Huit ministres sectoriels, des chefs d’entreprises et de services stratégiques ont accompagné la Première ministre Judith Suminwa Tuluka les 14 et 15 octobre au Forum économique de la République démocratique du Congo et les États-Unis, représentés par le secrétaire d’État Marco Rubio, et où la RDC a séduit en présentant des opportunités d’investissements estimés à 230 milliards de dollars américains.
La Première ministre Judith Suminwa, qui séjournait déjà à Washington et qui a représenté le chef de l’État congolais, a expliqué dans son adresse préliminaire que le partenariat entre son pays et les États-Unis d’Amérique vise principalement « la diversification de l’économie congolaise ». Ce partenariat se construit dans la perspective de paix et de développement voulue par les présidents congolais Félix Tshisekedi et son homologue américain Donald Trump, a précisé Mme Suminwa qui a rassuré sur des avantages que la RDC propose aux investisseurs américains notamment, dans le cadre des nouvelles dispositions du Code des investissements.
Dans cette optique, la délégation congolaise a présenté à plus de 220 investisseurs américains accourus pour l’occasion, des opportunités d’investissements estimés à 230 milliards de dollars américains en RDC, en vue de la diversification de son l’économie.
Dotée d’un potentiel de 24 000 milliards de dollars américains de richesses, un portefeuille de « 200 milliards de dollars américains ne sont pas assez pour la RDC. On peut arriver à capter mille milliards de dollars », a soutenu le ministre congolais du Commerce extérieur, M. Julien Paluku, faisant remarquer qu’en deux jours d’intenses travaux, « les Américains ont désormais un autre regard des Congolais ».
La partie américaine préoccupée par la sécurisation de la chaîne d’approvisionnement en minerais critiques

Pour le conseiller spécial du Président Félix Tshisekedi en charge des investissements et initiateur du forum, M. Joe Dumbi Kabangu, « il s’agit de 230 milliards de dollars d’opportunités d’investissements » et non des projets chiffrés. À travers la tenue de ce forum, l’objectif est de changer la perception de la RDC par les Américains, a-t-il encore indiqué. Pour sa part, le ministre du Commerce extérieur s’est félicité que « cet objectif est atteint. C’est la première fois que des hommes d’affaires sont restés pendant plus de quatre heures pour écouter les Congolais », a-t-il noté.
Les Américains, visiblement intéressés, étaient sous la conduite du sous-secrétaire d’État intérimaire en charge des Affaires africaines, Jonathan Pratt, qui a rappelé que « la sécurisation de la chaîne d’approvisionnement en minerais critiques est une question de sécurité nationale pour les États-Unis ». Pour lui, « avec l’aide des États-Unis, les deux pays (RDC et Rwanda) vont nouer des partenariats bénéfiques au profit du corridor de Lobito.
« Paix, partenariat et prospérité » est la trilogie qui marque les esprits des investisseurs américains déterminés à œuvrer en RDC. Pour Frank Moiser, de l’organisation «Trump Economic Group» pour l’Afrique, cette trilogie est un « modèle qui a démontré sa puissance, surtout en RDC, avec un virage dans la région des Grands Lacs, marqué le 27 septembre par la signature de la Déclaration de paix par la RDC et le Rwanda ». « Pour résoudre ces violences de plus de 30 ans, quelque chose manquait : le segment économique. Cette fois-ci, on va relier la paix aux investissements », a déclaré l’analyste américain.
Pour sa part, la Première ministre Suminwa, qui a saisi la portée des attentes des investisseurs américains, a estimé que les questions de gouvernance, le climat des affaires et la corruption s’imposent comme des défis que la RDC doit relever.
L’opportunité des provinces et le secteur énergétique mis en avant

Les discussions ont aussi porté sur le numérique et la digitalisation en RDC, car ils représentent un domaine crucial pour des opportunités commerciales avantageuses, a indiqué pour sa part le ministre de la Communication et médias M. Patrick Muyaya. Pour cette fois-ci, les provinces minières ont été privilégiées. À la prochaine opportunité, d’autres provinces à l’instar de celle du Maï-Ndombe seront portées en bonne position, a-t-il rassuré.
Dans cette dynamique, la gouverneure du Lualaba, Fifi Masuka a aussi fait le déplacement de Washington DC. L’intervention de la gouverneure de cette première province minière était très attendue par la partie américaine. Par ailleurs, en plus des mines, il y avait également lieu de mettre en valeur le secteur énergétique en termes d’atouts. À cet effet, le ministre des Ressources hydrauliques et Electricité, M. Molendo Sakombi, a mis à profit cette opportunité pour vanter le potentiel du site hydroélectrique d’Inga avec plus de 40 000 mégawatts, sans omettre celui de l’ensemble du pays, capable de produire jusqu’à 100 000 MW. Dans le même cadre, il a signé un protocole d’accord avec la firme américaine Hydrolink LLC pour l’importation de 2.000 mégawatts d’électricité d’Angola.
Huit grands thèmes, regroupés deux à deux et ayant des affinités directes, ont été retenus par les organisateurs en vue de permettre aux opérateurs économiques américains d’être éclairés sur les domaines d’interventions. Il s’agit de Mines et Énergie; Agriculture et Infrastructures; Éducation, Technologies et Santé, enfin Finances et Assurances. Dans le secteur agricole, la RDC avec ses 80 millions d’hectares de terre arable représente une destination de rêve, dans la mesure où les 100 millions de Congolais constituent un marché potentiellement rentable.
Dans le secteur des assurances, le Directeur général Alain Kaninda de l’Autorité de régulation et contrôle des assurances (Arca) ainsi que Clément Désiré Kabongo de la Société nationale d’assurances (Sonas) ont aussi répondu au rendez-vous de Washington. Ainsi, le deal RDC-USA prend de plus en plus forme. Chaque partie a compris que l’heure est à la concrétisation de ce contrat.
Le gouverneur de la Banque centrale à Washington pour la réunion des ministres du G24 pour le développement

Le gouverneur de la Banque centrale du Congo, M. André Wameso, a représenté la République démocratique du Congo, le 14 octobre 2025, à la 114ème réunion des ministres du Groupe intergouvernemental des 24 pour les questions monétaires internationales et le développement (G24), dans le cadre des assemblées annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.
Par J.C. Nlandu
Portant sur la conjoncture économique mondiale et les défis auxquels font face les pays émergents et en développement, les travaux de cette rencontre ont notamment mis en lumière plusieurs constats majeurs, dont le drame humanitaire causé par la fragilité, la violence et les guerres dans plusieurs régions du monde, notamment en RDC, tout en rappelant le lien fondamental entre la paix et le développement.
Les participants ont souligné le rôle « déterminant » des politiques économiques intérieures dans la maîtrise de l’inflation, l’inquiétude suscitée par les niveaux élevés d’endettement mais aussi la hausse du coût du service de la dette. Ils ont également relevé l’impact négatif des tensions commerciales et des incertitudes économiques sur les perspectives de croissance des pays émergents et en développement, qui continue de compromettre leur stabilité macroéconomique à long terme.
Préserver l’indépendance des banques centrales pour l’efficacité des politiques monétaires
Les membres du G24 ont enfin formulé, à l’unanimité, plusieurs recommandations, appelant à « maintenir la mobilisation de la communauté internationale dans les pays fragiles ou touchés par un conflit », tout en insistant sur la nécessité « d’honorer les engagements existant et de soutenir la reconstruction et le développement à long terme ». D’autres recommandations ont trait à la préservation de « l’indépendance des banques centrales pour garantir la crédibilité et l’efficacité des politiques monétaires » et au renforcement de la résilience des finances publiques par « une gestion rigoureuse et hiérarchisée » des dépenses.
Les ministres ont encouragé la mise en œuvre de réformes structurelles visant à améliorer la viabilité des finances publiques, à accroître la transparence en matière d’endettement et à renforcer la gestion de la dette. Ils ont aussi plaidé pour « un nouvel élan de coopération internationale en vue d’un environnement commercial stable et transparent, et pour l’assistance aux pays vulnérables à renforcer leur résilience face aux chocs économiques et climatiques ».
RDC-Extension de la ville de Kinshasa : signature d’un partenariat avec un consortium pour le lancement des travaux

C’est dans une atmosphère pleine de solennité qu’une convention a été signée le 23 octobre dans l’Immeuble du gouvernement entre la République démocratique du Congo et le consortium Sino-Congo Special Zone (SCSZ), pour le lancement de la construction de la Cité industrielle Chine-Congo, dans le cadre du vaste projet d’extension de la ville de Kinshasa vers la commune de Maluku à l’Est de la capitale congolaise.
La cérémonie, présidée par la Première ministre Judith Suminwa Tuluka, s’est déroulée, en présence de plusieurs membres du gouvernement, dont le vice-Premier ministre au Budget Adolphe Muzito, le ministre d’État à l’Urbanisme et Habitat Alexis Gisaro, les ministres John Banza des Infrastructures, Marc Ekila de la Formation professionnelle, Aimé Sakombi Molendo des Ressources hydrauliques, Jean-Lucien Bussa de l’Aménagement du territoire, Justin Kalumba des PME, O’neige Nsele des Affaires foncières et Julie Mbuyi du Portefeuille.
La coordination de ce projet, considéré comme la pierre angulaire autour de laquelle va s’articuler l’extension de la capitale congolaise, est assurée par le Comité stratégique pour la supervision du Projet d’extension de la Ville de Kinshasa (CSSPVEK), tandis que le suivi est assuré par l’Agence de pilotage, de coordination et de suivi des Conventions de collaboration (APCSC).
Le projet de la Cité Industrielle Chine-Congo se déploiera sur une superficie de 75 km² dans sa première phase pour un investissement total évalué à 12 milliards de dollars américains, structuré en plusieurs phases de développement, alors que l’extension complète de la ville couvre, quant à elle, 430 km².
Dans son mot de circonstance, la Première ministre Suminwa a expliqué que cette convention, préalablement adoptée par le Conseil des ministres, constitue une étape majeure dans la mise en œuvre du Programme d’actions de son gouvernement, qui s’inscrit dans la vision du Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo pour une capitale à la mesure des richesses et de la grandeur de la RDC.
Un projet pharaonique pour résoudre les différents maux de la capitale
Le Coordonnateur principal du CSSPVEK, M. Thierry Katembwe, a pour sa part détaillé les retombées économiques immédiates du projet. « La cité industrielle comprendra 1 200 unités industrielles et va générer près de 50 000 emplois dans un premier temps et jusqu’à 150 000 dans la suite », a-t-il déclaré, précisant que la jeunesse congolaise en sera la principale bénéficiaire. Ce projet est un début de solution pour la décongestion de la ville de Kinshasa et la création d’un nouveau pôle de développement urbain, a ajouté M. Katembwe.
De son côté, le représentant du partenaire chinois, M. Wang Shujun, a présenté l’architecture technique de la future cité, qui couvrira une superficie de 75 km² et qui prévoit la création de 8 parcs industriels spécialisés. « Ces parcs seront dédiés aux matériaux de construction, à l’économie circulaire, aux produits forestiers, à la transformation alimentaire, aux technologies, aux produits plastiques, aux textiles et à l’habillement ainsi qu’à la construction automobile et aux équipements électromécaniques », a-t-il fait savoir.
Le ministre d’État à l’Urbanisme et Habitat a, quant à lui, insisté sur la philosophie du projet, estimant que « l’acte que nous posons symbolise un choix stratégique clair d’un développement urbain fondé sur la production, l’emploi et la durabilité ». Ainsi, a souligné M. Alexis Gisaro, « l’industrie précède la ville pour mieux la servir, c’est une logique de développement intégrée où l’activité économique génère les ressources nécessaires à l’urbanisation durable ».
Le gouverneur de la Ville de Kinshasa, M. Daniel Bumba Lubaki, n’a pas caché son enthousiasme, estimant que le projet constitue une solution à plusieurs maux que subit la ville de Kinshasa, notamment le problème d’embouteillages et d’urbanisation sauvage. Les trois premières phases, de construction et de développement, dureront de trois à cinq ans chacune et la phase finale, axée sur la modernisation, 10 ans.
À terme, la Cité industrielle représentera un hub économique incontournable en Afrique centrale permettant d’assurer l’autosuffisance de 30% des besoins quotidiens de la capitale et de transformer localement 30% des produits aquacoles, forestiers et de l’élevage.









































