Les producteurs Kenyan ont choisi de cultiver le manioc à la place du maïs. Et, pour cause ? La lutte contre les changements climatiques et le désir d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. En effet, le manioc est devenu la première culture alimentaire issue du génie génétique dont la culture en plein champ est autorisée au Kenya. Les agriculteurs de ce pays, par ce choix, veulent faire face aux conditions drastiques des changements climatiques.

Face à la rareté et à la répartition non équilibrée des pluies, il fallait s’adapter. S’adapter en cherchant les bonnes formules en termes de lutte contre la rareté des pluies et surtout, faire face aux attaques des ravageurs et des insectes. Dans cet élan, les solutions biotechnologiques sont les bienvenues. Au Kenya, l’Autorité nationale de biosécurité (NBA) vient de donner son feu vert à la culture en plein champ du manioc génétiquement modifié. Cette approbation intervient après 5 ans d’un processus de recherche à travers des essais en milieu confiné dans trois comtés du pays.

Selon l’Organisation kényane de recherche sur l’agriculture et l’élevage (KALRO), la variété transgénique est résistante à la maladie des stries brunes du manioc. Cette pathologie virale qui rend le tubercule non comestible est considérée comme l’une des plus importantes menaces à la filière manioc du pays.   

Première culture alimentaire

Avec cette validation, le manioc devient la première culture alimentaire issue du génie génétique dont la culture en plein champ est autorisée au Kenya. Après cette étape, les autorités devraient conduire des essais en plein air sur la performance de la variété au plan national. Si ces tests sont concluants, la vulgarisation aux producteurs sera permise, ce qui ouvrira la voie à la production du tubercule à une échelle commerciale.

Selon les observateurs, le maïs, principale denrée de base pourrait notamment emboîter le pas au manioc dans les prochains mois. Une telle démarche ferait du Kenya le second pays avec l’Afrique du Sud à adopter et commercialiser la céréale transgénique en Afrique subsaharienne. Pour rappel, le premier produit agricole génétiquement modifié dont la culture a été autorisée au Kenya est le coton (2019). 


Quelques chiffres

La production mondiale de manioc est d’environ 309 millions de tonnes (Mt) en 2021, 250 milliards de kilos par an (contre 160 Mt en 1999). Après 15 ans de croissance ininterrompue, la production mondiale de manioc tend à augmenter. La Thaïlande, avec 18 millions de tonnes par an est le premier producteur mondial de manioc.  La demande mondiale de produits dérivés du manioc est en croissance tendancielle mais seule la Thaïlande, premier pays producteur mondial d’amidon de manioc, est réellement engagée dans un processus de transformation pour des utilisations industrielles.

La production mondiale de manioc est d’environ 309 millions de tonnes (Mt) par an en 2021. Le manioc peut être considéré comme la quatrième production végétale au monde. Après 15 ans de croissance ininterrompue et une progression de 13% entre 2006 et 2009, elle chuterait à 249 Mt en 2010 suite à une mauvaise récolte en Thaïlande due à des maladies et à la sécheresse.

Les pays producteurs de manioc

La Thaïlande, avec 18 millions de tonnes par an est le premier producteur mondial de manioc. Près de 50% de sa production annuelle de racines de manioc est utlisé pour extraire 2 millions de tonnes d’amidon. Le reste sert aux industries alimentaires non alimentaires. Le Nigeria est le plus gros producteur de manioc et tente tant  bien que mal de convertir la plus grande quantité possible de tubercules de manioc en amidon à valeur ajoutée. D’autres pays d’Afrique Centrale manifestent également un intérêt croissant pour la transformation des tubercules de manioc en amidon.    

Cette région produit plus de 40 millions de tonnes de tubercules par an ;

Entre 60% et 70% de cette production est destinée aux produits alimentaires traditionnels, et la région ne contribue qu’à hauteur de 4% environ à l’offre mondiale de fécule de manioc.

L’Afrique

L’Afrique produit environ la moitié du manioc ; le Nigéria représente à lui seul plus du tiers de la production d’Afrique soit environ 45 millions de tonnes par an ,de loin le plus gros producteur mondial. La République Démocratique du Congo (RDC) produit 15 millions de tonnes, l’Angola et le Ghana récolte 12 millions chacun et le Mozambique 9 millions. Le manioc est l’aliment de base en Afrique, par conséquence le continent consomme la quasi totalité de sa production.

L’Asie de manioc

Le continent Asiatique, en revanche, développe la culture du manioc au niveau industriel et énergétique. Avec 1/3 de la production mondiale, dont 60 % produit par la Thaïlande (25Mt) et l’Indonésie (22Mt). La Chine et le Vietnam produisent chacun entre 8 et 9 millions de tonnes par an depuis 2008. L’Inde (3ème producteurs de manioc en Asie) connait également une croissance continue de sa production (comme la Chine et le Vietnam) avec une augmentation de plus de 30 % entre les années 2006-2010.

Source : Ecofin

Innocent Debordo

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