Les Etats-Unis ont déroulé le tapis rouge et tous les fastes de la Maison-Blanche pour le Premier ministre indien Narendra Modi, au nom des intérêts stratégiques communs face au géant chinois.

On le sait, l’Inde est engagée dans un conflit frontalier avec la Chine, tandis que Joe Biden cherche à renforcer sa position dans la rivalité tous azimuts entre Washington et Pékin. Cette visite de deux jours, a connu une entame quelque peu cahoteuse, Narendra Modi arrivant avec une demi-heure de retard pour une visite de la Fondation nationale des Sciences, contraignant la “First Lady” Jill Biden à débuter sans lui.

Le dirigeant indien, qui a présenté ses excuses, s’est ensuite rendu à la Maison Blanche pour un dîner privé avec le couple Biden. Les Etats-Unis veulent que l’Inde soit un contre-poids stratégique face à la Chine, tandis que New Delhi ambitionne d’accroître son influence sur la scène internationale.

Narendra Modi s’est rendu cinq fois aux Etats-Unis depuis qu’il dirige l’Inde, mais cette visite est la première revêtant le plein statut diplomatique. Les deux dirigeants devraient discuter de la Russie et de l’Ukraine, à l’initiative de Joe Biden, alors que Washington est frustré que New Delhi ait conservé certains liens économiques et de défense avec Moscou, en dépit de la guerre.

De la question des droits humains et de la liberté d’expression

En 2020, un affrontement entre soldats indiens et chinois sur une frontière contestée près du Tibet a fait des dizaines de morts. À la même époque, les États-Unis font passer la Chine du statut de « concurrent stratégique » à celui de rival, voire de menace. New Delhi renforce alors ses liens avec Washington ainsi que le Japon et l’Australie, deux autres membres du Quad, cette alliance régionale relancée par Joe Biden pour faire pièce à Pékin.

Depuis, la coopération entre Washington et New Delhi dans les domaines de la sécurité et de la défense a considérablement augmenté – partages de renseignements, exercices conjoints dans l’Himalaya, près de la frontière chinoise. Avec la visite de Narendra Modi, Washington veut renforcer ses liens commerciaux, technologiques et militaires avec l’Inde. Une annonce pourrait être faite à cette occasion autorisant le géant US Electrics à produire des réacteurs d’avions de chasse en Inde, alors que New Delhi veut mettre fin à sa dépendance avec Moscou sur le plan militaire.

Au nom du rapprochement, les Etats-Unis semblent avoir mis en veilleuse les nombreuses accusations de violations des droits humains et de la liberté d’expression. À ce propos, Reporters Sans Frontières (RSF) a dénoncé les violations relatives en attirant l’attention des élus américains sur un récent amendement du gouvernement indien qui s’est octroyé le droit de décider la censure pure et simple de toute information qui lui déplairait sur Internet.

Malgré la satisfaction des Etats Unis, de gros contrats à la clé, de voir l’Inde, le pays le plus peuplé du monde, diversifier ses équipements de défense et observer une position réservée face à Moscou depuis l’invasion de l’Ukraine, Narendra Modi a appelé, dans son communiqué commun avec le président américain, à respecter « l’intégrité territoriale et la souveraineté » de l’Ukraine.

Quant aux relations économiques, le groupe américain Micron, poids lourd des semi-conducteurs, a annoncé un investissement de plus de 800 millions de dollars dans une usine en Inde.

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