Depuis la pandémie de Covid-19, l’Unicef a observé une forte hausse des problèmes de santé mentale chez les enfants et les adolescents. Ce qui représente un réel problème de société.
Environ un ado sur sept souffre d’une maladie mentale et le suicide est la deuxième cause de décès chez les 15-29 ans dans le monde, alerte l’organisation. Ces chiffres inquiétants poussent à se poser la question de savoir pourquoi ces jeunes souffrent autant et surtout comment les aider. « 16,3% des enfants et jeunes entre 10 et 19 ans en Belgique souffrent d’un problème de santé mentale diagnostiqué selon la définition de l’OMS », indique encore l’Unicef.
Une maladie mentale se caractérise par « une altération majeure, sur le plan clinique, de l’état cognitif, de la régulation des émotions ou du comportement d’un individu. Elle s’accompagne généralement d’un sentiment de détresse ou de déficiences fonctionnelles dans le domaine important », définit l’OMS. Chez les adolescents, les causes principales de maladie mentale sont la dépression, l’anxiété et enfin les troubles du comportement.
« Entre la pandémie, la crise climatique et la guerre en Ukraine, les enfants sont exposés au quotidien à un climat difficile, ce qui joue sur leur équilibre psychique », explique Aude Caria, Directrice de Psycom qui ajoute : « Il faut aussi compter avec diverses formes de violence perpétuées à leur encontre : mal logement, cyber harcèlement, harcèlement scolaire, violences éducatives ordinaires, précarité, violences sexuelles, exposition aux images pornographiques ou fil d’actualité en continu … ».
De plus « certains adolescents risquent davantage de souffrir de troubles mentaux en raison de leurs conditions de vie, de la discrimination ou de l’exclusion, ou encore du manque d’accès à un accompagnement et à des services de qualité », souligne l’OMS.
En parler avec l’ado sans le juger
16,3% c’est le pourcentage de jeunes entre 10 et 19 ans en Belgique qui souffrent d’un problème de santé mentale. Parce qu’un trouble mental non-traité durant l’adolescence ne disparait pas comme par magie, compromettant ainsi son bonheur futur, « les conséquences de l’absence de prise en charge des problèmes de santé mentale chez les adolescents se prolongent à l’âge adulte, altérant la santé physique et mentale et limitant les possibilités de mener une vie épanouie sur le long terme », alerte l’OMS.
« Non traitées, les maladies mentales peuvent avoir des conséquences multiples : mauvais résultats scolaires, consommation de stupéfiants, comportements à risque, mauvaise hygiène personnelle, chômage, criminalité, etc. Autant de facteurs qui accroissent le risque de morbidité et de mortalité prématurée », explique le site canadien Brunet. Voilà pourquoi il est primordial de traiter un trouble dès qu’il fait son apparition.
75% environ des jeunes souffrant de dépression n’osent pas en parler, par peur d’être jugés ou rejetés, et ne sont pas pris en charge », a révèle la Fondation Jeunes en Tête. Il faut donc redoubler d’attention face aux indices annonciateurs. Parmi ceux-ci, on peut citer « une baisse drastique du rendement scolaire, des problèmes d’humeur, des changements importants dans les habitudes de sommeil ou d’alimentation, un détachement envers les amis et la famille, une perte d’intérêt envers ses activités préférées, un manque de concentration, la présence de problèmes physiques et le fait d’entretenir des pensées négatives ou suicidaires », explique encore Brunet.
S’il peut arriver à n’importe qui de se sentir irrité durant la journée à un moment ou un autre, la différence quand il s’agit de troubles mentaux est qu’ils ont tendance à durer des mois.
Aussi, de même qu’on a tendance à courir chez le médecin ou l’hôpital quand on se fracture une jambe ou qu’on attrape un vilain rhume, il devrait en être de même pour les blessures psychologiques. Elles aussi ont besoin d’être traitées pour que la personne puisse se sentir mieux.
Dans cette optique, discuter ouvertement avec l’ado de ses problèmes, quels qu’ils soient, et écoutez-le sans porter de jugement. Ensuite, si vous pensez que l’enfant souffre d’un trouble de santé mentale, trouvez immédiatement de l’aide auprès d’un professionnel. Car « une intervention précoce peut empêcher le problème de s’aggraver et atténuer son impact sur le développement de l’enfant », conseille Brunet.
En finir avec les idées reçues
Un cliché qui revient fréquemment est que le service du psychologue est réservé « aux fous ». Or c’est totalement faux ! « Si on a surtout l’impression que les psychologues ne traitent que les pathologies et troubles mentaux graves, en réalité, les problèmes psychologiques font partie de la vie de chaque être humain. Ils sont extrêmement communs, très répandus et souvent sous estimes », explique Psycholoque.net.
La preuve ? Les thématiques les plus couramment abordées durant les rendez-vous chez un psychologue sont : « les problèmes relationnels, les conflits dans le couple, les blocages divers, les émotions incompréhensibles ou qui submergent, les difficultés dans la parentalité, les difficultés à refermer des pages du passé, le stress, les problèmes liés à l’orientation sexuelle, le passage de moments difficiles de la vie (deuil, maladie, etc.) », écrit le site. Ainsi, ce qui est fou, c’est de penser que tous ces problèmes ne méritent aucune attention alors qu’il s’agit d’épreuves parfois extrêmement lourdes et difficiles à traverser, surtout si on reste seul.