger derrière cet ordre républicain ou de s’exclure de la société, en étant arrêté, condamné et mis au banc de la société. C’est cela le plan de sortie de crise.

O.A : M. le Président, vous venez d’initier un vaste projet de développement des 145 territoires, un projet ambitieux de développer la RDC depuis la base et qui pourrait marquer un tournant décisif de votre mandat de Président de la République.

F.T : Moi je pense plus à mon pays qu’à mon mandat. Le mandat, ce sont les Congolais qui jugeront le moment venu. Mais l’idée première, comme je vous ai dit, est de développer ce pays qui a énormément d’atouts. Je suis parti du principe que si on commençait par les 145 territoires qui composent notre pays et qui aujourd’hui se trouvent dans une situation déplorable, lamentable de dégradation sociale et infrastructurelle et bien d’autres choses …

Nous commencerons par construire ou refaire ces territoires, en instaurant l’autorité de l’Etat, donc en construisant des bureaux de l’administration du territoire, en construisant une école de référence – primaire et secondaire au besoin -, une technique, de formation professionnelle, en construisant un centre de santé de référence une route principale qui irait de ce territoire au territoire voisin, et si tous les territoires faisaient la même chose, en très peu de temps nous atteindrons l’intégration nationale.

Ensuite on va doter chaque territoire d’une brigade routière pour entretenir ces routes, mais également d’une brigade agricole, parce que tous nos territoires ont toujours ce côté agricole. Et c’est partout au Congo que la terre est arable, la terre est fertile, et qu’on peut développer une activité agricole qui va non seulement donner de l’emploi, mais également permettre de lutter contre le déficit alimentaire.

Ainsi on contribuera également à éradiquer les mouvements d’exode vers les centres urbains qui, aujourd’hui, sont totalement débordés. On le voit aujourd’hui avec Kinshasa qui encore, il y a une quarantaine d’années, ne comptait pas plus de 5 millions d’habitants. Mais aujourd’hui, on est presqu’à 15 millions d’habitants et le plan d’urbanisation n’ayant pas suivi, nous en avons des conséquences.

Les gens bâtissent n’importe où, sans plan d’urbanisation, et cela crée des inondations, des glissement de terrains, des érosions. Parce que les villes n’étaient pas adaptées à accueillir autant de monde, on a des problèmes d’addiction d’eau potable, de distribution d’électricité, alors que nous n’y étions pas préparés. Le but ici est de faire comprendre aux Congolais qu’il n’y a pas que les villes qui peuvent procurer le bien-être, la joie de vivre.

On peut aussi très bien vivre dans des milieux ruraux, dans nos territoires, dans nos villages. J’oubliais aussi de dire que dans chaque territoire, on va apporter de l’eau et de l’électricité, des constructions de logements pour permettre même à des gens qui ont vécu à l’étranger, qui ont été formés à l’extérieur de pouvoir revenir et se dire qu’on va aller habiter dans notre territoire, parce qu’on a tous les besoins essentiels et propices à pouvoir produire les meilleurs de soi.

Voilà pourquoi je tiens beaucoup à ce plan. Il a déjà commencé dans certains endroits. Très bientôt je vais le lancer officiellement et montrer au peuple congolais ce qui a déjà été fait et ce qui est à venir. Donc c’est un plan qui va prendre beaucoup de temps, mais en tout cas qui va relever le Congo une fois pour toute.

O.A : Etes-vous optimiste pour sa réalisation dans les délais ? Surtout qu’il devra engloutir une enveloppe de 1,9 milliard de dollars.

 F.T : L’argent n’est pas le souci. Grâce à Dieu d’ailleurs, c’est un projet qui a énormément séduit même la communauté internationale. La Banque mondiale et d’autres institutions internationales se disent très intéressées à ce projet et prêtes à venir nous accompagner. Le temps, vous savez, appartient à Dieu.

Moi je ne calcule pas les choses que je fais dans mon pays en fonction du temps, parce que je ne veux pas attirer la gloire pour moi-même. Mon but ici est de redorer le blason terni de la RDC, mon pays, et surtout de redonner la confiance dans son pays, l’amour de sa patrie et la dignité perdue aux Congolais.

O.A : Monsieur le Président, vous venez de participer à l’Assemblée générale des Nations Unies, tenue à un moment particulier où les relations entre les États subissent de sérieux coups de butoir. Quelle a été votre impression au cours de l’Assemblée et quelle est la position de la RDC, que vous incarnez, au sujet de ce remodelage des relations ?
 
F.T : Les grands enjeux pour lesquels moi j’ai participé à cette Assemblée, c’était d’abord de stigmatiser la situation de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui a occasionné d’ailleurs des conséquences aussi pour l’Afrique. Nous avons été touchés économiquement. C’était également l’occasion de condamner l’invasion de l’Ukraine par la Russie et de demander que ce conflit prenne fin. Il y avait aussi cet enjeu climatique.

Notre planète se réchauffe et l’Afrique qui est le continent qui pollue le moins subit malheureusement les plus graves conséquences. C’était aussi une tribune pour faire le plaidoyer de notre continent et dire qu’il y a eu des promesses faites par les pays pollueurs de mettre davantage des moyens pour aider les pays victimes de leur pollution à faire face aux changements climatiques.

Le plaidoyer était aussi fait en faveur de l’Afrique en général, par rapport à cette insécurité qui menace aujourd’hui la stabilité du continent, du fait de ces groupes terroristes islamiques qui sont nés après la guerre qu’on a faite contre la Libye du défunt Kaddafi. Donc il y a une certaine part de responsabilité de l’Occident, qui avait lancé cette guerre. Cette part de responsabilité à venir aider les Africains à s’en sortir.

Enfin j’ai mis les doigts sur l’expérience malheureuse que vit la RDC. J’en ai parlé dans l’intervieuw ici par rapport à l’agression dont nous faisons l’objet de la part du Rwanda. J’ai dénoncé cela du haut de la tribune des Nations Unies pour dire que si le monde civilisé, ou occidental – appelons le comme on veut -, moderne, si le monde en tout cas condamne l’agression de l’Ukraine par la Russie, nous vivons le même schema vis-à-vis du Rwanda qui, sous couvert du groupe M23, agresse aussi la RDC.

Et pouqoi y a-t-il cette sorte de deux poids deux mesures qui consiste à dire dans un cas qu’on condamne  la Russie mais dans l’autre alller négocier avec vos agresseurs, sans aucune contamnation du Rwanda ? Alors, c’est cette injustice que j’ai voulu mettre en exergue lorsque j’ai pris la parole à la tribune des Nations Unies.
 
O.A : Un autre dossier qui fait frémir certains milieux concerne la mise en exploitation des 27 blocs pétroliers et gaziers. Comment voyez-vous le problème et surtout comment comptez-vous contenter toutes les parties, écologistes et économistes ?

F. T. : En fait il y en a 33 au total. D’abord je tiens à dire qu’aucune convention internationale, qu’aucune mesure ou accord signé au niveau international ne nous interdit de mettre en valeur nos ressources. Aujourd’hui c’est vrai, le monde est menacé, comme je l’ai dit, par le changement climatique, le réchauffement de cette planète qui entraîne un dereglement climatique avec les conséquences que l’on voit sur l’agriculture, sur les populations.

Mais ce n’est pas parce que le Congo va exploiter ses ressources naturelles que cela va aggraver la situation. Aujourd’hui, avec le conflit en Ukraine, nous avons vu que des pays comme l’Allemagne, la France et autres, qui avaient mis fin à l’exploitation de leurs énergies fossiles, ont repris la production du charbon pour les uns, de l’énergie nucléaire pour les autres, alors qu’il y avait des sites qui avaient été fermés. Ils les ont rouverts pour faire face aux besoins, à la carence de l’énergie qu’ils subissent en ce moment.

De même en RDC, j’ai parlé de la pauvreté, des difficultés que nous avons au niveau du développement, des problèmes d’insécurité. Tout cela demande des ressources. Et ces ressources, nous n’allons pas les quémander ad vitam aeternam alors que nous sommes assis dessus. Aussi, nous avons voulu, comme tout pays indépendant, jouir des ressources qui sont les nôtres.

Bien entendu, le Congo est un pays aux multiples atouts, et parmi ceux-ci il y a aussi cette capacité à apporter des solutions au dérèglement climatique. Malheureusement, il se fait que certaines de ces ressources, certaines de ces réserves naturelles se trouvent dans des zones dites protégées. Je pense ici par exemple au Parc de Virunga, qui est le plus grand parc naturel du monde et qui est une zone protégée, un espace qui contribue, grâce à sa foret, à capter le carbone, à protéger le climat. Et donc la biodiversité.

Tout cela fait que nous n’allons pas exploiter ces ressources se trouvant dans le parc de Virunga sans avoir au préalable mesuré l’impact environnemental. Donc, si demain les spécialistes en environnement nous démontrent qu’il y aura un impact négatif à l’exploitation de ces ressources se trouvant au parc de Virunga, nous allons immédiatement arrêter.

Nous parlons ici de 33 gisements gaziers et pétroliers. Il n’y en a que 6 qui sont concernés par leur situation à problème, les 27 autres sont totalement libres d’exploitation et sans aucune conséquence du tout. Et là j’aimerais dire que le Congo ne va pas galvauder ses atouts de « pays solution » aux problèmes environnementaux, parce qu’il veut nécessairement chercher de la richesse, chercher à exploiter ses gisements.

Mais j’aimerais quand même attirer l’attention de la communauté internationale sur cette hypocrisie qui consiste à nous interdire de chercher le bien-être et l’amélioration des conditions de vie de nos populations, en prétextant justement cette histoire d’environnement. Mais aujourd’hui le parc de Virunga est occupé et détruit.

Cette aire protégée que le monde entier nous envie, qu’on nous demande de garder, ce patrimoine mondial est aujourd’hui en train d’être complètement mis en danger à cause de l’activisme des groupes armés. Des groupes armés y vivent, déboisent, s’attaquent à la faune et à la flore, coupent le bois, pour se loger ou se chauffer.

Aujourd’hui la démographie a fait qu’un nombre exponentiel de populations vivent aux abords de ce parc et en exploitant justement le bois et autres, tout cela fait qu’on est en train de tuer petit à petit le parc de Virunga. C’est valable pour toutes les aires protégées de la RDC. Donc nous demandons simplement à ce que nous ayons des moyens pour pouvoir donner d’abord à ces populations des moyens de substitution afin qu’ils ne continuent pas d’accentuer la déforestation et que nous puissions avec eux protéger nos forêts.

Mais également avec ces ressources, nous pouvons renforcer la capacité de nos forces de défense et de sécurité pour pouvoir mettre fin à l’activisme des groupes armés qui sévissent dans ces zones-là.
 
O.A : Les élections générales devront être tenues fin 2023. Vous voyez-vous dans la capacité de les organiser dans les délais constitutionnels ?

F.T : Près de 400 millions de dollars ont déjà été décaissés pour cette organisation. En tout cas, à part la menace de l’insécurité, je ne vois aucun problème qui puisse empêcher la tenue des élections.
 
O.A : Etes-vous candidat à votre succession ?
 
F.T : Oui. Je crois que je l’avais annoncé déjà. Je suis candidat. Je suis en train de m’activer à redresser ce pays, à lui redonner sa fierté et à le remettre sur les bons rails afin d’assurer son développement. Et je pense qu’en un mandat, cela ne suffit pas. Le moment venu, nous présenterons le bilan à mi-parcours, parce que je souhaite un deuxième mandat.

Et en ce moment-là, les Congolais jugeront si vraiment le travail qui a été effectué est porteur d’espoir. Ainsi ils jugeront s’ils peuvent me refaire confiance ou pas.

O.A : Le mot de la fin

F.T : Le mot de la fin, c’est celui de rappeler encore à nos compatriotes l’élan patriotique, celui de défendre la patrie. Le pays est en danger. Je crois que l’aventure du M23 doit nous apprendre sur nos faiblesses et sur le fait aussi que nous sommes un pays qui est porteur de tellement d’espoir qu’il provoque aussi de l’envie de la part de nos voisins et des puissances encore plus éloignées. Et donc, il est du devoir de chaque Congolais de se lever et de travailler pour son pays.

Notre pays a besoin de toutes nos mains, de toutes les intelligences pour pouvoir le positionner de telle sorte qu’il soit protégé et libre d’évoluer en toute quiétude, sans risque de perturbations ou de déstabilisation. Cela demande évidemment un sursaut patriotique au-delà de nos convictions politiques, de nos appartenances tribales, religieuses ou autres.

Nous sommes des enfants d’une même patrie, la mère-patrie qui s’appelle la RDC, et cela va au-delà de toute autre considération. Aimons le Congo, mettons-nous ensemble pour le bâtir.

Publicité