Au pouvoir depuis 1975, le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) a recueilli 51,17 % des voix. Dans ce pays, il n’y a pas d’élection présidentielle, la tête de liste du parti vainqueur des législatives étant automatiquement déclaré chef de l’Etat.
Le parti au pouvoir en Angola a remporté les élections législatives et, de fait, le mandat du président sortant, Joao Lourenço, est reconduit, aux termes des résultats officiels annoncés le 29 août.
À la tête du pays depuis son indépendance, en 1975, le MPLA a recueilli 51,17 % des voix, à en croire la déclaration faite par la commission nationale électorale (CNE) au cours d’une conférence de presse.
Le premier parti d’opposition, l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita), obtient quant à lui 43,95 %. « La CNE proclame Joao Manuel Gonçalves Lourenço président de la République », a déclaré son président, Manuel Pereira da Silva.
Promouvoir le dialogue
Après l’annonce des résultats, le président Lourenço a déclaré, au siège de son parti, à Luanda : « C’est un vote de confiance, qui nous confère l’immense responsabilité de promouvoir le dialogue et la concertation ».
L’opposition, pour sa part, avait contesté les résultats préliminaires qui donnaient déjà le MPLA vainqueur. L’Unita, qui dit avoir effectué son propre comptage, clame avoir obtenu davantage de voix.
Selon la législation en vigueur à Luanda, les partis avaient soixante-douze heures, après l’annonce des résultats, pour saisir la Cour constitutionnelle.
Mainmise totale du pouvoir sur le processus
Avec la mainmise du parti au pouvoir sur le processus électoral et les médias publics, l’opposition et une partie de l’opinion publique avaient évoqué des risques de fraude avant le scrutin. Les observateurs de l’Union africaine et de la Communauté de développement de l’Afrique australe avaient exprimé leurs « préoccupations », notamment à propos des listes électorales.
L’abstention a atteint 55 %, ce qui signifie que moins de la moitié des quelque 14,4 millions d’inscrits ont participé au scrutin, où huit partis étaient en lice.
La jeunesse, la nouvelle donne
Nous l’avons signalé, en Angola, la tête de liste du parti vainqueur aux élections législatives est automatiquement investie chef de l’État. Le MPLA, qui l’avait emporté en 2017 avec 61 % des suffrages, enregistre ici son plus bas score. En 2012, il avait rassemblé 71,84 % des votes.
Le MPLA conserve néanmoins la majorité au parlement, avec 124 sièges sur 220, mais perd la majorité des deux tiers qui lui permettait de passer des lois sans le soutien d’un autre parti.
Portée par un désir croissant de « changement » dans un pays riche en ressources naturelles mais plongé dans de graves difficultés économiques, l’opposition est plus forte que jamais.
Avec des promesses de réformes, de lutte contre la pauvreté et contre la corruption, le charismatique opposant a notamment séduit la jeunesse, une part grandissante de l’électorat. La génération née après la guerre civile, qui s’est terminée en 2002 après 27 ans d’affrontements et 500 000 morts, n’est plus aussi attachée que ses aînés au MPLA.
L’annonce des résultats survient au lendemain des funérailles nationales de l’ancien président José Eduardo dos Santos, mort à Barcelone, après 38 ans d’un règne autoritaire (1979-2017), entaché d’accusations de corruption et de népotisme.
Congo-Brazzaville : Le parti au pouvoir également déclaré vainqueur
Comme chez son voisin angolais, le parti au pouvoir en République du Congo a également remporté les élections législatives tenues le 10 juillet. Le Parti congolais du travail (PCT) du président Denis Sassou Nguesso a obtenu la majorité des 151 sièges du parlement, selon les résultats officiels provisoires, immédiatement contestés par l’opposition.
Le PCT, qui disposait déjà de 101 sièges dans l’assemblée sortante, a obtenu 103 élus, a déclaré vendredi le ministre de l’Administration du territoire, Guy-Georges Mbaka, à la télévision nationale, sans préciser le taux de participation, qualifié de « très faible » par les observateurs, notamment dans les deux principales villes, Brazzaville et Pointe-Noire.
Le parti au pouvoir pouvait encore se targuer de quelques sièges supplémentaires au second tour, en ballotage, pour le second tour et qui concernait 27 sièges à pourvoir.
Quant aux alliés de la majorité, dont le Rassemblement pour la démocratie et le progrès social (RDPS), le Mouvement pour l’Action et le Renouveau (MAR) ou encore le Club 2002-PUR (Parti pour l’unité et la république), ils ont raflé 13 sièges.
« Un parti rassembleur »
« Le PCT a encore gagné parce que c’est un parti rassembleur, qui ne connaît pas de problèmes ethniques », s’est félicité Serge Ikiemi, l’un de ses élus. Un argument contesté par l’indépendant Vivien Manangou, candidat malheureux à Pointe-Noire, qui dénonce que « ces résultats ne sont pas du tout sortis des urnes. C’est la somme des mathématiques et arithmétiques des commissions locales ».
L’Union panafricaine pour la Démocratie sociale (UPADS, premier parti d’opposition) s’en sort avec quatre députés dont son leader Pascal Tsaty Mabiala. L’Union des Démocrates humanistes (UDH-Yuki) du défunt opposant Guy-Brice Parfait Kolélas n’obtient que deux élus, tandis que le parti « la Chaîne » de Joseph Kignoumbi Kia Mboungou ne se contente que d’un siège.
La Coalition de la société civile « Tournons la page » affirme avoir constaté des « tricheries, des fraudes et des scènes de corruption à ciel ouvert », appelant les autorités à organiser des états généraux de la démocratie.