Après plus d’une décennie de rupture, Israël et la Turquie ont annoncé, le mercredi 17 août, le rétablissement complet de leurs relations diplomatiques et le retour des ambassadeurs dans les deux pays.
« Un atout important pour la stabilité régionale, et de nouvelles opportunités économiques pour les citoyens d’Israël », a immédiatement réagi le Premier ministre israélien, Yaïr Lapid, dans un communiqué, après la reprise des relations diplomatiques entre son pays et la Turquie.
Il s’agit d’une reprise complète des relations diplomatiques au plus niveau entre les deux pays, après douze années de froid et un certain nombre d’incidents. Avec, notamment, la réouverture de leurs ambassades et consulats.
Cela devrait contribuer à approfondir les relations entre les deux nations et renforcer les liens, économiques, commerciaux et touristiques, souligne un communiqué commun.
Les relations diplomatiques entre Israël et la Turquie s’étaient détériorées en 2010, lorsque la marine israélienne avait arraisonné en Méditerranée le Mavi Marmara, qui tentait de rallier Gaza dans le cadre d’une flottille de la paix.
Côté israélien, on se félicite de la reprise des relations. C’est un atout important pour la stabilité régionale et une très bonne nouvelle économique, a déclaré M. Lapid.
Ankara ne décolère pas sur la question palestinienne
Mais la Turquie n’a pas pour autant l’intention d’abandonner la cause palestinienne, a souligné le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu. Dans la foulée de l’annonce du rétablissement des relations, il s’est empressé de le rappeler:
« Nous continuerons de défendre les droits des Palestiniens, de Jérusalem et de Gaza. Les messages de la Turquie par rapport à la question palestinienne « seront transmis directement via l’intermédiaire de l’ambassadeur », assure-t-il.
Il faut dire que le président turc, Recep Tayyip Erdogan, est un défenseur de la cause palestinienne. Il a souvent critiqué les politiques d’Israël envers les Palestiniens, il maintient des liens avec le Hamas – hébergeant certains de ses hauts responsables – et, il y a un peu plus d’une semaine, la Turquie condamnait fermement les raids israéliens sur Gaza, notamment ceux causant la mort de civils et d’enfants.
Mais ce nouveau chapitre des relations diplomatiques avec Israël, bien qu’attendu par la plupart, n’est pas vu d’un très bon œil des Palestiniens. Sur les réseaux sociaux, ceux qui s’expriment critiquent Ankara, précisant que ce dégel des relations prouve quelles sont les priorités turques dans l’équation.
Cependant, peu de Palestiniens s’intéressent réellement à cette nouvelle. « Nous n’espérions pas grand-chose, mais nous demandons à voir », confie un habitant de Ramallah.
Le Hamas, de son côté, n’a pas tardé à réagir: « Toute normalisation avec l’occupant israélien est une légitimation de leur présence sur nos terres », affirme Basem Naim, un des cadres du mouvement au pouvoir dans la bande de Gaza. « Nous attendons des pays arabes, musulmans et nos amis d’isoler Israël et de mettre la pression pour que les droits légitimes des Palestiniens soient respectés », ajoute-t-il.