Accueil Économie La Banque des États d’Afrique centrale pour endiguer l’inflation dans la zone

La Banque des États d’Afrique centrale pour endiguer l’inflation dans la zone

Le Sommet extraordinaire de la CEMAC en 2013 (Image d’archive :unmissions.org)

Alors que l’inflation a dépassé les 5% en 2023 dans la zone Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) et qu’elle érode fortement le pouvoir d’achat des populations, la Banque des États d’Afrique centrale (BEAC) tente d’agir pour maîtriser le phénomène.

La BEAC, pour ce faire, met en action un nouvel outil disponible de son portefeuille depuis 2023. L’objectif est de casser le phénomène de surliquidité dans la zone, devenu structurel et qui contribue à l’inflation.
Alors que pendant la période Covid-19, la BEAC avait dû injecter des liquidités, environ 500 milliards de FCFA, aujourd’hui la situation est inverse.
Les banques disposent de « liquidités oisives ». Elles préfèrent stocker ou investir dans des obligations du Trésor au long cours, souvent par crainte de perdre leurs investissements (projets non contrôlés, climat des affaires délétères, risques de troubles).
Pour lutter contre cela, la BEAC a réalisé en janvier une première émission de bonds à destination des banques privées afin qu’elles confient 25 milliards de leurs liquidités à la Banque centrale. Une première initiative peu suivie, car seuls 9 milliards ont été réunis.

Deux émissions pour atteindre l’objectif fixé

Suite à une nouvelle analyse de la situation, la BEAC a réitéré cette opération début mai. Cette fois, l’objectif est quasiment atteint : sur les 50 milliards de francs CFA visés, 47 milliards ont pu être prélevés. La preuve que l’outil fonctionne, selon un haut cadre de la Banque. Cet instrument adopté en 2023 prévoit l’émission de bonds d’une maturité de 14 à 28 jours rémunérés respectivement à un taux de 2,5 et 3,5%. Il vient compléter ceux déjà à disposition de la BEAC tel que celui de l’ajustement des taux directeurs ou la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale.
À terme, la BEAC souhaite ainsi retirer 150 milliards de FCFA via une série d’émissions afin de mener à bien sa mission : assurer la stabilité monétaire de la région.

Un bilan mitigé pour les 30 ans de la CEMAC

La Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale fête ses 30 ans. Pour célébrer l’évènement, une cérémonie avait été organisée le samedi 16 mars, à Bangui, la capitale centrafricaine.
Faustin-Archange Touadéra, président de la RCA, mais aussi président de la Conférence des chefs d’État de la Cemac, y a prononcé un discours pour évoquer le bilan de l’intégration régionale, un bilan très mitigé.
C’était il y a trente ans, jour pour jour, à N’Djamena, au Tchad, six pays d’Afrique centrale (Cameroun, République centrafricaine, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale et Tchad) fondaient la Cemac pour accroître les échanges et harmoniser les règles douanières.
Depuis, le temps a passé et force est de constater que la Cemac fait face à de nombreuses difficultés. Certains parlent de l’organisation comme d’une union purement administrative.
Si des mesures sont prises pour assurer la libre-circulation des biens et des personnes, comme la mise en place d’un passeport communautaire en 2017, dans les faits les choses sont plus compliquées.

Difficile application des décisions

La limitation des pouvoirs des institutions sous-régionales rend difficile l’application des décisions, un phénomène amplifié par le manque d’infrastructures routières et électriques, notamment, empêchant ainsi de relier de manière effective les pays entre eux.
Résultat, la Cemac est l’un des blocs économiques les moins intégrés du continent. Ses membres commercent, à 80%, avec l’extérieur comme la Chine, la Russie ou encore l’Europe, mais seulement à 4% entre eux. L’intégration régionale, pourtant inscrite dans les textes de l’organisation, est donc encore lointaine.
Parmi les prochains chantiers qui attendent la Cemac, le plus important est sans doute celui des treize projets intégrateurs qui incluent des routes, ponts ou encore des infrastructures électriques. Ils doivent permettre de mieux connecter les pays membres entre eux.
En novembre dernier, à Paris, les responsables de l’organisation annonçaient avoir levé plus de 9 milliards d’euros pour les mettre en œuvre.

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