Accueil Monde Partenariat UE-Afrique : définir les priorités communes en vue du Sommet de Luanda

Partenariat UE-Afrique : définir les priorités communes en vue du Sommet de Luanda

Image d’archive : novembre 20217 : La chancelière allemande Angela Merkel avec le président de l’Angola Joao Lourenco lors du sommet UE-Afrique à Abidjan. (Source : fr.businessam.be)

Le Parlement européen s’est réuni le 23 octobre 2025 et a adopté une résolution, qui se décline en une vingtaine de points et qui définit les priorités communes dans le cadre du renouvellement du partenariat UE-Afrique, en prévision du sommet qui se tient les 24 et 25 novembre à Luanda en Angola, convaincu que l’Afrique et l’Europe sont des continents dont les avenirs sont étroitement liés.

Aux termes de la résolution, l’UE qui vise à être le premier partenaire de l’Afrique en matière de commerce, d’investissement, d’aide au développement, d’aide humanitaire, de paix et de sécurité, d’énergie et de transformation numérique, a salué le récent accord de paix entre le Rwanda et la République démocratique du Congo, mais déclare demeurer profondément préoccupée par la persistance des violences et de l’insécurité dans l’est de la RDC, en particulier au Nord-Kivu et en Ituri.
À cet effet, le Parlement européen appelle l’UE à jouer un rôle actif et coordonné dans le soutien à la mise en œuvre du processus de paix, en mettant l’accent sur le renforcement de l’inclusion et de la participation des femmes, de l’accès humanitaire et de la protection des civils, avant de souligner que pour parvenir à une stabilité durable, il est nécessaire de s’attaquer aux dimensions économiques du conflit, notamment à l’exploitation illégale des ressources naturelles et des matières premières, et de garantir la justice pour les victimes de crimes de guerre, notamment les violences sexuelles liées au conflit.
Les parlementaires européens ont également exhorté la Commission et le Conseil à suspendre immédiatement le protocole d’accord UE-Rwanda sur les chaînes de valeur durables des matières premières jusqu’à ce que le Rwanda prouve qu’il cesse son ingérence et ses exportations de minerais pillés dans les zones contrôlées par le M23.
Ils sont d’avis qu’une paix durable est une condition préalable au développement et à la prospérité et, dans ce cadre, soutiennent les efforts menés par l’Afrique dans le cadre de l’Architecture africaine de paix et de sécurité (AAPS) et saluent le soutien de l’UE par le biais de la Facilité européenne pour la paix, avant d’appeler à un financement prévisible des opérations mandatées par l’UA, notamment par le biais des contributions obligatoires des Nations unies.

« Une coopération respectant le droit international et protégeant les civils »

Union Européenne-Union Africaine (Source : ci.ambafrance.org)

Face à la propagation des conflits, du terrorisme djihadiste, des coups d’État militaires et de l’effondrement des États, du recul démocratique et de l’extrémisme violent dans plusieurs régions d’Afrique, les parlementaires appellent à une approche globale combinant défense, consolidation de la paix, mesures de sécurité, prévention, déradicalisation et développement socio-économique et soulignent que la coopération doit respecter le droit international, protéger les civils et promouvoir les réformes de la gouvernance.
Ils déplorent également la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire dans la région du Sahel, en particulier au Mali, au Niger et au Burkina Faso, où de vastes zones restent sous le contrôle de groupes armés et où les civils sont confrontés à des déplacements massifs et à l’insécurité alimentaire, mais aussi le fait que la crise se propage aux démocraties côtières d’Afrique de l’Ouest et crée de dangereux vides de pouvoir suite au retrait des missions internationales.
La résolution condamne à ce propos la stratégie déstabilisatrice de la Russie dans la région, notamment sa décision d’intégrer le Groupe Wagner au Corps africain contrôlé par le gouvernement et ses pratiques prédatrices d’acquisition de ressources. Elle note que le recours à ce soutien par les juntes militaires n’a pas stabilisé la situation et a permis aux groupes terroristes de regagner du terrain, avant de regretter que la Mission de formation de l’UE au Mali, la Mission de partenariat militaire de l’UE au Niger et la Mission de renforcement des capacités de l’UE au Niger ainsi que d’autres déploiements internationaux n’aient pas permis d’instaurer une paix durable.
Le Parlement européen exprime en outre sa profonde préoccupation face à la violence, à l’instabilité politique et aux crises humanitaires persistantes, en particulier au Soudan, où les combats entre les forces armées régulières et les forces de soutien rapide ont fait de nombreuses victimes civiles et entraîné des déplacements ainsi que des violations généralisées des droits de l’homme.
Il note une fragilité similaire en Libye, avec l’absence de réconciliation nationale et une instabilité qui affecte la sécurité africaine et européenne et appelle instamment à un engagement renouvelé de l’UE, en étroite coopération avec les Nations unies, afin de promouvoir un processus politique unifié, des élections transparentes et le retrait des mercenaires étrangers.
Saluant la contribution de la mission d’assistance militaire de l’UE au Mozambique au rétablissement de la sécurité à Cabo Delgado, le Parlement souligne la nécessité d’intégrer les droits de l’homme, la résilience communautaire et les principes de bonne gouvernance afin de garantir une stabilité durable et la confiance locale.
Il souligne le rôle de la mission de l’UE en Somalie relative au renforcement des capacités de la police somalienne, ainsi que celui de la sécurité maritime et de l’État de droit, avant d’appeler à une coordination plus étroite avec les partenaires internationaux et à l’intégration des travaux de la mission dans les efforts plus larges de l’UE visant à renforcer la gouvernance, la justice et la résilience face au terrorisme.

UE : un paquet d’investissement en Afrique d’au moins 150 milliards d’euros pour 2030

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen et le président de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat (image d’archive / 7info.ci)

Le Parlement européen appelle en outre à un partenariat UE-Afrique fondé sur le respect mutuel, les intérêts communs et la compréhension que les deux continents sont plus forts ensemble, dans une action multilatérale comme moyen le plus efficace d’éradiquer la pauvreté et de promouvoir la paix, la prospérité, la démocratie, les droits de l’homme, l’État de droit, le commerce durable et le développement humain.
Dans le même cadre, la résolution appelle au renforcement de la coopération UE-Afrique en matière de sécurité et de défense, notamment en mettant en place une capacité conjointe de lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent et les ingérences extérieures, en particulier dans les États fragiles ainsi que du soutien les programmes en faveur de la résilience communautaire, de l’engagement des femmes et des jeunes et de la reconstruction post-conflit.
Le Parlement souligne l’importance d’un engagement transparent et fondé sur des valeurs, en contraste avec l’influence des puissances extérieures, notamment la Chine et la Russie, dont les activités financières, sécuritaires et de désinformation opaques risquent de compromettre la souveraineté, la stabilité et la gouvernance démocratique en Afrique. Il s’inquiète également de l’influence politique croissante de la Chine en Afrique et de l’expansion de ses initiatives mondiales, notamment l’initiative « la Ceinture et la Route », notant que ces projets qui ont mobilisé des investissements importants manquent souvent de transparence et peuvent créer des dépendances économiques.
La résolution reconnaît l’importance stratégique des matières premières essentielles pour l’Afrique et l’Europe, souligne que la coopération dans ce domaine doit être fondée sur le bénéfice mutuel, la transparence et la durabilité, et estime que les initiatives menées dans le cadre du programme d’investissement Afrique-Europe de la Passerelle mondiale devraient favoriser des chaînes d’approvisionnement résilientes, équitables et respectueuses de l’environnement.
Le sommet de Luanda, qui coïncide avec le 25ème anniversaire du partenariat entre l’UE et l’UA, intervient à un moment charnière alors que l’Angola exerce la présidence tournante de l’Union africaine. Pour l’Europe, l’Afrique est une priorité géopolitique essentielle, l’UE étant le principal partenaire de l’Afrique dans les domaines de l’énergie, de la paix et de la sécurité, de la transition écologique, du commerce et des investissements ainsi que de la transformation numérique, mais également le premier partenaire commercial des pays africains pris collectivement, et de loin leur plus grand marché d’exportation, devant la Chine, l’Inde et les États-Unis. Ensemble, les pays africains constituent le quatrième partenaire commercial de l’UE.
Afin de financer l’ambition commune pour 2030, l’UE a adopté un paquet d’investissement d’au moins 150 milliards d’euros. L’Union africaine est un organe continental regroupant depuis 2002 les pays du continent africain, succédant à l’Organisation de l’unité africaine (OUA, 1963-1999).

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