Pour l’Histoire, la République démocratique du Congo compte, en 1960, parmi les trois pays les plus puissants économiquement, selon les statistiques de la Banque mondiale. Hélas, dès les premières heures de son indépendance, elle est en proie à de multiples et diverses contrariétés.

Les faits majeurs suivants peuvent être relevés : l’assassinat du Premier ministre en mai 1961, les interminables conflits politiques et la prise du pouvoir par le colonel Mobutu.

La dictature et la pensée unique durent 32 ans et se caractérisent notamment par la mauvaise gestion de la chose publique, des mauvais choix politiques et économiques ainsi que la destruction du tissu économique, entraînant une dégradation dramatique des conditions de vie des populations.

L’arrivée, en 1997, des tombeurs de Mobutu a suscité quelques espoirs, mais de courte durée. En réalité, ses successeurs ont fait pire. Le Congo, le « géant en devenir » des premières années d’indépendance, est plongé dans une profonde léthargie, incapable d’assouvir les besoins de sa propre population.

Les historiens se pencheront sur ces six décennies et établiront les faits et les responsabilités individuelles et collectives.

Décembre 2018: Une lumière dans ces ténèbres épaisses ?

Les élections présidentielle et législatives organisées en 2018 apparaissent comme un nouvel espoir de changement. Hélas, le président élu n’a pas de majorité au parlement et doit mettre en place une coalition des anciens et des nouveaux.

Le gouvernement qui est formé fonctionne cahin caha, sans une franche collaboration jusqu’à l’apparition des conflits. Pantin ! Marionnette ! Placébo ! C’est Kabila qui dirige ! … Tels sont les qualificatifs, insupportables pour tout dirigeant africain, accolés au président par l’opposant le plus virulent.

En fait, la simplicité, la patience et la capacité du président à supporter les humiliations semblaient rimer avec naïveté et ingénuité, et inquiétaient même ses propres partisans. Mais, c’était mal connaître Félix Tshisekedi, le fils d’Etienne. C’était tout de même deux ans de perdu.

Un discours de 6 minutes qui bouleverse le microcosme

Deux discours vont changer la donne. Le 23 octobre, trois jours après que les présidents des deux chambres du parlement aient boycotté une cérémonie de prestation de serments des juges nommés à la Cour constitutionnelle, le président annonce, dans une courte adresse à la Nation, six minutes à peine, le lancement de Consultations nationales, au terme desquelles, prend-il soin de préciser, « aucun cas de figure ne serait exclu ». C’est l’émoi dans la classe politique.

Le 6 décembre 2020, il dresse le bilan des consultations. Trois décisions majeures sont prises : la fin de la coalition Fcc-Cash, la création d’un vaste rassemblement des Congolais au sein d’une Union sacrée de la Nation, mais aussi la nomination d’un informateur devant identifier une nouvelle majorité. De même, le président évoque la dissolution de l’Assemblée nationale si cette majorité n’est pas réunie.

Stupéfaction chez les uns, joie et soulagement populaires chez d’autres. La marionnette s’est-elle affranchie de sa prétendue tutelle ? Le pantin s’est-il métamorphosé ? Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo est désormais le maître du jeu ! « Un fin stratège », dixit un journaliste réputé.

Chamboulement dans tous les secteurs

L’appel à l’Union sacrée de la Nation suscite un engouement tel que la majorité parlementaire bascule. Des gouverneurs de province, des membres des assemblées provinciales rejoignent le camp du changement. Les responsables des deux chambres du parlement, qui s’étaient illustrés par une opposition frontale au chef de l’Etat, sont déchus. À mi-mandat, le déboulonnage du système, annoncé quelques temps avant, était lancé et plus rien ne semblait pouvoir l’arrêter.

Un gouvernement issu exclusivement de la nouvelle majorité est formé. Qualifié de « gouvernement des Warriors » (guerriers), il est dirigé par un homme jeune jouissant d’une réputation de compétence, d’intégrité et, surtout, de la totale confiance du chef de l’État, qui l’avait nommé auparavant à la tête d’une grande entreprise publique, la Gécamines.

La justice, egalement restructurée et libérée des pesanteurs politiques partisanes, prend de plus en plus conscience de son importance et des espoirs que toute la nation place en elle.

Elle s’appuie sur un auxiliaire précieux: l’Inspection générale des Finances qui, chaque semaine, met à nu des scandales tout à fait inimaginables, telle cette affaire des cartes Visa, grâce auxquelles certains dignitaires ponctionnaient jusqu’à 50 000 dollars chaque mois sur un compte du Trésor.

L’État de droit est en marche, c’est une évidence

La diplomatie volontariste du président porte des fruits. La Rd Congo n’est plus ce pays infréquentable, dont de nombreux responsables étaient sous sanctions d’institutions internationales. La présidence de l’Union africaine échoit à Félix Tshisekedi, et le prestige qu’il en tire rejaillit favorablement sur le pays.

Sur le plan personnel, le président jouit d’une considération indéniable grâce aux efforts pour promouvoir la bonne gouvernance et les droits de l’homme, la liberté d’expression en particulier. Les grands de ce monde lui témoignent respect et considérations.

L’amélioration des relations avec les pays voisins est un autre atout, même si l’unanimité n’est pas acquise, en raison des ressentiments legitimes des uns et des autres consécutifs aux crimes encore impunis.

L’économie présente des signes positifs palpables: les performances des régies financières, dont le taux de réalisations atteint en moyenne 119% et représente, après cinq mois, le double des réalisations de toute l’année 2020.

À signaler aussi la multiplication par deux et demi des réserves de change de la Banque centrale deux mois à peine après l’entrée en fonction du nouveau gouvernement.

Sur le plan social, les premières mesures du gouvernement vont dans le sens des intérêts de la population: le renforcement des actions pour assurer l’effectivité de la gratuité de l’enseignement, l’audit et la révision de la structure des prix d’un certain nombre des biens et services de consommation courante, grâce à la suppression de nombreuses taxes parafiscales irrégulières et incohérentes. Dans la foulée, les billets d’avion et les produits alimentaires vont connaître des baisses moyennes de l’ordre de 50 à 65%.

Des résistances s’observent ça et là. C’est logique. On éfface pas en un tour de main des vieilles habitudes. Mais il est certain que le processus est irréversible, que le réveil du Géant est désormais inéluctable.

En effet, la reconstruction de l’Afrique est devenue une voie incontournable pour assurer la paix, la stabilité et le fonctionnement harmonieux de l’économie mondiale. Les grands de ce monde ont adoubé Félix Tshisekedi, pour son leadership d’un style nouveau.

Changements à tous les niveaux

A l’interne, il faut noter que la volonté politique manifeste de changement du Chef est partagée par un grand nombre de responsables politiques. Les populations de 2021 sont beaucoup plus instruites, plus matures, et mieux informées que celles d’il y a 20, 40 ou 60 ans, notamment grâce aux réseaux sociaux.

Les jeunes et les femmes ne veulent plus être tenus à l’écart de la politique. Les organisations de la Société civile font feu de tout bois dans la dénonciation de toutes les formes d’abus.

Au-delà de ces considérations visibles, quantifiables et palpables, rappelons l’organisation, le 23 juin 2019, de la Journée nationale d’action de grâce, au cours de laquelle, au nom de tous ses prédécesseurs, le président Félix A. Tshisekedi a posé un acte de nature spirituelle, demandant « pardon au Très-Haut, pour le mal commis dans ce pays ». Le réveil du Géant est inéluctable, car si, en plus, Dieu est avec Nous !

Victor Emmanuel Efomi

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