L’Afrique est en train d’écrire le chapitre de sa page industrielle. De la raffinerie de pétrole d’Aliko Dangoté au Nigéria en passant par les usines de ciment CimFaso de El Hadj Moussa Koanda au Burkina Faso, l’industrialisation de l’Afrique est en marche.
L’Afrique veut faire entendre sa voix dans le concert des nations industrialisées. Petit à petit, les opérateurs économiques africains quittent la sous-traitance pour la transformation en produits finis. En effet, l’Afrique se trouve à l’extrémité inférieure de la chaîne de valeur mondiale, sa part dans la manufacture mondiale n’étant que de 1,9 % environ.
Les économies africaines demeurent trop largement tributaires des produits de base. Entre 2011-2013, les produits manufacturés représentaient seulement 18,5 % des exportations, tandis que 62 % de l’ensemble des importations étaient des produits manufacturés, un déséquilibre commercial qui dépouille le continent de ses richesses.
Cette situation est pire dans les pays où une conjugaison de contraintes structurelles et l’instabilité politique mettent en péril tout effort de diversification et de transformation économique pilotées par le secteur privé. Ainsi, la plupart des pays n’ont pas créé les emplois requis pour absorber ses nombreux jeunes, contraignant ainsi des centaines de milliers d’entre eux à s’exiler.
Pour exploiter les opportunités d’industrialisation qui se présentent à l’Afrique, il faudrait valoriser les produits nationaux, les produits de base agricoles et industrielles, et établir des liens en amont et en aval avec les chaînes de valeur régionales et internationales.
L’autosuffisance alimentaire, la priorité
Le défi actuel de l’Afrique en matière d’industrialisation est sans conteste l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire. Il faut à ce titre, mettre en place une chaîne de valeur et de solidarité entre les Etats africains afin de se soutenir mutuellement.
Au titre de cette priorité, la Banque mondiale a lancé six programmes phares devant accélérer l’industrialisation dans les secteurs ciblés, à savoir : promouvoir des politiques industrielles positives en fournissant aux gouvernements des services-conseils sur les politiques générales et une assistance technique, et en finançant des projets PPP clés.
Il s’agit aussi d’accroître les financements dans les projets d’infrastructure et d’industrialisation en augmentant et en acheminant les fonds vers des programmes stimulateurs du PIB (projets d’infrastructure et d’industrialisation par des opérateurs publics et privés, mais aussi de développer des marchés de capitaux liquides et efficaces.
La Banque mondiale compte également promouvoir et piloter le développement entrepreneurial, en facilitant l’accès au financement par l’expansion de lignes de crédit axées sur les PME, en fournissant une assistance technique aux institutions de développement des PME et renforcer les capacités des PME à travers des programmes de liaison avec les investissements du secteur privé.
Enfin, le projet veut promouvoir des partenariats stratégiques en Afrique par l’établissement de liens entre les entreprises africaines et les projets majeurs et des partenaires et investisseurs potentiels à travers des activités promotionnelles, notamment le Forum africain des investissements, mais aussi développer des niches industrielles, à travers une assistance technique et des financements pour la mise en œuvre et le suivi.
Doubler le PIB industriel d’ici à 2025
L’ambition de la Banque mondiale est de contribuer à doubler le PIB industriel d’ici à 2025 et permettre de porter son PIB industriel à 1,72 mille milliards USD, et son PIB général à 5,6 mille milliards USD, principalement par la dotation du secteur privé des moyens nécessaires pour conduire efficacement le processus d’industrialisation sur le continent.
Ceci devrait stimuler le développement du secteur tertiaire, réduire la dépendance de l’Afrique à l’égard des produits de base et contribuer par ailleurs à stimuler la croissance inclusive.
Au cours des dix prochaines années, la Banque facilitera un investissement cumulé de 56 mille milliards USD pour la mise en œuvre des six programmes d’industrialisation phares. Mais 2025 ne doit pas faire oublier l’agenda 2063 de l’Union africaine, qui accorde une grande importance au commerce dans les économies en développement comme puissant moteur de croissance économique.
En Afrique, les obstacles au commerce se sont traduits par une économie régionale fragmentée qui, avec le temps, a positionné l’Afrique sur le marché mondial du commerce en tant que fournisseur de matières premières en échange de produits manufacturés, ce qui rend insignifiante la part du continent dans le commerce mondial.
Les défis posés par la fluctuation continue des cours des produits de base et la valeur ajoutée limitée de l’Afrique à ses ressources naturelles rendent l’Afrique vulnérable aux chocs extérieurs.
Dans le contexte de l’Agenda 2063, l’UA a élaboré des cadres continentaux et des projets phares visant à ajouter de la valeur aux produits de base africains, à réduire et à éliminer les obstacles au commerce intra-africain et à créer un marché plus vaste pour les biens et services au sein de sa population de plus d’un milliard d’habitants.
Les initiatives de l’UA dans le secteur du commerce sont considérées comme essentielles pour stimuler les investissements et la mutualisation des ressources africaines, afin de renforcer la transformation structurelle et le développement des chaînes de valeur régionales, d’accroître les possibilités d’emploi, de renforcer la sécurité alimentaire par la réduction des barrières commerciales sur les produits agricoles et d’améliorer la compétitivité des produits industriels africains.