Dans la nuit du 2 au 3 novembre 2005, un journaliste congolais, Franck Kangundu, est abattu avec son épouse, Hélène Mpiaka, dans leur résidence à Kinshasa et devant leurs enfants. Ce double meurtre provoquera un tollé aux niveaux national et international sans que l’on ne puisse mettre la main sur les commanditaires.
Dix-neuf ans après ce forfait, Grâce Israëla Mambu Kangundu Ngyke, la fille du couple assassiné qui avait également 19 ans au moment des faits, témoigne, dans un ouvrage bouleversant de 189 pages, les événements survenus lors de cette nuit tragique. Le livre « Franck Ngyke Kangundu : Le destin tragique d’un chevalier de la liberté » revient sur les répercussions psychologiques profondes que ce double crime a causées à la famille, notamment l’interruption des études de deux filles du couple assassiné, l’absence totale de soutien du gouvernement congolais de l’époque et le traumatisme persistant chez ces orphelins.
L’auteure, par cet ouvrage, souhaite faire entendre la voix des orphelins et attirer l’attention de l’opinion tant nationale qu’internationale sur cette violation flagrante des droits de l’homme, qui n’a toujours pas trouvé une justice équitable.
Franck Kangundu Ngyke était un journaliste respecté, ayant travaillé à l’Agence Zaïre-Presse (AZaP), aujourd’hui Agence congolaise de Presse (ACP), avant d’œuvrer comme chef de Rubrique politique puis rédacteur en chef au quotidien La Référence Plus. Il a été abattu au portail de sa maison alors qu’il revenait de son travail.
Plaidoyer pour les journalistes assassinés en RDC
L’ouvrage a été officiellement présenté le 18 octobre au Centre Amani à Bruxelles, au cours d’une cérémonie pleine d’émotion où Mme Grâce Kangundu a mené un plaidoyer pour l’admission des journalistes assassinés en République démocratique du Congo au rang de « martyrs de la liberté » et qu’une stèle soit érigée en leur mémoire.
À ce jour, vingt-deux membres de la corporation ont subi ce sort en RDC, a indiqué Mme Kangundu qui a appelé les familles des journalistes assassinés et toutes les organisations des journalistes à se joindre à cette action, en exigeant notamment un « procès juste », 19 ans après ce double meurtre. Elle a également sollicité une « réparation judiciaire et morale », en insistant sur le traumatisme qu’elle a subi depuis ce douloureux événement.
Intervenant en visioconférence lors de la présentation du livre, M. André Ipakala, éditeur du quotidien La Référence Plus, a relevé le « choc » subi par l’ensemble des journalistes de ce quotidien et a qualifié de « grande perte » la disparition de ce journaliste.
Regrettant que ce double assassinat reste un mystère à ce jour, l’éditeur a qualifié de « spéculations » tout ce qui a dit à ce sujet.
L’auteure, Grâce Mambu Kangundu Ngyke, est licenciée de l’Institut supérieur des Sciences et techniques de l’information (ISTI), aujourd’hui Institut facultaire (IFASIC), journaliste à l’ACP et conseillère du Directeur général de cette agence en matière de Genre. Elle est également présidente de l’Association congolaise des Femmes journalistes de la Presse écrite (ACOFEPE), coordinatrice nationale du Réseau des Femmes leaders pour l’Accès à la parole (RFLAP) et, depuis le 18 septembre de cette année, présidente pour la Zone Afrique du Réseau mondial des Femmes d’impact (RMFI).