Le camp démocrate a été durement secoué sur ses bases après la prestation jugée à l’unanimité « catastrophique » réalisée par son candidat Joe Biden lors du débat télévisé du jeudi 27 juin face au républicain Donald Trump, en prévision de l’élection présidentielle de novembre.
Joe Biden, 81 ans, s’est littéralement effondré devant son rival Donald Trump, jusqu’à présenter un état de somnolence devant le peuple américain tout entier rivé sur son écran de télévision. Le spectacle a simplement été ahurissant et une première aux États-Unis dans les débats d’avant élection présidentielle.
Même dans son propre camp, personne n’y croit plus. « Je pense qu’il est légitime de se demander s’il s’agit d’un simple épisode ou d’un état » durable, a lancé la très influente Nancy Pelosi, ancienne présidente démocrate de la Chambre des représentants, sur une chaîne.
Les poids lourds et parlementaires démocrates ont commencé à s’interroger publiquement sur l’état de forme de Joe Biden, tandis que la Maison-Blanche et le président lui-même tentaient sans grand succès de contenir l’incendie.
« J’ai espoir qu’il prendra la décision difficile et douloureuse de se retirer. Je l’appelle respectueusement à le faire », a écrit le Texan Lloyd Doggett en milieu de journée. Ce parlementaire démocrate est le premier à demander publiquement que le président jette l’éponge.
À contrario, la vice-présidente Kamala Harris continue d’afficher son omptimisme et son soutien. Mais pour combien de temps ? Face à l’angoisse qui flambe dans son parti, elle s’est dite « fière » d’être la « colistière » du président. « Joe Biden est notre candidat, nous avons battu Donald Trump une fois et nous allons le battre à nouveau », a-t-elle affirmé à CBS News.
Mais l’optimisme affiché par le vice-présidente est aujourd’hui devenu une denrée rare chez les Démocrates depuis le débat médiocre face à Donald Trump, 78 ans.
C’est aussi le cas chez cette élue démocrate de l’État de Washington : « La vérité, je pense, c’est que Biden va perdre face à Trump. Je sais que c’est difficile, mais je pense que le débat a fait trop de dégâts », a souligné Marie Gluesenkamp Perez.
Le 3 juillet, le président Joe Biden devait s’entretenir avec les gouverneurs démocrates du pays, indique l’agenda officiel de la Maison-Blanche.
« Nous aurons une saine discussion avec le président », a expliqué l’un d’entre eux, J. B. Pritzker de l’Illinois qui ajoute : « Pour l’instant, Joe Biden est notre candidat, je suis 100 % derrière sa candidature, à moins qu’il ne prenne une autre décision, et dans ce cas nous échangerons alors tous sur la meilleure marche à suivre ». Presqu’un début de désaveu en filigrane.
Joe Biden explique sa débâcle par « la fatigue » après plusieurs voyages
Pour Joe Biden, les 90 minutes désastreuses s’explique par la fatigue après avoir sillonné le monde. C’est ce qu’il a prétendu lors d’une rencontre avec des donateurs démocrates près de Washington. Il a jugé que ce n’était « pas très malin » d’avoir « voyagé à travers le monde plusieurs fois » peu avant cette confrontation. Selon lui, cela l’a amené à « presque s’endormir sur scène », en ajoutant : « Ce n’est pas une excuse mais une explication ».
En effet, le président américain s’est rendu en France du 5 au 9 juin, puis en Italie du 12 au 14 juin, avant d’enchaîner avec un déplacement de campagne en Californie. Il a par la suite pris six jours de repos pour préparer le débat du 27 juin dans la résidence de Camp David.
Des inconditionnels avancent que Joe Biden avait eu une « mauvaise soirée » et que son état de somnolence est passager. Ils font aussi savoir qu’il souffrait d’un « rhume » gênant son élocution.
Sa porte-parole Karine Jean-Pierre est du même avis. Le président « sait comment rebondir », assure-t-elle, en écartant la possibilité que le dirigeant démocrate, jugé apte à gouverner par son médecin en février, passe un test cognitif.
Son état-major multiplie les tentatives pour prouver que le champion est en possession de ses facultés et tenter de reprendre la main. À cet effet, un entretien est prévu avec ABC News, avant une conférence de presse pour démontrer que Joe Biden peut s’exprimer de manière fluide sans prompteur.
Les sondages plutôt défavorables
Selon un sondage publié mardi par CNN, 75 % des électeurs interrogés jugent que le Parti démocrate aurait de meilleures chances en alignant un autre. Donald Trump est crédité de 49 % des intentions de vote au niveau national, contre 43 % à Joe Biden, un écart inchangé par rapport au dernier sondage en avril.
La vice-présidente Kamala Harris, sans l’emporter, serait mieux placée, à 45 % contre 47 % pour l’ancien président républicain.
Le New York Times rapporte mardi que des proches du président ont noté des absences « plus fréquentes » et « plus prononcées » ces derniers mois. Les questions sur l’acuité mentale du président le plus âgé de l’histoire des Etats-Unis sont « légitimes », a insisté Karine Jean-Pierre. La porte-parole Karine Jean-Pierre.
Michelle Obama, la seule à pouvoir remplacer Joe Biden et battre Trump
Si Joe Biden devait se désister pour laisser la place à un autre candidat démocrate dans la course à la Maison Blanche, seule Michelle Obama serait en mesure d’obtenir plus de voix que Donald Trump, d’après une enquête de l’institut Ipsos publiée ce mardi 2 juillet.
La santé de Joe Biden suscitant des inquiétudes croissantes, notamment depuis son débat raté face à Trump, le sondage d’Ipsos pourrait aider le camp démocrate à démêler l’écheveau.
Selon cette enquête menée auprès de 1 000 personnes, seule Michelle Obama pourrait faire mieux que Joe Biden face à Trump si l’élection avait lieu le jour du sondage. L’ancienne Première dame des États-Unis obtiendrait 50% des suffrages contre 39 à Trump, 3% des électeurs voteraient pour un autre candidat et 4% s’abstiendraient, toujours selon l’enquête. Michelle Obama ferait donc bien mieux que Joe Biden, crédité de 40%, à égalité avec Donald Trump.
À quatre mois du scrutin, aucun autre candidat démocrate testé ne fait mieux que Joe Biden. Le gouverneur de Californie Gavin Newsom obtient 39% (contre 42 pour Trump), celle de Michigan Gretchen Whitmer 39% (contre 41 à Trump), son collègue du Kentucky Andy Beshear 36% (contre 40 pour Trump) et celui de l’Illinois J.B. Pritzker 34% (contre 40 pour Trump). L’étude ne livre aucune projection sur les chances de la vice-présidente Kamala Harris, colistière de Biden.
Depuis des mois, la Maison blanche balaie toutes les questions concernant l’état général du président américain, dont les facultés physiques et verbales déclinent. Jusqu’ici les poids lourds du parti lui ont publiquement affirmé leur soutien. Cependant depuis sa piètre préstation lors débat, la nervosité monte chez certains sympathisants et donateurs, qui reprochent au cercle rapproché du président un manque de transparence sur ses capacités.