Tout le gotha communicationnel de la République démocratique du Congo était à Bruxelles, le 8 novembre 2021, devant la presse internationale, pour dresser l’état des lieux de ce pays, mais surtout, de retour de la COP26, exposer les atouts dont dispose la RDC pour la survie de la planète terre, frappée de plein fouet par le dérèglement climatique.
Le ministre congolais chargé de la Communication et des médias, M. Patrick Muyaya Katembwe, qui avait à ses côtés le ministre du Tourisme Modero Nsimba ainsi que le porte-parole du chef de l’État, M. Tharcisse Kasongo Mwema, et le Directeur de la Presse présidentielle, Eric Nyundu, a commencé par exposer l’état sécuritaire du Congo où l’état de siège, en vigueur dans deux provinces de l’est, a permis la réappropriation de la situation qui échappait à Kinshasa et ainsi d’assurer un suivi plus étroit.
Au cours de cette conférence de presse tenue au Press Club Brussels Europe, M. Muyaya a tenu à relever que même si il y a encore des poches de résistance, la Société civile des provinces concernées, à savoir l’Ituri et le Nord-Kivu, reconnaît, pour sa part, que ce qui a été réalisé en deux mois sur le terrain n’a jamais été fait en dix ans.
Il a rappelé que ce dispositif constitutionnel a été activé par le président de la république, Felix Antoine Tshisekedi Tshiombo, du fait qu’il y a eu trop de morts et que l’écosystème du milieu était totalement détruit.
Aujourd’hui, a expliqué le ministre Muyaya, on assiste à une véritable reprise en mains, qui permet de croire à une solution rapide, de même qu’elle a conduit à une amélioration sensible des rapports entre l’État et la MONUSCO.
Dans le même cadre, un programme DDRS (Démobilisation, désarmement et réinsertion sociale) a été mis en place pour reverser les anciens belligérants dans la vie civile, alors qu’avant, ceux-ci étaient incorporés dans l’armée, avec tous les problèmes que ce système a engendrés.
La RDC comme solution au dérèglement climatique
Le clou de l’événement a incontestablement été la réaffirmation par le porte-parole du gouvernement congolais, devant la presse internationale, de l’annonce faite par le président Félix Tshisekedi au sommet sur le climat à Glasgow, selon laquelle la RDC se positionnait comme « pays solution », face aux catastrophes meurtrières et autres effets dévastateurs qui se multiplient à travers le monde, du fait d’une météo devenue peu clémente et très délétère.
À ce sujet, le ministre de la Communication est revenu sur la participation congolaise proprement dite à la COP26, sommet sur le climat ayant reuni tous les grands du monde à Glasglow, en Écosse, du 1er au 14 novembre 2021, et qui a permis au chef de l’Etat Tshisekedi de faire valoir les immenses potentialités que recèle le pays en matière de lutte contre le gaz à effet de serre, a-t-il expliqué.
C’était donc l’occasion solennelle choisie par le chef de l’État et président en exercice de l’Union africaine pour présenter la RDC comme « pays solution » à l’épineux problème mondial du réchauffement climatique.
Pour M. Muyaya, le Congo avait toujours été considéré comme un pays à problème. Mais à l’occasion de ces assises, Il s’est dégagé un « changement de narratif ». « Nous pensons ainsi détenir la solution pour permettre à nos populations de trouver la contrepartie de leurs efforts », a-t-il souligné.
Il en est de même en ce qui concerne la transition écologique qui, a-t-il expliqué, passe par le cobalt et le lithium. « Ici aussi, nous pensons nous positionner et répondre au défi de pays solution en la matière », a poursuivi M. Muyaya.
Il a fait remarquer que pour les populations congolaises, l’urgence n’est pas le climat, mais elles ont un devoir de solidarité. En contrepartie, des négociations sont en cours pour rétribuer la participation de la RDC dans l’effort général de protection de la nature.
Dans ce cadre, le chef de l’État congolais, en sa qualité de président en exercice de l’Union africaine, a présenté un cahier de charges de 48 milliards de dollars en faveur de l’Afrique et les négociations se poursuivent pour déterminer la contrepartie à réserver pour la contribution des forêts tropicales.
CENI: « Il fallait un interlocuteur pour respecter le délai constitutionnel »
Au chapitre des élections, le ministre de la Communication et des médias est revenu sur les péripéties qui ont conduit à la désignation du président de la Commission électorale nationale indépendante, estimant qu’il fallait déverrouiller le processus afin de pouvoir respecter le délai constitutionnel pour l’organisation des scrutins.
« Nous savons qu’il n’y a pas eu consensus, mais nous savons aussi qu’un homme ne peut non plus à lui tout seul s’accaparer du processus électoral ».
Aussi, le porte-parole du gouvernement a assuré que l’État continue de compter sur l’Église, qui sera toujours son partenaire sur la question des élections, conformément à l’accord-cadre en la matière.
Il a par ailleurs fait savoir qu’un projet est sur la table du ministère du Plan afin de fusionner les trois organisations concernées par le recensement et les élections, à savoir la CENI qui est chargée du fichier électoral, l’ONIP commis à l’identification et l’INS auquel est dévolu le recensement de la population.
Mais il a tenu à rassurer que le recensement ne conditionne pas les élections. « On peut coordonner et tenir les deux processus séparément, mais il y a le fichier à refaire. Raison pour laquelle le gouvernement avait besoin d’un interlocuteur à la CENI ».
On ne peut pas dire aujourd’hui que le processus est vicié simplement parce que deux confessions religieuses ne sont pas d’accord, de l’avis du porte-parole du gouvernement, qui croit qu’il y a moyen de construire le consensus étape par étape et, à la fin, arriver à un accord général.
D’autres sujets abordés au cours de la conférence de presse ont porté notamment sur la décision du gouvernement de doter les citoyens de cartes d’identité, sur les efforts de l’Exécutif congolais pour lutter contre le Covid-19, sur la modernisation de la radiotélévision nationale ainsi que sur les états généraux de la presse, initialement programmés au 18 novembre mais repoussés à la fin de l’année 2021.
Les importants atouts de la RDC pour la transition énergétique
C’est pratiquement depuis plus d’une dizaine d’années que la République démocratique du Congo est au cœur de la transition énergétique mondiale, sans parfois que l’on s’en rende réellement compte, ou qu’on n’en mesure la portée exacte.
La RDC, en effet, fournit 50 % de la demande mondiale de cobalt, la majeure partie n’étant d’ailleurs pas déclarée à l’État. Aussi, il est plus que temps que ce pays restructure son économie en général et son secteur minier en particulier. Et ce n’est pas tout. La RDC est également un acteur clé pour d’autres métaux essentiels à la transition énergétique et numérique.
Depuis également près de dix ans, on assiste à la flambée du prix du cobalt en raison de la demande mais aussi de la guerre de positionnement que se livrent les multinationales de la mobilité électrique et les géants du numérique pour l’acquisition de cette matière première, indispensable principalement pour la fabrication de batterie électrique.
Les autres atouts
En dehors du cobalt, on ne peut non plus omettre que la RDC est assise sur d’importants gisements d’or et de cuivre autant recherchés par les nouvelles versions des automobiles.
Étant donné que l’industrie automobile traditionnelle est appelée à faire faillite dans les cinq années à venir, selon les prévisions des spécialistes du secteur, il est impérieux que la RDC maximise ses chances dans ce domaine pour assurer, enfin, son décollage. Définitivement.
Face aux enjeux mondiaux et compte tenu du flou entretenu dans l’orchestration du secteur minier, il est intéressant de noter que le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo n’a pas hésité un seul instant à redistribuer les cartes, longtemps acquises souvent de manière totalement opaque. La revisitation du Code minier congolais procède de cette préoccupation.
Les entreprises minières engrangent d’énormes bénéfices sur l’exploitation des ressources. Aussi était-il normal que le pays puisse en tirer également des revenus conséquents.
Les pays occidentaux excellent d’ailleurs dans cette pratique, grâce à la taxation à outrance des géants du numérique – Facebook, Google et autres – qui paient aux États des montants pouvant donner le tournis.
Une amende record de 5 milliards de dollars à Facebook
Pas plus tard que le 10 novembre 2021, l’Union européenne a validé l’amende de 2,4 milliards d’euros infligée à Google pour « pratiques anticoncurrentielles sur le marché des comparateurs des prix ». Pour sa part, Facebook, lui, s’est vu condamné au paiement record de 5 milliards de dollars en 2019 par l’agence américaine de protection des consommateurs et 60 millions d’euros en octobre 2021 par l’autorité britannique de la concurrence.
En RDC pendant temps, il est recommandé au gouvernement de prendre aussi des mesures contre les mines artisanales, employant souvent des enfants, qui représentent 20 % de l’extraction. En effet, dans le cadre des nouvelles règles de transparence, les grands acheteurs mondiaux mettent en place des outils de surveillance de leur chaîne d’approvisionnement, notamment à travers la blockchain, et pourraient finir par se détourner du pays.
Des multiples écueils à lever
Kinshasa devrait s’employer à lever les nombreux blocages qui contribuent à entraver ses efforts de développement, aussi bien sur les plans juridique, infrastructurel qu’humain.
Dans l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de la lutte contre le réchauffement climatique, la République démocratique du Congo possède une autre carte à jouer dans sa manche pour la survie de la planète. Ce pays regorge d’énormes potentialités environnementales, surtout – comme nous l’avons relevé – en matière de massifs forestiers et de ressources hydrauliques.
La RDC dispose d’une vaste forêt équatoriale et de nombreuses tourbières, capables de retenir d’importantes quantités de CO2. À cela il convient également de mentionner que c’est le pays où coule le deuxième plus puissant fleuve du monde, alors qu’il présente un fâcheux déficit énergétique qui handicape gravement son décollage.
D’autres écueils à lever rapidement concernent le climat des affaires, mais aussi les tracasseries administratives et la corruption, restée endémique malgré les efforts déployés par la désormais célèbre IGF (Inspection générale des Finances), grâce à la perspicacité de son Directeur général Jules Alingete.