Discours magistral du haut de la tribune des Nations unies, conférence de presse et contacts tous azimuts pour attirer les investissements en faveur de son pays, le président congolais Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo n’a pas raté la moindre occasion pour marquer sa présence à New York, où s’est tenue, du 17 au 22 septembre, la 78ème Assemblée générale de l’ONU.

C’est un président de la République démocratique du Congo particulièrement remonté qui s’est exprimé, le mercredi 20 septembre 2023, à la tribune des assises, lorsqu’il a délivré son discours pour convaincre ses pairs que le drame dans l’est de son pays a plus que trop duré et qu’il était naturellement indiqué que des sanctions soient prises face aux auteurs des crimes.

« La République démocra­tique du Congo réitère sa demande au conseil de sécurité de l’ONU de sanctionner toute personne phy­sique et morale reconnue comme auteure ou co-auteure et complice matériel ou intellectuel des crimes commis sur le territoire congo­lais », a martelé le chef de l’Etat congolais.

« Il est donc injuste et inadmissible que des personnes citées comme responsables restent impunies dans le silence total de notre orga­nisation et de ses membres », a déploré le président Tshisekedi, qui accuse le Conseil de sé­curité d’appliquer la politique de «deux poids deux mesures» dans la recherche des solutions dans dif­férentes crises dans le monde.

En effet, malgré le Rapport Mapping, en 2021, suivi de diverses publications d’experts des Nations unies sur les atrocités, particulièrement au Nord-Kivu et dans la province de l’Ituri, l’Organisation des Nations unies est curieusement demeurée muette et peu encline à se lever face aux nombreux crimes de guerre et violations manifestes des droits de l’homme tant décriés par les différents rapports, pourtant largement documentés.

Il était donc indiqué que le chef de l’État congolais monte au créneau pour dénoncer cette léthargie manifeste de la part d’une organisation vite en besogne lorsqu’il s’agit des atrocités, même mineures, opérées ailleurs dans le monde et, surtout, exprimer son étonnement face à l’impunité dont jouissent les auteurs – intellectuels et matériels – nommément identifiés des crimes dans l’est de la RDC.

Tshisekedi salue la fin de la coopération militaire Etats-Unis et Rwanda

Le président Félix Tshisekedi s’est par ailleurs réjoui de la sanction prise contre Kigali par Washing­ton, qui a mis fin à la coopération militaire avec le Rwanda, qui soutient les terroristes du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo. 

« Le gouvernement de la République démocratique du Congo salue chaleureusement les sanctions que vient d’infliger le gouvernement des Etats-Unis au Rwanda pour son soutien au groupe terroriste du M23 et à l’un de ses hauts responsables impliqué dans les aventures criminelles au Congo », a déclaré le président Tshisekedi avant d’encourager les autres membres de l’organisation mon­diale de suivre l’exemple des Amé­ricains.

L’occasion était propice pour le président Tshisekedi de rappeler que le Rwanda soutient le groupe terroriste du M23, qui ne respecte aucun des engagements conclus par les chefs d’État de la région dans le cadre des processus de Luanda et de Nairobi. Sous les applaudissements nourris, il a ajouté que le M23 exigeait « un dialogue qui ne leur sera jamais accordé ». Ce qui est on ne peut plus clair.

« L’accélération du retrait de la MONUSCO devient une nécessité impérieuse »

À la même tribune de la 78ème session des Nations Unies, le chef de l’État congolais a plaidé en faveur du retrait progressif de la Mission des Nations Unies en RDC (MONUSCO) à partir de décembre 2023. Tout en remerciant la communauté internationale pour son soutien, il a affirmé devant l’Assemblée générale, que ce retrait, « après plus de deux décennies de présence des troupes des Nations Unies », était une étape nécessaire pour la consolidation des progrès entrepris.

Pointant du doigt l’incapacité des missions de maintien de la paix déployées, sous une forme ou une autre, depuis vingt-cinq ans à faire face aux rébellions et conflits armés touchant la RDC et la région des Grands Lacs, « ni à protéger les populations civiles », le président congolais a affirmé qu’il était « illusoire et contre-productif de continuer à s’accrocher au maintien de la MONUSCO pour restaurer la paix en République démocratique du Congo et stabiliser celle-ci ».

À son avis, « l’accélération du retrait de la MONUSCO devient une nécessité impérieuse pour apaiser les tensions entre cette dernière et nos concitoyens ». Le projet de retrait échelonné, responsable et durable de la MONUSCO a été annoncé depuis 2018 et le plan de transition a été adopté en 2021, a-t-il rappelé.

Il a assuré que la RDC explorait de nouveaux mécanismes de collaboration stratégiques avec l’ONU, en intégrant les contingences actuelles, et a indiqué avoir instruit le gouvernement d’entamer des discussions avec les autorités onusiennes pour « un retrait accéléré » de la MONUSCO, en ramenant le début de ce retrait progressif de décembre 2024 à décembre 2023.
Le président Tshisekedi a également fait état d’un courrier adressé au président du Conseil de sécurité en date du 1er septembre 2023 sollicitant l’accélération de ce retrait. 

De même, le président congolais a invité la communauté internationale à revitaliser les approches du réchauffement climatique, déplorant le non-respect d’engagements pris en 2009. Il a souligné la volonté du continent africain, notamment à travers le Sommet africain sur le climat de Nairobi, de jouer un rôle clef dans la solution au réchauffement planétaire, avant d’appeler à la création d’un marché du carbone équitable. 

Pressant les États d’élargir le Conseil de sécurité et d’intégrer deux représentants du continent africain comme membres permanents, Felix Tshisekedi a précisé qu’une réforme de l’ONU serait indispensable mais insuffisante. 

Appel à la communauté internationale d’accompagner le processus pour des élections crédibles

Le président Félix Tshisekedi a profité de la tribune de l’ONU pour confirmer la te­nue des élections générales en RDC en décembre 2023. « Je voudrais confirmer une fois de plus qu’à la fin de cette année les élections gé­nérales seront organisées en Répu­blique démocratique du Congo dans les institutions à mandat électif jusqu’au niveau des communes. En vue de garantir leur succès, toutes les parties impliquées se mobilisent activement », a-t-il souligné.

« La CENI a déjà convoqué le corps élec­toral et publié les listes des candi­dats pour les législatives nationales et provinciales ainsi que les muni­cipales. Des dispositions sont prises pour assurer la transparence, l’in­clusivité, l’égalité des chances et la crédibilité des prochains scrutins », a-t-il renchéri avant d’annoncer:

« Les invitations ont déjà été lancées aux institutions internationales et organisations non gouvernementales spécialisées en la matière pour mandater leurs missions d’observation électorale, afin d’accompagner le processus et d’aider l’État congolais à consolider, sa jeune démocratie. L’ONU est invitée aussi à y jouer un rôle important par ses institutions spé­cialisées », a assuré le chef de l’État congolais.

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