George Weah et Joseph Boakai vont bien s’affronter lors d’un second tour extrêmement serré, selon les résultats définitifs annoncés le mardi 24 octobre par la commission électorale.

Environ 7 000 voix séparent les deux premiers à la présidentielle au Liberia. George Weah a recueilli 43,83% des voix et Joseph Boakai, 43,44% lors du premier tour. Ces résultats viennent confirmer la tendance donnée par les résultats provisoires depuis une semaine. Seuls les résultats de quelques bureaux de vote dans les comtés de Nimba, Sinoe, et Montserrado étaient attendus, car les électeurs de ces zones ont dû revoter. 

Aucun des deux principaux candidats n’a donc pu réunir le nombre de voix nécessaires pour atteindre une majorité absolue. La course est désormais ouverte pour récupérer les voix des candidats éliminés au premier tour.

Sur les 18 outsiders, aucun ne dépasse les 3%. Le candidat en troisième position, Edward Appleton, est loin derrière les deux rivaux, avec seulement 2,2% des voix. Le second tour doit avoir lieu le 14 novembre. Pendant ce temps, chacun des candidats va devoir aller séduire les électeurs des petits candidats.

De nombreux Libériens déçus par le président sortant

George Weah, malgré sa grande popularité auprès de la jeunesse, a fait de nombreux déçus. Les conditions de vie des plus démunis ne se sont pas améliorées et la corruption a progressé sous sa présidence. Joseph Boakai, lui, a promis d’améliorer la vie des plus démunis, mais il a noué des alliances avec des barons locaux, notamment l’ancien chef de guerre Prince Johnson. Ce qui pourrait jouer en sa défaveur.

Selon la commission électorale, près de 114 000 bulletins ont été invalidés lors du premier tour. Une perte liée au manque de lisibilité de cette élection, estime le politologue Abdullah Kiatamba. « Le processus devrait être beaucoup plus simple et intuitif au second tour », affirme ce chercheur. Le taux de participation a été de 58,86%. Là aussi, il va falloir aller chercher les voix de ceux qui ne se sont pas déplacés au premier tour.

Des alliances avant le second tour

Le candidat Joseph Boakai (Source : theafricapaper.com)

George Weah et Joseph Boakai cherchent à former des alliances en vue du second tour qui les opposera et espérer ainsi l’emporter. La quête avait déjà commencé. L’ancienne vice-présidente d’Ellen Johnson Sirleaf a tendu la main aux petits partis, les appelant à former une grande coalition de l’opposition pour « sauver et redresser le Liberia ».

Le président sortant, George Weah est, quant à lui, resté plus discret. Mais en coulisses, il courtise aussi ces faiseurs de roi.
Arrivé troisième au premier tour, Edward Appleton, la grande surprise de ces élections, pourrait jouer un rôle d’arbitre au deuxième tour. Mais inconnu du public, le chef du parti du Mouvement populaire devrait peiner à consolider ses gains électoraux, estime l’écrivain Dounard Bondo. 

« Jouer les faiseurs de roi »

Les yeux sont donc tournés vers les autres prétendants : Lusinee Kamara, Alexander Cummings et Tiawan Gongloe, arrivés respectivement en quatrième, cinquième et sixième position. « Parmi tous les candidats, Lusinee Kamara est le plus à même de jouer le faiseur de roi. Le chef du Parti de la coalition du Liberia est à la tête d’une petite circonscription mais influente, composée majoritairement du peuple mandingue, dont la plupart sont musulmans. Ils constituent un électorat fidèle », analyse M. Bondo. 

« Tiawan Gongloe est également une personnalité importante. Il est connu pour son intégrité. Je le vois mal soutenir George Weah, parce qu’il est anti-système. Il fera plutôt le choix de ne soutenir personne. Il est également possible qu’Alexander Cummings lui emboîte le pas, car il a l’impression d’avoir été floué », ajoute l’écrivain.

L’homme d’affaires Alexander Cummings a dénoncé des irrégularités lors du scrutin du 10 octobre. Selon la commission électorale, plus de 6% des suffrages exprimés ont été déclarés nuls en raison d’erreurs sur les bulletins de vote. Un chiffre qui dépasse le total obtenu par tous les petits candidats réunis du premier tour.

Pour le deuxième tour, la balance pourrait pencher en faveur de Joseph Boakai. « Cummings a précédemment affirmé qu’en cas de défaite, il soutiendrait le candidat de l’opposition », renchérit M. Bondo, à propos du chef des partis politiques collaborateurs (CPP). « Il semble être un homme de parole ».

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