Accueil Actualité Centrafrique-France : « Je t’aime moi non plus » !

Centrafrique-France : « Je t’aime moi non plus » !

Sylvain Itté, ambassadeur, envoyé spécial pour la diplomatie publique en Afrique

La Centrafrique et la France veulent taire leurs bisbilles. C’est dans ce cadre que l’ambassadeur Sylvain Itté, ambassadeur français pour la diplomatie publique en Afrique a effectué une visite de 5 jours en République centrafricaine. Objectif annoncé : « dresser un bilan » des relations franco-centrafricaine pour reprendre « un dialogue constructif ». La France a gelé son aide budgétaire et suspendu une partie de sa coopération militaire au printemps.

Après avoir gelé son aide budgétaire et suspendu une partie de sa coopération militaire au printemps, la France veut remettre les pendules à l’heure avec la Centrafrique. La France a gelé son aide budgétaire et suspendu une partie de sa coopération militaire au printemps.

En cause, selon Paris, l’influence grandissante des paramilitaires russes en RCA et la multiplication des fausses informations et propos hostiles à la France. Des « manipulations » selon Sylvain Itté. « Elles sont multiples, multiformes, elles se situent ici en RCA, en France, dans des pays limitrophes de la RCA.

 Nous les connaissons, nous savons absolument qui en sont les auteurs et parfois les commanditaires. » Serge Ghislain Djorie, ministre de la Communication et des médias et porte-parole du gouvernement : «Nous voulons dire à l’ensemble de la population centrafricaine et de la population française que nous n’avons aucun souci avec la France. Par rapport à ce qui se trame en termes de campagne de désinformation, nous allons travailler là-dessus. Ceux qui sont en charge de cela, nous commençons à les identifier.

Je pense que dans un bref délai, nous allons répondre à leurs préoccupations.» La Centrafrique, avec Faustin Archange Touadera, ne semble pas être en odeur de sainteté avec la France. Au cœur de cette mésentente, le rapprochement des centrafricains de la Russie plutôt que de l’Hexagone. Et, cela n’est pas du goût des Français qui considèrent ce rapprochement comme un acte belliqueux.

La Russie a profité de la déconvenue de la France

La Centrafrique veut s’assumer sur le plan des relations diplomatiques et du développement. Elle veut être responsable de ses choix diplomatiques. Pour éviter d’être sous le prisme de la « Françafrique », elle veut former avec d’autres pays des relations solides, fondées sur le respect réciproques et mutuels.

La Russie depuis quelques années a montré un net intérêt pour le continent africain, notamment pour sa partie subsaharienne, jusqu’ici chasse gardée d’anciens pays colonisateurs dont la France. Un intérêt qui ces dernières s’est accru jusqu’à l’organisation en 2019 du premier sommet Russie-Afrique à Sotchi.

Mais la véritable vitrine de la présence russe en Afrique est actuellement sans aucun doute la République Centrafricaine(RCA). Là-bas, la coopération est au si beau fixe, qu’elle a été il y a peu, le sujet d’un film d’action, salué par la critique en Russie et en RCA. La Russie a choisi selon les experts, comme stratégie d’approche de l’Afrique, un angle d’attaque que le continent a souvent recherché, la coopération militaire.

Cependant pas une coopération de substitution, mais un véritable appui logistique et tactique. Un angle d’approche différent de celui essentiellement économique de la Chine et principalement politique de la France. Depuis 2015, la Russie a conclu des accords de coopération militaire avec de nombreux pays africains. Des accords impliquant la fourniture d’armes et la formation dans des domaines tels que la lutte contre le terrorisme et la piraterie.

Dans ce cadre, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a visité cinq pays d’Afrique, assisté à un sommet en Afrique du Sud et s’est rendu au Rwanda, alors présidence de l’Union africaine. Mais la coopération avec la RCA est sans nul doute le meilleur exemple de l’influence du pays en Afrique.

Une influence que Moscou a pratiquement reçu en cadeau de la part de la France, à en croire la militante Nathalie Yamb. Par une série de tweets, la militante suisso-camerounaise expliquait que l’histoire de la présence de la Russie en Centrafrique était également celle de « la déconvenue française » dans la région.

Une histoire qu’elle trouvait « savoureuse ». Selon Nathalie Yamb, c’était la France elle-même qui avait jeté le président Touadéra dans les bras de Valdimir Poutine, puisqu’elle avait été incapable de lui assurer l’octroi par les Nations Unies des « 1.500 armes de miliciens Shebabs sont saisies en Somalie ».

Des armes dont le pouvoir en place en République centrafricaine avait besoin pour « équiper son armée régulière confrontée à une rébellion ». Le président Touadéra qui avait pris acte du véto russe, s’était donc rendu en personne en octobre 2017 à Socthi, avec la bénédiction de Paris, pour discuter avec Serguei Lavrov.

Des discussions qui avaient été si fructueuses que le président africain avait obtenu au-delà de ce qu’il espérait ; « 6200 kalach, 900 pistolets, 270 lance-roquettes, 20 canons antiaériens » surtout « des conseillers militaires ». Mais également « un accord de défense » en 2018 qui inclut entre autres « la formation des stagiaires FACA dans les académies militaires russes ».

Un domaine pourtant jusque-là réservé à la France. Et selon la militante « c’est comme ça la France a perdu son assise en RCA », et « aujourd’hui rageuse » essaierait encore maintenant de « foutre le bordel dans son pré-carré perdu ».

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