Le président sortant de la République démocratique du Congo, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a déposé sa candidature le samedi 7 octobre au Bureau de réception et de traitement de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), confirmant ainsi son intention maintes fois exprimée.

Il l’avait en effet affirmé au cours de nombreuses déclarations auparavant, comme lors d’une interview exclusive accordée à notre éditeur, Victor Olembo Lomami, à Kinshasa le 9 novembre 2022. Cela s’est confirmé. Félix Tshisekedi sera bel et bien candidat à sa propre succession à la présidentielle de décembre 2023.

Le chef de l’Etat congolais a officiellement déposé son dossier de candidature au Bureau de réception et de traitement de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). L’opération est intervenue quelques jours après le congrès de sa famille politique, l’UDPS, qui l’a désigné comme candidat de cette formation politique. S’en est suivi celui de l’Union sacrée de la nation qui l’a également désigné comme son candidat unique pour briguer un second mandat à la magistrature suprême.

C’est dans une atmosphère de fiesta que s’est déroulée la cérémonie de dépôt du dossier, les militants des différents partis politiques membres de l’Union sacrée, vêtus de tee-shirts assortis pour la circonstance, ayant envahi les abords du siège de la Ceni, arborant des calicots multicolores chacun  aux insignes de son parti et entonnant des cantiques à la gloire de leur champion.

Entouré de tous les leaders de l’Union sacrée

Felix Tshisekedi était entouré de tous les leaders des partis alliés, sans exception. On a aperçu tout le gotha de la République reuni sur le périmètre : des présidents du Sénat et de l’Assemblée, Modeste Bahati et Christophe Mboso, au Premier ministre Sama Lukonde, en passant par les différents ministres du gouvernement national, sans oublier le gouverneur de la ville de Kinshasa Gentiny Ngobila.

Le spectacle tranchait diamétralement avec celui de 2018, où le candidat Tshisekedi, tel un pèlerin orphelin et sans beaucoup de conviction, était résigné à sillonner la RDC flanqué à peine de son unique allié de l’époque Vital Kamerhe, avec lequel il avait auparavant signé un accord de gouvernance à Nairobi, au lendemain de la rencontre de Genève, qui avait consacré le 11 novembre Martin Fayulu comme candidat unique de l’opposition et le retrait de la signature du candidat de l’UDPS.

Lors de son récent séjour dans l’espace Grand Katanga, Félix Tshisekedi s’était félicité de plusieurs réalisations sous son règne, presqu’une présentation du bilan de son premier mandat, notamment la gratuité de l’enseignement et des accouchements et soins du nouveau-né, ou encore l’assainissement des finances publiques, la construction des infrastructures, la consolidation de la démocratie en RDC et surtout le programme de développement des 145 Territoires, voulu comme une initiative visant à doter, par la base, l’ensemble du pays d’infrastructures scolaires, sanitaires et administratifs nécessaires à leur survie.

Parfaire le programme de développement national

La ville de Kinshasa, vue de Brazaville et ses chantiers en exécution. Image de la rdc

À cette occasion, il a poursuivi en déclarant vouloir briguer un nouveau mandat, convaincu qu’il restait beaucoup de choses à faire. « Je suis en train de m’activer à redresser ce pays, à lui redonner sa fierté et à le remettre sur les bons rails afin d’assurer son développement. Et je pense qu’un seul mandat ne suffit pas », avait-il confié à Onésha Afrika lors de l’interview exclusive de novembre 2022 susmentionnée.

Lors du dépôt de candidature, ses lieutenants se sont aussi montrés rassurants. Christophe Mboso, également membre du présidium de l’Union sacrée, a affirmé qu’ils n’ont peur de personnes à la présidentielle de décembre. « Nous n’avons peur de personne. Nous allons soutenir notre candidat, nous allons le soutenir et nous sommes convaincus que notre candidat va remporter haut la main cette élection », a fait remarquer le président de l’Assemblée nationale.

Au total vingt-quatre candidats se sont alignés au starting-block pour tenter de ravir le fauteuil de Felix Tshisekedi, parmi lesquels Augustin Matata Ponyo, Constant Mutamba, Adolphe Muzito, Noël Tshiani, Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Denis Mukwege et l’unique candidate, Marie-Josée Ifuku, alors que le dépôt des dossiers s’est clôturé le dimanche 8 octobre.

Denise Nyakeru : un atout de premier ordre

Mme Denise Nyakeru Tshisekedi dans ses diverses actions pour le pays (Image source : zoom-eco.net)

De même que l’on a vu Felix Tshisekedi sillonner l’Afrique en 2017-2018, flanqué de son épouse Denise Nyakeru pour la recherche de soutiens à sa candidature à la dernière présidentielle, de même, depuis son élection, la Première Dame de la République démocratique du Congo est omniprésente dans les secteurs sociaux, jouant un rôle d’atout majeur au cours du premier mandat de son mari.

Les diverses actions menées par la Fondation Denise Nyakeru Tshisekedi (FDNT) pourraient en effet, le moment venu, peser sur la balance. La fondation a été créée dans le but d’assister et de soutenir les populations les plus vulnérables.

À cet effet, la Première dame été au four et au moulin, allant jusqu’à crever l’écran dans ses efforts pour atteindre les objectifs de sa fondation. On l’a vue participer à la construction et la réhabilitation d’écoles, d’hôpitaux et d’orphelinats, mais aussi à la distribution de fournitures scolaires et de matériel médical essentiel.

Denise Nyakeru s’est également signalee dans la mise en place de programmes visant à promouvoir l’autonomisation économique des femmes congolaises, à travers des formations professionnelles, des initiatives d’entrepreneuriat et des programmes de microcrédit, dans le but d’améliorer la situation socio-économique des femmes a travers la RDC.

La Fondation Denise Nyakeru Tshisekedi s’est aussi investie dans la défense de la notion de Genre, particulièrement la lutte contre les violences sexuelles, mais également la protection de l’enfance. En collaboration avec des partenaires nationaux et internationaux, la fondation a mené diverses campagnes de sensibilisation pour mettre fin à ces pratiques surannées, alors que des centres d’accueil ont été créés pour offrir un refuge aux victimes des violences et aux enfants en situation de vulnérabilité.

Le Programme de bourses Excellentia

Certains observateurs pensent que c’est plutôt dans le Programme Excellentia, consistant à octroyer des bourses d’études à l’étranger aux meilleurs élèves de l’année, à savoir les plus méritants des lauréats des Examens d’État, que la Première Dame a surtout excellé. Trente-deux boursiers au total étudient dans diverses facultés des universités françaises après trois éditions en 2022.

Elle a compris que l’éducation comme la santé sont des piliers essentiels du développement d’un pays. En dehors des bourses Excellentia, la fondation a investi massivement dans la formation et la santé, en construisant et en rénovant des établissements scolaires, en fournissant des bourses d’études à des étudiants talentueux issus de milieux défavorisés, ainsi qu’en améliorant l’accès aux soins de santé de qualité à travers la construction et l’équipement d’hôpitaux.

Le rôle exemplaire de Mme Denise Nyakeru Tshisekedi, son engagement personnel ainsi que les actions menées par la Fondation Denise Nyakeru Tshisekedi sont ainsi venus sensiblement appuyer les différentes réalisations entreprises durant le premier mandat du Président Félix Tshisekedi.

Depuis l’avènement de son mari à la tête de la magistrature suprême, elle s’est montrée « une épouse engagée pour son mari » mais bien plus « une mère pour tous les Congolais, peu importe les différences d’opinions ».

Les boursiers du programme Excellentia, les filles mères, les femmes battues et plein d’autres catégories populaires telles que les personnes frappées par la drepanocytose (AnémieSS), entièrement prises en charge par sa fondation, peuvent témoigner des dispositions affectueuses et bienveillantes de la Première dame de la RDC. À ce titre, elle constitue une alliée précieuse et de premier ordre pour la réélection de Félix Tshisekedi.

Sondage : Tshisekedi caracole en tête

Image RFI Archive / RDC

À l’approche de l’échéance électorale qui va déterminer le prochain chef de l’État congolais, parmi les candidats en lice, un se démarque nettement des autres, à en croire plusieurs sondages réalisés par différents instituts. Il s’agit de FelixTshisekedi, l’actuel président de la République démocratique du Congo.

En effet, il bénéficie d’une large avance sur ses concurrents, qui découle de sa forte popularité auprès de la population.
Selon le sondage du Journal le Grand Œil réalisé le 11 septembre 2023 auprès de 15.100 électeurs inscrits, Félix Tshisekedi recueillerait 74% d’intentions de vote, soit un écart de 64 points par rapport à celui qui est ainsi considéré comme son principal rival, à savoir Moïse Katumbi, qui obtiendrait 10%. Martin Fayulu arriverait en troisième position avec 8,3%, suivi de loin par Augustin Matata Ponyo (0,8%), Delly Sesanga (0,3%) et Constant Mutamba (0,1%).

Ce sondage confirme la tendance observée par d’autres enquêtes, comme celle du Bureau d’études, de recherche et de consulting international (Berci), avec le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) et Ebuteli, qui donnait à Félix Tshisekedi 29% de bonnes opinions en décembre 2021, contre moins de 30% pour l’ensemble des autres candidats.

Des réformes qui ont séduit la population

La montée en puissance du président sortant s’explique, selon les analystes, par le fait d’avoir su capitaliser sur son bilan à la tête du pays, marqué par des réformes sociales et économiques appréciées par les Congolais, notamment les programmes de gratuité de l’en primaire et secondaire, la gratuité, du développement local dans les 145 territoires, le succès des IXèmes Jeux de la Francophonie organisés à Kinshasa en août 2023 ou encore la lutte contre la corruption menée par l’inspecteur général des finances Jules Alingete.

Il faut noter que Félix Tshisekedi bénéficie également du soutien de l’Union sacrée de la Nation, une large coalition politique qui regroupe des partis et des personnalités influentes de toutes les régions du pays, après s’être débarrassé de l’emprise du FCC, le regroupement de son prédécesseur Joseph Kabila.

Mais certains points sombres continuent de hanter son mandat. Parmi eux l’insécurité persistante dans l’est, malgré l’état de siège instauré en mai 2021. Mais aussi la dépréciation continue du franc congolais face au dollar américain, qui affecte le pouvoir d’achat des ménages.
Quoi qu’il en soit, Félix Tshisekedi semble bien parti, dans cette configuration, pour rempiler en vue d’un second mandat. À moins d’une catastrophe. Ce qui reste du registre du possible.

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