Cette fois-ci serait-elle la bonne? Tous les paris sont ouverts pour la suite des négociations de paix entre la République démocratique du Congo et son voisin agresseur du Rwanda, après la rencontre du 30 juillet dernier à Luanda entre les plénipotentiaires des deux pays sous la médiation de la diplomatie angolaise ainsi que des décisions qui s’en sont suivies.
Après la réussite de ce premier round des négociations, les observateurs s’interrogent désormais sur le suivi qui sera assuré aux résolutions, tout en misant sur la bonne foi des parties en présence. Après deux trêves humanitaires successives de deux fois 15 jours obtenues par la diplomatie américaine en juin dernier, les parties en conflits dans l’est de la République démocratique du Congo, les deux antagonistes à savoir le gouvernement de Kinshasa, représenté par sa ministre d’État aux Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, et la partie rwandaise conduite par Olivier Jean Patrick Ndunungirehe, également ministre des Affaires étrangères, se sont retrouvés le samedi 30 juillet dans la capitale angolaise. La rencontre s’est déroulée en présence du médiateur désigné, le chef de la diplomatie angolaise Téte Antonio, dans le cadre connu désormais sous l’appellation de Processus de Luanda.
La médiation angolaise était restée la seule démarche diplomatique en cours, dans le processus tendant à ramener la paix et la cessation des hostilités dans l’est de la Rdc, après la remise en cause du processus dit de Nairobi, piloté par le chef de l’État kenyan William Ruto, récusé publiquement par son homologue congolais Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui l’a accusé ouvertement de «parti pris».
Cessez-le-feu permanent et neutralisation des FDLR
Dans la capitale angolaise, les deux parties se sont notamment convenues de l’observance d’un cessez-le-feu permanent sur le terrain des hostilités, de la mise en œuvre du plan de neutralisation des forces négatives des FDLR soumis par le gouvernement congolais le 26 avril dernier et approuvé par la partie rwandaise, et enfin, de l’élaboration d’un plan de désengagement des forces en présence sur le terrain.
Au terme des assises de Luanda, il apparaît clairement, aux yeux de la communauté nationale et internationale, qu’en adossant ce plan de désescalade, en présence du médiateur angolais désigné par l’Union africaine et soutenu par la communauté internationale, le Rwanda a implicitement reconnu sa responsabilité entière dans la création et les agissements de la rébellion du M23, ainsi que dans l’appui technique et matériel que ce pays apporte à ce mouvement terroriste.
Une nette victoire pour le chef de l’État congolais et son gouvernement, qui ont toujours exigé dans différents forums la reconnaissance de l’agression rwandaise derrière ses supplétifs du M23, ainsi que des négociations directes avec Kigali.
Sauf qu’après l’étape déterminante de la capitale angolaise, les choses sérieuses restent à venir. En premier lieu le respect des engagements pris par les deux parties au conflit, au regard de la propension connue du Rwanda à torpiller ses propres engagements.
L’accord de Luanda a aussi décidé de la mise en place d’une commission d’observation et de vérification du respect des engagements pris de part et d’autre. Mais l’expérience récente a appris aux Congolais que la bonne foi et le respect des accords sont rarement l’apanage de leur voisin de l’est.