Trois ans après les décrets du Président Paul Biya octroyant un « Statut spécial » aux deux régions anglophones  du pays encore en proie à des velléités indépendantistes, voire sécessionnistes, la situation semble faire du surplace, voire empirer.

La décision de doter les zones anglophones du Cameroun d’une autonomie administrative voire financière, partait pourtant d’une bonne intention. En proie à des violences armées depuis de longues années, ces régions anglophones du Cameroun ont toujours cherché à s’émanciper de l’emprise qu’elles jugent étouffante du pouvoir de Yaoundé.

Les élites de ces zones revendiquent ouvertement une autonomie administrative et financière, voire politique vis-à-vis du reste du pays essentiellement francophone, dirigé de main de maître par le RPDC, le parti au pouvoir du Président Paul Biya.

Pour contrer ces velléités sécessionnistes, le Chef de l’Etat camerounais s’était résolu à convoquer un « Grand dialogue national » qui s’était tenu du 30 septembre au 4 octobre 2019, afin disait-on, « d’examiner les voies et moyens de répondre aux aspirations profondes des populations » du Nord-ouest et du Sud-ouest du pays.

Des promesses non tenues

Trois ans plus tard, des nombreux acteurs dans le pays estiment que le « Statut spécial » qui a découlé des assises nationales, présenté à l’époque comme une voie royale de sortie de crise, n’a pas produit les effets escomptés, en dépit de l’optimisme encore affiché par le pouvoir en place à Yaoundé.

Selon Simon Munzu, ressortissant du Sud-ouest et défenseur de la cause anglophone, le « Statut spécial » est tout simplement une « coquille vide ». A son avis, ce statut « propose une liste impressionnante des domaines dans lesquels les collectivités territoriales décentralisées sont appelées à exercer des compétences transférées », mais ne fixe   « ni un calendrier précis, ni une procédure claire à suivre pour le transfert effectif de ces compétences et des ressources connexes par le Gouvernement aux collectivités territoriales décentralisées ».

Pour d’autres analystes, ce « Statut spécial » ignore « les griefs fondamentaux relatifs à la marginalisation, à la domination, à l’assimilation, à l’assujettissement et à la prise de contrôle du territoire et des populations anglophones « . Entretemps notent les observateurs, la crise n’a fait que s’aggraver.

Des logiques criminelles et une économie de guerre est venue s’installer dans les régions concernées, rendant encore plus précaires la mise en œuvre du fameux « Statut spécial ». Selon un analyste, « ce qui aurait pu être une fenêtre d’opportunité pour régler définitivement une crise qui date des années 60,semble n’avoir été qu’un tour de prestidigitation ».

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