Cheik Fita Dibwe est un homme des médias, mais aussi écrivain et citoyen. C’est affublé de ces trois casquettes qu’il a séjourné à Kinshasa pendant quatre mois, du 16 septembre 2023 au 26 janvier 2024, ramenant des enseignements qu’il a tenus à partager.

Apres les élections générales, c’est le temps des idées et des propositions pour un avenir prospère. C’est à cet exercice que Cheik Fita s’est livré, le vendredi 26 janvier au Press Club Europe de Bruxelles, dès sa descente d’avion, après un long séjour dans la capitale congolaise.
En tant qu’homme des médias, Cheik Fita a tenu à assister aux élections générales du 20 décembre, qui ont permis à Felix Tshisekedi de rempiler pour un second mandat. Mais également, comme citoyen, l’homme a été candidat aux municipales pour la commune de Barumbu. « Une expérience intéressante malgré l’échec », reconnaît-il.
Au cours de son point de presse à Bruxelles, il a plutôt fait part des enseignements tirés de son évaluation du 1er mandat du président Tshisekedi, confronté aux attentes des Congolais, qui ont réservé au candidat n°20 un véritable plébiscite. À ce sujet, Cheik Fita est convaincu que déjà, la première chose à changer pour le 2ème mandat concerne le cabinet du président. « Si la quantité et la qualité des membres de son équipe pouvaient se comprendre à son arrivée au pouvoir, aujourd’hui on est en mesure de dresser l’état des lieux et affirmer qu’il faut tenir d’abord compte de la technicité des personnes, mais aussi la nécessité de réduire leur nombre pour plus d’efficacité ».

Une structure classique du gouvernement : pas plus de 30 ministères

L’orateur fait également remarquer qu’en dehors d’un cabinet pléthorique, plusieurs agences ont été créées et attachées à la présidence, dédoublant à la même occasion les prérogatives de certains ministères ayant les mêmes attributions. « Il faut élaguer ces agences budgétivores », croit-il.
Dans la même logique, Cheik Fita estime que cela vaut pour le gouvernement et c’est, selon lui, la deuxième chose à changer : « Il faut rentrer à la structure classique, avec un bon profil des ministres et un gouvernement composé d’un maximum de 30 ministères », propose-t-il.
En dehors de l’effectivité et de l’efficacité de l’administration, l’autre aberration concerne le train de vie des institutions, où « la tension salariale entre le mieux payé, le ministre, et le moins bien rémunéré, le huissier, doit revenir de 1 à 9, comme dans le temps ». En corollaire, ajoute-t-il, il convient également de légiférer sur la composition et le volet budgétaire des cabinets ministériels.
Une autre préoccupation soulevée par le conférencier concerne « l’homme congolais lui-même ».
« L’État a le devoir de fournir une culture à ses citoyens en vue d’un changement des mentalités, et ceci passe par l’éducation et l’information, avant que la Justice ne puisse se saisir des infractions ».

Combattre les embouteillages

Pour Cheik Fita, Kinshasa la capitale est l’image du pays. À cet effet, pense-t-il, Il convient de rendre la ville propre et combattre les embouteillages, qui impactent la ville en termes de pollution et de pertes économiques occasionnées par la perte cumulée de temps pendant lequel des nombreux travailleurs traînent sur la route.
« La 7ème chose non pas à changer mais à réaliser est : servir et non se servir », dit Cheik Fita qui pose la question de savoir « pourquoi des centaines de milliers de personnes ont postulé aux élections du 20 décembre. Est-ce pour servir ou se servir ? »

« Le fonctionnaire ne va plus travailler, il va chercher »

De l’avis de l’orateur, aujourd’hui un fonctionnaire ne dit pas à sa femme qu’il s’en va au travail, mais « je vais chercher ». Tout comme le policier ne va plus au rond-point pour accomplir sa tâche. « Il faut s’y pencher ».
D’autres situations à corriger, selon le conférencier, ont trait à la nécessité de délivrer la carte d’identité aux Congolais, la lutte contre « la partitocratie » consistant à n’octroyer des postes qu’aux membres du parti alors que certains indépendants sont plus qualifiés et, enfin, la réhabilitation de la place de la commune comme entité essentielle aussi bien sur le plan administratif que financier.
L’assistance, qui a apprécié cette importante contribution à la modernisation de la RDC, a par ailleurs souligné le rôle de l’appareil judiciaire qui, jusque-là, pêche par sa léthargie, alors qu’en traquant l’infraction, elle pourra mieux contribuer à la réussite du mandat du président et empêcher la population de singer les mauvais comportements non sanctionnés.

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