Le 5 septembre 2025, le SJ-100 a effectué son premier vol d’essai à Komsomolsk-sur-l’Amour, dans l’Extrême-Orient russe. Développé après l’invasion de l’Ukraine et le retrait des industriels occidentaux, cet avion régional successeur du Superjet 100 est la première version équipée de moteurs et de systèmes entièrement produits en Russie.
Le SJ-100, présenté par Moscou comme le premier avion civil 100% russe, a effectué un vol d’essai d’une heure. Privée des services de ses fournisseurs occidentaux depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, à savoir l’américain Boeing et l’européen Airbus, l’industrie aéronautique russe a franchi une étape symbolique ce jour-là, avec le premier vol du SJ-100, avion régional désormais équipé de moteurs et de systèmes russes. L’aéronef a effectué son vol d’essai depuis l’aérodrome de Komsomolsk-sur-l’Amour.
Pendant environ une heure, le prototype a été testé par un équipage de Yakovlev, filiale du conglomérat aéronautique public UAC (OAK en russe), intégré à Rostec. L’appareil est propulsé par deux moteurs PD-8 développés par United Engine Corporation et intègre désormais des systèmes russes pour l’avionique, l’alimentation électrique, la climatisation, le train d’atterrissage et l’aménagement cabine. Selon Rostec, 24 appareils sont en cours de production et qui ont aujourd’hui atteint différents stades. Néanmoins, la certification de l’avion reste à finaliser.
Lancé en 2011, le Superjet 100 dépendait à 70% de fournisseurs étrangers : Safran pour les moteurs SaM146, Thales pour l’avionique, Liebherr pour la climatisation ou encore Honeywell pour certains systèmes embarqués. Après l’invasion de l’Ukraine et le retrait des industriels occidentaux qui a suivi diverses sanctions infligées au Kremlin, Moscou a accéléré un programme de substitution aux importations afin de maintenir une offre d’avions régionaux pour ses compagnies aériennes.
Un appareil conçu pour tourner la page occidentale et survivre à l’absence de la coopération

En août 2023 déjà, Yakovlev, leader dans la construction aéronautique russe, avait présenté un premier prototype « russifié », encore équipé du moteur franco-russe SaM146, issu de la coentreprise PowerJet avec Safran. L’avion qui a volé début septembre constitue une étape supplémentaire, puisqu’il embarque désormais le moteur PD-8 russe.
Comme le rapportait L’Usine Nouvelle en 2023, ce processus de « russification » se heurte à des obstacles majeurs et à des défis industriels persistants : accès limité aux semi-conducteurs, cadences de production faibles (deux SJ-100 seulement prévus en 2023) et fiabilité encore incertaine des nouveaux moteurs.
Plusieurs experts doutaient de la capacité de l’industrie russe à tenir les objectifs de livraisons fixés par les autorités, soit une vingtaine d’appareils par an à partir de 2024. Pour Moscou, le SJ-100 doit néanmoins devenir le pilier de la flotte régionale et le symbole d’une industrie aéronautique capable de survivre à l’absence de la coopération occidentale.